Tribunes épicuriennes #6 – Nolan

La team d’EPIC a décidé de vous offrir un tour d’horizon des histoires personnalisées de ses rédacteur·trice·s. Le principe est simple : chaque semaine, un·e membre abordera sa vision du webmagazine et comment celle-ci a évolué de concert avec la pandémie. Après Juliette Gaultier la semaine dernière, Nolan Petignat, membre d’EPIC depuis trois ans, se prête à l’exercice.

C’était il y a désormais plus d’un an. Le vendredi 13 mars 2020, le Conseil fédéral, face à l’urgence d’une épidémie de Covid-19 ne cessant de croître, décrétait la fermeture des écoles à partir du début de la semaine suivante. Le lundi, la Suisse était en « situation exceptionnelle ». Cette date fatidique du 13 mars correspond également à la dernière réunion de l’équipe d’EPIC avant le lockdown. Je me souviens précisément des visages de chacun·e en cette fin d’après-midi ensoleillée, de l’ambiance particulière qui émanait du bar où nous nous étions réuni·e·s, de nos discussions entre appréhension certaine et questionnements innombrables. Personne ne prenait alors pleinement conscience de ce que cette situation inédite allait signifier pour nos vies personnelles, combien de temps elle allait durer et, surtout, à quel point elle allait impacter nos activités au sein du magazine.

Cela fait donc un an qu’EPIC a dû s’adapter à l’inconnu et montrer son incroyable résilience. Cinémas, bars, boîtes, musées, théâtres fermés, nous aurions pu nous replier sur nous-mêmes et abandonner la rédaction d’articles, attendant patiemment des jours meilleurs. Mais cela ne nous aurait guère ressemblé. Au contraire, nous avons tenu coûte que coûte à proposer à nos lecteur·trice·s un contenu de qualité. Nous avons ainsi inventé de nombreux formats de confinement promouvant notre insubmersible culture locale, tout en essayant d’afficher notre soutien aux artistes en leur offrant tribunes, cartes blanches, interviews… Je mentirais néanmoins si j’affirmais que cette période a été un long fleuve tranquille, tant elle nous a secoué·e·s de l’intérieur et obligé·e·s à entreprendre une véritable introspection.

Durant mes deux premières années chez EPIC, mon engagement s’est cristallisé autour d’une forme artistique précise : les arts vivants, et plus précisément le théâtre. Passionné depuis toujours par le sixième art, c’est tout naturellement que je me suis immédiatement tourné vers la rédaction d’articles le concernant. Puis est arrivée la pandémie. Cette dernière a totalement bouleversé mon rythme d’écriture puisque, les théâtres fermés, je me retrouvais privé de ma spécialité au sein du magazine. Finis les soirs de première où, armé de mon petit calepin, je notais mes impressions sur la pièce qui se jouait devant mes yeux. Finies les passionnantes interviews d’hommes et de femmes de théâtre me racontant leur amour pour leur art et leur philosophie de création. Il me fallait me réinventer, mais comment ?

Dépité, j’ai mis plusieurs mois avant de pouvoir réécrire de mon propre chef pour EPIC. Ce n’est que l’été venu, et la pression d’un semestre universitaire éprouvant retombée, que j’ai finalement décrété que je ne pouvais plus me laisser abattre ni me cantonner encore et toujours à un seul et unique sujet. Bien que les lieux abritant les arts vivants aient rouvert, je sentais au fond de moi le désir de me diversifier, d’aborder d’autres formes de création, de parler de projets portés par des personnes venant d’univers que je connaissais peu mais qui ne seraient pas moins passionnants. Autant le dire, j’ai vécu un été 2020 intense et chargé au sein d’EPIC, mais je l’ai ressenti comme une « renaissance rédactionnelle ».

Prenant mon courage à deux mains, je me suis attelé à la rédaction d’une longue série d’articles autour des créateur·trice·s de mode genevois·es, thème qu’il ne me serait jamais venu à l’esprit d’aborder quelques mois auparavant. J’ai rencontré six jeunes engagé·e·s et passionné·e·s, qui m’ont emporté à travers leurs formidables projets. Les expériences enrichissantes accumulées durant cet été-ci ont, à n’en pas douter, été un tournant dans ma manière de concevoir ma place au sein d’EPIC. Depuis lors, je me suis également adonné à l’écriture d’articles concernant la photographie, les arts plastiques et, surtout, le cinéma, ma deuxième passion. Je cherche désormais à innover, essayant sans cesse de grappiller des idées d’articles ici et là. J’ai plus que jamais envie de tout découvrir, de tout parcourir, de rencontrer le monde entier.

Je n’ai pas abandonné mon vieil amour pour les théâtres genevois pour autant, et me réjouis de leur réouverture prochaine. Cette période de disette pour les arts vivants m’a révélé à quel point ils me manquent, à quel point ma vie est plus fade sans eux. Mais malgré tout, cette crise du Covid-19 m’a beaucoup apporté : davantage d’assurance dans ma manière d’écrire, une plus grande aisance à aborder des formes artistiques dont je ne suis pas spécialiste, une plus grande facilité à contacter des milieux auxquels je suis moins familier. Cette crise a été formatrice, transformatrice. Surtout, elle a permis de raffermir mon engagement au sein de la rédaction. J’ai réalisé que je m’y sens libre, moi-même, vivant. Cette pandémie m’a conforté dans l’idée que ma place est bien parmi EPIC, aux côtés des formidables membres qui composent le magazine. Pour de nombreuses années encore, je l’espère !

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