Entrée percutante sur la scène du rap genevois pour Renard_gnv avec son tout premier EP Loguetown. Trois sons marquants qui naviguent entre sincérité et punchlines engagées. EPIC a pu discuter avec le rappeur de son parcours, de ses ambitions et de ses nombreux projets futurs déjà bien concrets.
Pour commencer, peux tu nous parler un peu de ton parcours ? Qu’est ce qui t’as amené à la musique puis au rap ?
Je dirais qu’il y a un héritage familial, dans le sens où toute ma famille fait de la musique, de mes parents à mes frères, donc je m’y suis mis très tôt. J’ai fait partie d’un groupe de reggae en tant que pianiste quand j’avais 13-14 ans et ai également mixé dans un sound system. Puis, vers mes 15 ans, je me suis mis à écrire lorsque j’écoutais du rap. Pendant longtemps je faisais des morceaux dans ma chambre et imaginais des projets que je ne sortais pas car je manquais de structure. Depuis septembre 2022, je travaille sur plusieurs projets et je me lance pour sortir des choses concrètes. Désormais, je me trouve à un stade où je suis content de ce que je peux produire et suis prêt à sortir publiquement un produit pour le laisser à vie disponible.
Quelles sont tes influences musicales ?
Au tout début, j’ai écouté du rap qu’on peut nommer « rap conscient » avec des groupes et artistes précurseurs comme la Fonky Family, IAM, Keny Arkana ou avec des groupes locaux comme Le cercle collectif (LCC) et La K-trième dimension. Par la suite, un ami m’a fait découvrir la rime multi-syllabique, technique que j’ai pu poncer en long et en large à travers notamment l’écoute du premier projet de Caballero (Laisse nous faire Vol. 1), toute l’école du Gouffre de Bruxelles ou encore de Grünt, qui est un média de rap francophone.
Actuellement, mes influences vont de Limsa à PNL en passant par Isha et Nepal. Ça m’arrive d’écouter cinq à six heures de musique par jour pour découvrir tout ce qui sort, que ce soit le rap français, américain, anglais, belge et suisse. Parmi mes influences locales, il y a en tout premier lieu Esras LCC qui est un de mes meilleurs amis, mon mentor et manager de l’ombre, Alien (ex Zinz), Geule Blansh, Kenzy, Daej Phantom ou encore Mairo qui sont des rappeurs genevois auxquels je m’identifie musicalement. Il y a encore évidemment toute l’école locale plus ancienne qui m’a influencé, de Marekage Streetz aux Petit Boss en passant par M.A.M. Rox ou encore Ikar.
Ton premier EP Loguetown vient de sortir, qu’est-ce que tu peux dire de ce premier projet et est-ce que tu pourrais expliquer ce terme ?
Loguetown est une référence à One Piece, est un manga que je lis depuis que je suis petit avec mes frères. C’est l’histoire d’un équipage de pirates, Loguetown est l’île avant la route de tous les périls. Ça représente donc la première étape avant de commencer sérieusement un périple – périple musical dans mon cas. Cet EP de trois titres, sans clips, est un projet plutôt éclectique dans les propositions artistiques avec un sens du texte et une authenticité voulue. C’est un premier crash test ou je dévoile les premiers sons que je veux sortir. Il y a des choses que j’estime mieux que je garde pour la suite.
Est-ce que tu peux expliquer en quelques mots ton processus créatif et comment tu es entouré ?
Mon processus créatif est assez instinctif. Tout d’un coup, je peux avoir de l’inspiration, le plus souvent le soir. J’ai vécu une rupture qui m’a remis dans la musique et dans l’écriture. Je vois ce processus plutôt comme un exutoire. Il y a pas de ligne directrice. Souvent c’est simplement : j’ai de l’inspiration, je cherche une prod’ et j’écris dessus. Au niveau artistique, j’envoie mes sons avant leur sortie à des proches qui ont un bon sens critique, mais sinon, je fais quasiment tout tout seul. Mon ingé son OscioPak, qui a donné un peu la couleur musicale du projet (bien que les prods ne viennent pas de lui), me donne aussi beaucoup de conseils.
Concernant la prod, j’utilise BeatStars, plateforme qui permet d’acheter des prods en ligne et parfois je bosse avec Dyd, ami et beatmaker de talent. Récemment, j’ai commencé à voir une manager Groover Club, une plateforme parisienne pour artistes indépendants pour m’aiguiller dans ma promo. Enfin, sur scène, je suis souvent accompagné de mon entourage musical de toujours, l’ancien Collectif 37neuf avec qui je collabore musicalement : O’malley, Lablatte, Oben, Adriano Ho Gee et TRI.
Comment le rap est lié à ton activisme ? Comptes-tu sur le rap comme espace de revendications ?
Par le passé, le rap était généralement résumé à devoir être conscient, être politique. Je pense que depuis le début ce n’est pas le cas. Le rap a été créé dans le Bronx dans les années ’70 par des noirs prolétaires. Ceci dit, pour moi il ne doit pas nécessairement être engagé, c’est un art comme un autre, il n’a pas besoin d’être seulement ça.
Personnellement ça fait plus de 10 ans que je me pose des questions politiques et que je suis engagé dans divers collectifs militants d’extrême-gauche. C’est forcément des choses qui vont se retrouver dans mes textes parce que ça berce mon quotidien et mes pensées mais je fais aussi des morceaux où j’en parle pas du tout et ça me va très bien. Le rap doit garder un certain charme et une certaine esthétique, et selon moi, ça ne doit pas devenir un exposé politique.
Étant donné que j’ai un travail à côté du rap, je ne compte pas là-dessus pour faire de l’argent. L’idée à long terme, si je gagne de l’argent avec le rap, serait de le réinvestir dans la révolution. Toute exposition que je peux avoir à travers cette activité, j’aimerais l’utiliser pour les luttes de classe, décoloniales, intersectionnelles.
Quels sont tes projets ou des idées pour la suite ?
J’ai déjà quasiment intégralement enregistré mon prochain projet de cinq titres qui sortira en octobre 2024. Je travaille en ce moment sur leur promotion, les clips et le mix. Ce sera un EP boom bap (rythme 90 bpm), style qui a exercé une grande influence sur moi. Ce n’est pas ce qui se fait le plus en ce moment mais je pense que c’est un style qui est intemporel et qui revient à la mode de manière cyclique.
Au printemps 2025, je prévois de sortir un projet cinq titres, principalement orienté trap, qui sera accompagné de trois clips plus conceptuels à plus gros budget. J’ai déjà planifié un projet de dix titres qui sortira quant à lui en automne 2025.
Le premier album sortira quand j’aurais vraiment trouvé ma patte artistique, peut-être quand je travaillerais avec un ou deux producteurs en particulier et que je saurais vraiment ce que je veux raconter dans cet album. Pour le moment, j’avance une étape après l’autre. Ce qui est sûr c’est que ce n’est que le début !
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