Elle est de ces personnes qui vivent la musique comme un exutoire, une réelle « therapy » des sentiments cachés, narrée sur des notes qui dansent. Depuis sa chambre, Cloé Mailly compose son propre univers doux, là où les émotions complexes deviennent légères. Rencontre avec une voix ravissante, sur les bords du Rhône.
Qu’est ce que ça te fait de venir jouer à la Pointe pour la première fois ?
Ca m’a fait super plaisir de venir jouer ici parce que c’est proche de chez moi. En fait, c’est la première fois que je joue dans ma région (de Genève, ndlr.). J’étais un peu stressée car il y avait potentiellement des gens que je connaissais, des proches à moi ainsi que mes parents qui sont venus. Je trouve que c’est important, surtout pour un artiste en développement, de venir jouer dans des endroits intimistes, où il y a un rapport de proximité avec le public. Tu peux échanger avec les gens et tester des sons. En plus, c’est un lieu où il n’y a pas de jugement, tous les artistes peuvent se rencontrer et l’état d’esprit est très ouvert avec un aspect multiculturel. Ça c’est cool.
Depuis quand est-ce que tu fais de la musique, comment es-tu tombée dedans ?
Depuis toute petite, j’ai toujours écrit des chansons mais j’ai enregistré pour la première fois à l’âge de 16-17 ans chez moi, dans mon home studio dans ma chambre. J’ai commencé par reprendre des chansons que j’aimais bien et je les postais sur Soundcloud, mais sans aucun but derrière. Au final, je voyais que j’avais de bons retours, et je me suis donc dit : « Pourquoi pas m’approprier des bouts de son ? ». Finalement, j’intégrais un couplet à moi par-ci, par-là et j’ai continué sur cette lancée.
En 2017, j’ai fait la rencontre de Krisy (rappeur, beatmaker, ingé-son belge, ndlr.) car il recherchait une artiste féminine pour une collaboration et on a bossé à distance un son nommé Discussion Nocturne, qu’on a joué ensemble sur scène à Lyon.
C’est à ce moment-là qu’on s’est rencontré, et c’était par ailleurs ma première scène. À partir de là, tout a vraiment commencé pour moi. J’ai eu des propositions, des beatmakers intéressés à bosser sur mes projets. Aujourd’hui je suis en indé mais j’ai des gens autour de moi qui m’aident pour différents aspects artistiques et j’aimerais bien prendre des cours de chant afin de vraiment me professionnaliser.
Quelles sont tes influences musicales?
J’écoutais beaucoup de musique avec mes parents, du RnB des années 90. Mon père écoutait énormément 2Pac et du G-Funk, ce qui m’a toujours plu. Ma mère écoutait beaucoup Lenny Kravitz. Ensuite, j’ai commencé à grandir et à me faire ma propre culture. J’ai découvert Sade avec le côté plus soul, plus jazz.
D’ailleurs, quand je peux je vais à des concerts de jazz, car ça développe mon oreille, c’est super enrichissant. Mon artiste préféré est Kendrick Lamar. Je trouve très théâtral son dernier album (Mr. Morale and the Big Steppers, ndlr), mais mon album favori reste To Pimp a Butterfly. J’avoue que DAMN m’a un peu moins marquée mais bon, je l’écoute quand même aujourd’hui tellement sa musique est intemporelle, un peu comme The Weeknd.
Raconte-nous ton processus de création musicale.
En général, je reçois des prods des personnes avec qui je bosse. Vu que maintenant on se connaît bien, ce sera plutôt des prods « sur mesure ». J’écris mes textes en train d’écouter la prod, peu importe le lieu. C’est rare que j’écrive de manière hasardeuse, d’habitude j’ai de la musique dans mes oreilles au moment d’écrire. Dans la foulée, si je peux, j’enregistre, je fais des essais.
De fait, je vais rarement au studio car j’ai tout pour enregistrer chez moi et je me sens plus à l’aise dans ma chambre. La majorité des sons que j’ai sortis ont été réalisés chez moi. Aujourd’hui, j’essaie de plus en plus d’aller au studio pour faire des rencontres et progresser musicalement.
En écoutant tes morceaux, on sent bien la place prise par les sentiments, les ruptures amoureuses. Est-ce que pour toi, ces sentiments-là sont plus simples à dévoiler en musique ?
Déjà, tout ce que j’écris est inspiré de faits réels. Comme ça me concerne, c’est beaucoup plus simple d’en parler, de mettre des mots dessus. Mon vécu, le ressenti de certaines émotion, ce sont des choses que je n’arriverais pas forcément à exprimer dans la vie mais je les extériorise en musique. Je ne parle jamais d’une personne en particulier mais ça va être des bribes de ma vie, des sentiments, des incompréhensions que je retranscris en musique. C’était mon souhait avec cet EP therapy.
Tu préfères être en studio ou sur scène ?
Je crois que dans l’absolu, je préfère être en studio. Comme j’enregistre la plupart du temps dans ma chambre, je me sens dans ma zone de confort, je fais des choses qui me plaisent. Après, je dis ça aussi parce que je n’ai pas encore pu faire beaucoup de scènes dans ma vie mais le sentiment qu’on a lorsque le public chante tes paroles et vit ton concert, c’est un ressenti complètement dingue.
Si t’avais un message qui définirait ton art, ce serait lequel ?
Ce n’est pas évident comme question… (rires.) J’aimerais vraiment donner de la valeur à l’authenticité des sentiments, à la liberté d’être soi-même. J’essaie de retranscrire fidèlement mes émotions, sans aucune censure et j’invite chaque personne à vivre sa vie en ayant pleinement conscience de ce qu’on ressent, au fond de nous et à l’exprimer.
Après tout, il faut une musique en soi pour faire danser le monde…
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