Depuis le début de l’année, le Bar La Bretelle accueille une fois par mois une scène ouverte invitant toute personne à se produire sur scène, quel que soit le résultat. Proposées par Alix avec l’aide de son acolyte Glouglou, ces soirées visent à encourager l’expérimentation dans une ambiance bienveillante. Prochaine édition prévue ce jeudi 20 juin dès 19h30.
Salut Alix, tu organises une fois par mois une scène ouverte à La Bretelle, quel est le concept de cet événement ?
Le but est d’offrir un espace où l’on ne réfléchit pas à la qualité de ce qu’on va faire. On essaye de laisser toutes nos attentes – vis-à-vis de nous-même et des autres – sur le pas de la porte. On monte sur scène, on fait quelque chose… et voilà. Tu viens simplement comme tu es. Tout type de proposition est le bienvenu, contrairement aux soirées stand-up, très codifiées, où le but de la personne est de susciter le rire parmi son audience. À l’image de mon flyer tout moche réalisé vite fait avec Canva, ces scènes ouvertes se veulent être une « ambiance décomplexée pour se foirer avec amour ».
D’où t’est venue l’idée de monter ce projet à Genève ?
J’ai découvert ça – très cliché mais c’est vrai – lors d’un séjour de quelques mois à New York en 2019. Un jour, je me suis retrouvé au fin fond d’un bar de Bushwick entouré de quelques personnes plutôt funky qui montaient sur scène à tour de rôle. J’ai trouvé que ce qui était produit était vraiment incroyable, il y avait une totale liberté dans ce que tu pouvais faire.
En Suisse, on entretient une culture de la perfection, on a de la peine à prendre des risques sans être en totale maîtrise de la situation. Or, pour moi, cette maîtrise est justement contraire au processus créatif ! Il faut oser se rater et être en confiance pour cela.
J’ai co-organisé une première scène ouverte au Centre culturel des Grottes en 2022 avec une amie, et j’ai lancé le projet pour de bon à la Bretelle en début d’année 2024, en collaboration avec Christian (a.k.a Glouglou), en charge d’événements à la Bretelle.
Au-delà d’initier le projet, joues-tu un rôle sur scène lors de ces scènes ouvertes ?
J’occupe avant tout une posture de présentateur. Au début, j’énonce en quelques mots le principe de la scène ouverte et les règles de passage. Je réalise ensuite une petite impro pendant quelques minutes pour lancer le truc. Mon objectif est de créer une ambiance qui mette les gens en confiance, mais sans en faire trop non plus, afin de donner envie de monter sur scène.
En général, après mon introduction, il y a une ou deux personnes du public qui viennent sur scène. On fait un petit entracte, puis on a de nouveau deux et ou trois personnes qui passent, etc. Je monte aussi en tant que participant une fois dans la soirée, de même que Glouglou. Au total, cela donne entre 30 et 45 minutes de présence sur scène.
Quatre scènes ouvertes ont été organisée jusqu’à présent. Quels types de propositions ont eu lieu sur scène ?
Les propositions sont variées ; parfois c’est drôle, parfois c’est touchant, parfois c’est les deux ! On a eu de la lecture de poème, du stand-up, des contes improvisés, des irruptions de folie. Des numéros de clown et de ventriloque, de la musique. Un jour une personne est passée sur scène simplement pour raconter une tranche de vie.
Comment encourager la participation du public dans le cadre de telles scènes ? Quels éléments contextuels favorisent la participation ?
Tout d’abord, il est important au début de l’événement de poser le cadre et d’insister sur les règles de la scène ouverte : liberté dans les propositions, absence de jugement, respect de l’autre. On ne prend pas de photos et on ne filme pas les gens sur scène, afin que les personnes osent se lancer et se rater.
Ensuite, le lieu fait beaucoup. Il faut un endroit plutôt intimiste, pas trop grand ou trop « hype ». En cela le bar de la Bretelle est vraiment adapté, car c’est un lieu pas prise de tête avec une simplicité qu’on ne retrouve pas toujours ailleurs.
Enfin, cela se joue aussi dans la répétition de ces scènes ouvertes dans le temps. Peut-être que la première fois tu vas vouloir juste venir voir comment cela se passe et rester dans le public, et que la deuxième ou troisième fois tu vas oser faire le pas et monter sur scène.
Quels ont été les retours jusqu’à maintenant ?
Je n’ai reçu que des retours positifs. Et l’équipe de la Bretelle est elle aussi satisfaite. Un compliment qui m’a particulièrement touché venait d’une participante qui m’a dit qu’elle n’avait pas l’impression d’être en Suisse ! Une façon, je crois, de souligner la spontanéité des propositions.
L’objectif premier étant atteint, le but désormais est d’élargir le nombre de participant·e·x·s. Je souhaiterais que le public soit essentiellement composé de personnes qui montent sur scène. Lecteurices d’EPIC-Magazine, on vous attend !
La cinquième édition des scènes ouvertes de La Bretelle aura lieu ce jeudi 20 juin dès 19h30.