La St-Valentin du Q : festival queer d’art et de littérature

Du 9 au 11 février 2024 a eu lieu le Festival de la St-Valentin du Q. Un festival unique en son genre qui propose de fêter la Saint-Valentin de manière queer, anticapitaliste et inclusive. C’était à l’espace Le Grain, et nous sommes partis à la rencontre de Constance Flahaut, porte-parole du festival.

Dans l’effervescence de la Saint-Valentin, une équipe d’ami·e·x·s s’est rassemblée pour créer un espace de célébration tout à fait unique : le Festival de la St-Valentin du Q . L’idée de ce festival a germé dans les conversations intimes de cinq ami·e·x·s, désireux·euse·x·s de réinventer la célébration traditionnelle de la Saint-Valentin : originellement conçue comme une réunion intimiste, leur événement s’est métamorphosé en un festival public qui vise à créer une plateforme inclusive et vibrante et à embrasser la diversité des formes d’amour en mettant en lumière les expériences queer. Constance Flahaut, porte-parole et force motrice derrière le festival, partage ses réflexions sur les origines de cet événement particulier : « On dit officiellement qu’il s’agit de la troisième édition du festival, mais tout avait déjà commencé quelques années auparavant. On se disait “on aimerait bien fêter la Saint-Valentin” mais pas du tout comme on la célèbre traditionnellement ».

Autour de l’amour et du corps

Trois éditions plus tard, le Festival La St-Valentin du Q est devenu un espace pour se rassembler, partager des expériences et réfléchir aux différentes facettes de l’amour. Constance souligne : « on utilise cette occasion pour réfléchir à nos relations, aux différentes formes d’amour qui existent, pour se décentrer un peu de l’amour romantique et se recentrer sur les autres types d’amour qui existent ».

Au fil des éditions, le festival s’est réjoui d’un impact croissant au sein de la communauté queer. « Ces trois éditions, ça nous a fait rencontrer de nombreuses personnes, que cela soit par les bénévoles ou par le public évidemment, raconte Constance, on a pu rencontrer des personnes queer qu’on ne connaissait pas. La précédente édition se déroulait sur trois jours et présentait quatre ateliers d’écriture et deux performances, une expo et une soirée de vernissage. Et grâce à cette programmation on a gagné pas mal de visiteur·euse·x·s ». Cette année, la variété des propositions était également au rendez-vous avec un thème nouveau : « pour la présente édition, on a choisi le thème du corps, car ça nous paraissait être un bon point de départ pour les réflexions et parce que c’est un sujet qui est large », détaille la porte-parole. Les organisateur·rice·x·s espèrent ainsi ouvrir des conversations personnelles sur les expériences corporelles queer et encourager l’acceptation de soi.

(© Tamara Meli et Gabriel Pugliese)

Une programmation émergente

L’exposition Blood & Butter de cette édition 2024 a mis en avant cinq artistes locaux et émergents, Matias Ayuda, Clara Locherer, Lucie Landolt Pàlvölgyi, Anaëlle Perriard et Kairaan Kika, étudiant·e·x·s en art pour la plupart et ayant peu ou jamais exposé. En plus de l’exposition, plusieurs performances ont rythmé les trois jours du festival. Parmi celles-ci, la première performance poétique de Naomi Weidmann, Gabana Clitter, du samedi 10 février qui s’est distinguée par une exploration poético-sensorielle du corps. Gabana Clitter, c’est une installation interactive composée d’une petite cabane dans laquelle le public, une personne à la fois, écoute un poème ou un texte sur le thème du corps et se fait pailletter le visage en même temps. « L’idée était de créer une expérience immersive et un moment intimiste, comme dans une bulle, totalement hors des distractions extérieures. J’ai souvent mis des paillettes sur les gens en soirée et j’ai voulu allier ça avec quelque chose de poétique. L’idée est donc partie de là », indique la performeuse.

Naomi s’estime satisfaite des retours des participant·e·x·s à la première édition de sa performance : « j’ai reçu des feedbacks positifs, les gens ont apprécié entrer dans ce petit lieu mystérieux. C’est comme une rivière de paroles, on se laisse toucher les paupières et les yeux sont fermés, ce qui donne un côté assez méditatif. Les gens étaient curieux, et il y avait de l’attente pour participer à l’expérience ».

Une autre performance, La Cabane, dirigée par Xam Lo Presti et Garance Nussbaum, célébrait les histoires de vie queer. Constance et Naomi la résument avec enthousiasme : « c’était une performance avec des tissus qui tombaient du plafond et qui formaient un grand espace d’où surgissait de la musique et du texte, c’était très doux, presque magique ». L’espace était investi par deux performeur·e·x·s qui habitaient des figure·x·s de féexs et projetaient des textes écrits simultanément sur les tissus dans un espace immersif construit à partir de draps. Les féexs racontaient ensuite leurs récits et expériences de vie, et ce qui les ont amenées à construire cette cabane.

(© Tamara Meli et Gabriel Pugliese)

Côté littérature

Du côté du public, un·e·x·s visiteur·e·x·s ravi·e·x·s confie : « j’ai vu une lecture : Sorry for going MIA Im just following the dopamine de Kat et Lili. Ce sont deux personnes qui lisaient ensemble et se répondaient sur des échanges aussi liés à leur expérience d’être bisexuell·e·x·s ou d’être pansexuell·e·x·s. C’était vraiment bien écrit, la lecture était vivante, sans avoir besoin d’être mise en scène. Iels habitaient leur texte juste par la lecture ». Exploration d’un genre littéraire entre l’épistolaire et le journal intime, Kat et Lili échangent leurs impressions en ligne sur un journal partagé, et en ont proposé une lecture publique sur un ton résolument numérique.

Lectures, open mic et ateliers d’écriture, le tout a su ravir les participant·e·x·s curieux·se·x·s d’expériences littéraires. Les ateliers d’écriture aux consignes centrées sur l’amour du corps ont d’ailleurs rencontré une affluence notable.  L’atelier d’écriture A corps et A mots de Tapisseb, consistait par exemple à affirmer son amour-propre sur des machines à écrire et des cartes postales envoyées à soi pour la Saint-Valentin. Tandis que l’atelier Corps-Maison, animé par Le Lab de DécadréE, proposait des exercices d’écriture du corps comme lieu de refuge.

Le Festival de la St-Valentin du Q se veut ainsi un espace d’exploration, de célébration et de connexion au sein de la communauté queer, le tout dans une atmosphère bienveillante, douce et accueillante. Avec sa programmation engagée, il offre une occasion rare de réfléchir aux différentes facettes de l’amour et du corps dans un cadre particulièrement inclusif. On l’attend l’année prochaine avec impatience !

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