Depuis le mois de janvier de cette année, une nouvelle plateforme culturelle a vu le jour du côté de Fribourg. Il s’agit d’In Situ, un outil en ligne qui propose un agenda des événements culturels se déroulant en terres fribourgeoises. EPIC ne pouvait donc pas passer à côté d’In Situ et de l’équipe qui a œuvré à sa création et son développement. Entretien avec Émilie Excoffier, graphiste et directrice de la plateforme.
Salut Émilie, peux-tu nous expliquer le concept de cette nouvelle plateforme culturelle ?
Il s’agit d’une plateforme qui regroupe plusieurs types d’informations et qui est composée de deux outils principaux pour le moment. D’une part un index qui permet d’avoir une vision d’ensemble de l’écosystème culturel fribourgeois, et d’autre part un agenda qui présente la programmation des différents lieux inscrits sur la plateforme. Les deux outils sont présentés sous forme de listes liées en temps réel à une cartographie du canton. Fin janvier, nous avons lancé la version bêta et réalisé son vernissage lors d’un événement public à Fribourg.
Pourquoi In Situ arrive maintenant, début 2023 ? Quel a été l’élément déclencheur de sa création ?
Il faut savoir que le besoin d’une plateforme culturelle était présent depuis plusieurs années au sein des services publics culturels, communaux comme cantonal. Mais je dirais que c’est véritablement la crise du Covid qui a été le catalyseur d’In Situ. On a tous pu constater les défis auxquels a dû faire face le monde culturel en période de Covid. J’étais graphiste indépendante à ce moment-là et avec ma binôme dans mon studio de design, Manon Schaefer, on s’est demandé comment on pouvait aider les lieux culturels. On a alors cherché à rassembler autour d’une table plusieurs profils et compétences, notamment en développement informatique, pour réfléchir à la manière de mettre en avant cette scène culturelle. C’est comme ça qu’avec Leonardo Wirz, ingénieur en développement informatique, nous avons pu imaginer les premiers prototypes, pour finalement être rejoints par Maxime Barras, Florence Schneider, Jérémy Küng et François Gendre. Aujourd’hui, nous sommes une équipe de sept à s’occuper d’In Situ.
Par quelles étapes êtes-vous passé·e·s durant ces deux années de développement ?
Après la deuxième vague du Covid, la Confédération et les cantons ont lancé une campagne de soutien au secteur culturel via des « projets de transformation ». Avec l’aide de l’Association K – Verein C, la faîtière des institutions culturelles professionnelles dans le Canton de Fribourg, nous avons donc monté notre projet pour demander un soutien ; c’était en février 2021. Notre projet a été accepté et nous avons pu financer les deux phases prévues. Lors de la première phase, il s’agissait de réaliser une étude de terrain pour recueillir les besoins et développer un plan financier. Durant six mois, nous sommes allés à la rencontre des organismes culturels et des partenaires potentiels avec le soutien notamment de l’Association K – Verein C. La seconde phase, qui a duré quasiment une année, a consisté à développer concrètement la plateforme, en la testant régulièrement et en y apportant constamment des améliorations.
Quel type de culture ou quelles disciplines artistiques retrouve-t-on sur la plateforme ?
Nous utilisons une définition large de la culture : toute rencontre, échange ou présentation d’un·e/des artiste(s) ou d’une/des œuvre(s) face à un public peut figurer sur notre plateforme. Cela peut être un travail amateur comme un travail professionnel. Nous utilisons en outre trois critères : l’événement doit être accessible au public, il doit avoir lieu sur le territoire et il doit porter principalement sur la culture.
Plusieurs méthodes de saisie sont proposées pour simplifier et s’adapter aux besoins et aux ressources des organismes. À moins d’être engagée pour, l’équipe d’In Situ n’enregistre pas d’événements. Pour faciliter le remplissage, nous distinguons trois éléments qui peuvent se relier entre eux : l’organisme porteur, le lieu et l’événement. La plateforme étant participative, les organismes ont la charge de l’enregistrement des lieux et des événements. Un artiste peut également proposer un événement mais celui-ci devra ensuite être validé par l’organisme en charge du lieu dans lequel il se produit. Il est également possible d’automatiser le remplissage de la plateforme à partir du site d’un organisme, du moment ou un travail de développement est entrepris pour rendre les bases de données des deux systèmes compatibles.
Comment la plateforme soutient-elle la culture émergente ?
La plateforme est mise à disposition de tout le monde gratuitement. De ce fait, elle donne autant de visibilité aux structures émergentes qu’aux grandes institutions. D’autre part, il n’est pas possible pour une structure de payer pour se retrouver en haut de l’agenda ou pour gagner en visibilité sur la plateforme.
De plus, on met très peu en avant les images sur In Situ, car contrairement aux petites structures, les grandes structures ont les moyens de se payer des photographes et de soigner leur image. C’est de cette manière-là qu’on tente de mettre sur un pied d’égalité culture émergente et culture établie.
Était-ce facile de rassembler les lieux, les artistes et tous les autres partenaires derrière votre projet ? Y a-t-il eu des résistances ?
Un tel outil à l’échelle du canton, c’était une nouvelle chose. Il y a bien d’autres agendas à l’échelle régionale, mais ils sont gérés par des offices de tourisme ou des médias, et il y avait généralement une sélection ou un système de sponsorisation des événements derrière l’agenda. Nous proposons une alternative la plus exhaustive possible qui cherche à faciliter le processus de remplissage pour les organismes. Mais nous sommes ouvert·e·s à collaborer avec ces agendas existants. Je dirais qu’il n’y a pas forcément eu de résistances, mais plutôt quelques craintes. Des craintes justifiées : faire confiance à une équipe de jeunes pour un projet d’une aussi grande ampleur n’est pas chose aisée ! Car pour nous aussi au sein de l’équipe aussi c’était une toute nouvelle expérience !
Comment comptez-vous développer la plateforme à l’avenir ?
La plateforme est actuellement dans sa version bêta, nous avons encore prévu d’y ajouter de nouvelles fonctionnalités dans le futur. Sur le court terme, nous allons traduire le site pour atteindre le public et les organismes germanophones du Canton de Fribourg et corriger les bugs des premières versions. Pour les projets long terme, cela reste encore assez abstrait pour le moment. On aimerait proposer des informations qui vont au-delà des événements, par exemple des portraits d’artistes ou des articles sur des thématiques culturelles particulières.
La plateforme est disponible à l’adresse suivante : https://www.in-situ.org/