Interview avec Robin Haefeli, le créateur de bijoux made in Geneva

C’est en vieille ville que nous rencontrons Robin, jeune artiste genevois passionné de dessin, de sculptures et créateur de la marque HR Jewelry.

Bonjour Robin, explique-nous qui tu es !

Je m’appelle Robin Haefeli. Après ma scolarité à Genève je suis parti à l’Institut d’Arts de Boston pour faire un bachelor en Fine Arts d’Illustration. Cela m’a permis de m’intéresser à l’illustration mais aussi à la sculpture. Je me suis mis à créer mes propres marionnettes et des sculptures. En rentrant par la suite à Genève, en sachant que mes parents sont bijoutiers, j’ai remarqué que je pouvais peut-être me mettre à créer des bijoux. Surtout qu’à Genève il n’y avait pas forcément de bijoutier pour homme. Donc l’idée principale était de faire une collection pour les hommes. Dans le style rock, brut et biker. J’ai fait un premier prototype, une bague en tête de mort toute simple. En quelques semaines elle s’est vendue du coup j’en ai fait une déclinaison en un peu plus baroque… De fil en aiguille je me suis dit qu’il fallait que j’exploite cela, que je crée une marque car mes bagues se sont vendues. 6 mois plus tard j’ai lancé ce que j’ai appelé HR Jewelry. Ma première collection était quelques bagues uniques surtout basée sur les cultures et des masques inspirés de l’Histoire et de la mythologie. C’était surtout des bagues, cela se rapproche de la sculpture.

Peux-tu nous expliquer le processus de création d’une bague ?

J’utilise la technique traditionnelle de cire perdue pour la réalisation de mes bijoux. Je sculpte mes créations dans la cire, qui, à travers plusieurs étapes, est finalement transformée en argent.

À l’aide d’un moule en plâtre et plusieurs passages dans des fours à hautes températures, la cire est remplacée par l’argent. Puis reste enfin l’étape d’ébarbage et de polissage qui viendra définir l’aspect final du bijoux. Cette technique est venue en faisant des expériences, un peu de manière autodidacte. Mais j’ai également vu mes parents faire, je participais quand j’étais plus jeune. Combiné avec ce que j’ai appris à Boston cela a créé un savoir solide. Il y a quand même eu quelques ratés. (rires) C’est au bout de plusieurs tentatives que j’ai réussi à faire ce que je voulais.

Pour toi est-ce important de rester à Genève et de créer une identité genevoise ?

Pour l’instant Genève m’intéresse parce que je n’ai pas encore exploité tout ce que je pouvais faire ici. J’ai déjà essayé de m’implanter à Paris par exemple mais c’est difficile d’un point de vue pratique. Deux ans après avoir lancé HR Jewelry j’ai encore besoin de créer une base solide, c’est essentiel pour moi. J’ai quelques points de vente à Genève, mais j’expose principalement à Univers Gallery en vieille ville. Cela me semble aussi essentiel de préciser que même si je visais un public plutôt masculin au départ ce n’est plus le cas. Beaucoup de femmes ont accroché au style un peu « brut » que je propose.

D’où tires-tu ton inspiration pour créer tes bijoux ?

Je suis énormément inspiré par l’Histoire et la Mythologie. Les symboles, l’époque médiévale mais aussi les pirtates, l’océan… Le côté mystique. Les cultures également. Je m’inspire beaucoup d’où je suis, de la musique… J’adore le cinéma et l’esthétique de manière générale. Je fais des recherches dans les livres, je vais à la bibliothèque. Après internet reste ma source principale car c’est simple pour s’inspirer. J’ai un style brut, certains clients m’ont complimenté en me disant que mes créations avaient l’air d’avoir vécu. C’est exactement ce sentiment que je voulais partager. J’aime les imperfections du bijoux, et ce même si j’utilise un moule pour créer 5 bagues identiques, elles ne seront jamais pareilles car je finis le travail en les polissant, les brossant… Il y a toujours des imperfections qui font que mes bagues sont uniques. Je trouve cela intéressant parce qu’on pourrait croire que le bijoux a voyagé, qu’il est passé dans le sable, dans l’eau depuis plusieurs années… J’aime bien le principe du modèle unique. C’est ce côté unique qui attire. Je me cantonne à 10 exemplaires maximum et après je change d’idée ou je modifie la bague. Je ne fais pas que des bagues je fais également des bracelets avec des perles semi-précieuses, des pendentifs…

Ce côté « unique », pourquoi l’affectionnes-tu tant ?

C’est important que le client puisse venir avec des dessins, des idées.. Qu’ils proposent un projet et que je leur explique jusqu’où cela est réalisable. Il n’y a pas de limite. Par exemple j’avais un ami qui aimait beaucoup les taureaux. Pour son anniversaire, sa copine est venue avec quelques modèles en voulant que la bague sois assez sobre, portable tous les jours mais pas forcément déjà vue… En utilisant ma liberté j’ai pu travailler l’intérieur de la bague en plus de l’extérieur, j’ai cherché à casser les codes d’une bague habituelle. J’ai fait quelque chose en volume avec les cornes qui sortent du corps de bague.

Comment associes-tu ton identité d’artiste à la nécessité commerciale  ?

L’avantage de travailler à petits exemplaires c’est que je peux sortir une collection chaque trois mois. Je fonctionne un peu comme je le décide. Je pars du principe que si cela me plait c’est que quelqu’un aimera aussi mon idée. Dans un premier temps je fais souvent les bagues comme si c’était moi qui devrait les porter. Je ne peux pas plaire à tout le monde mais j’essaye quand même  et puis je vois si ça plait… parfois la collection met du temps à se vendre. Il y a un temps d’adaptation par rapport à mes créations. Après évidemment je suis un peu la mode pour voir les tendances du moment. Mais je décline les tendances à ma façon. Je ne veux pas qu’on retrouve du déjà vu dans mes créations mais c’est quand même important de suivre la mode. J’essaye d’être aux aguets en m’inspirant entre autres d’Instagram. C’est difficile de faire des bijoux pour homme mine de rien… mais je ne m’identifie pas à une certaine catégorie. Je vise un public large, j’ai envie de faire rêver avec mes bijoux, transporter, faire voyager et que mes bagues fassent penser à quelque chose ! J’aimerais qu’il y ait quelque chose pour chacun et que certaines pièces puissent plaire à des personnes très différentes.

Quels projets pour la suite ?

Récemment je me suis intéressé aux nouvelles technologies comme le 3D mais c’est tout nouveau pour moi. Sans vouloir que ce soit trop « usine » j’aimerais utiliser les nouveaux outils en les associant aux anciennes techniques. Ça je l’exploite dans ma nouvelle collection qui sortira. Elle s’appelle Deep Water, basée sur l’océan, la piraterie mais mise au goût du jour. C’est une collection mixte. Je me suis rendu compte que mes créations n’ont pas de genre, pas d’âge… Il n’y a vraiment pas de barrière.

Les bijoux HR Jewelry sont disponibles à la vente sur internet ainsi qu’à Univers Gallery en vieille ville.

Adresse du point de vente: 16, rue Verdaine, 1204 Genève

Site internet HR Jewelry: http://www.hr-jewelry.com/

Page Facebook: https://www.facebook.com/HRjewelryGeneva/

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