Mystères en terre romande

© Collectif Les Lents

Aujourd’hui, le collectif Les Lents nous fait le plaisir de nous recevoir dans les locaux du Théâtre 2.21 à Lausanne. C’est à la sortie d’une répétition de la pièce Mystères que nous retrouvons une partie du collectif : Julien Meyer, le metteur en scène, avec les comédien·ne·s Lucas Savioz, Elsa Thebault et Pierre-Angelo Zavaglia, l’assistant à la mise en scène. Les quatre artistes nous font part de leur état d’esprit quelques jours avant le début de leur tournée et tentent d’attiser notre curiosité…

Pouvez-vous commencer par nous présenter le collectif Les Lents ?

JM : Je suis membre fondateur du collectif. Ce projet s’inscrit dans le cadre de la tournée Azimut.

Le collectif Les Lents est une association qui regroupe cinq membres. Notre but est de défricher de nouveaux réseaux de diffusion et de production de spectacles et d’aller à la rencontre d’autres publics moins familiers avec le domaine du théâtre.

Le projet Mystères est pour sa part né à l’école de théâtre la Manufacture. C’était mon projet de sortie en Master, c’est-à-dire mon projet de diplôme. Nous avons joué le spectacle pour la première fois en septembre 2019, et on a eu la chance de pouvoir le rejouer dans la foulée en dehors des murs de la Manufacture, dans la commune de Chavannes-près-Renens. Cela a donné l’élan pour trouver ensuite d’autres réseaux prêts à produire et/ou diffuser le spectacle. Nous avons alors envoyé le dossier à plusieurs communes, un peu comme des bouteilles à la mer. Comme nous souhaitions passer en dehors des institutions culturelles et des théâtres, nous nous sommes adressés aux communes. Très vite, celles-ci nous ont répondu favorablement, que cela soit juste pour produire le spectacle, le diffuser ou même les deux.

Comment nous mettre l’eau à la bouche par rapport à votre spectacle Mystères ?

ET : Pour résumer, c’est un grand bordel, une sorte de pièce de théâtre-concert, un melting-pot de plein de choses. C’est l’histoire d’un étranger, Nagel, qui arrive dans un village et qui va chambouler la vie entière de ses habitant·e·s. On ne sait pas d’où il vient, ni où il va, et une atmosphère de suspense plane en permanence autour de lui et lors de ses rencontres avec la population.

PA : Scénographiquement, le spectacle est centré sur un lit de mort ; toute l’action tourne autour d’un défunt. Or, ce personnage va prendre vie au cours du spectacle. La mort n’est ici pas montrée comme quelque chose de macabre, mais plutôt comme un mystère.

© Nicolas Brodard

JM : Le texte est issu d’un roman norvégien datant de la fin du XIXème. À sa lecture, je me suis rendu compte que je lisais certaines parties à haute voix, l’écriture est très orale. Je me suis alors dit que cela peut être chouette de l’adapter en une pièce de théâtre.

ET : Ce qui est étonnant avec le texte, c’est que nos répliques sont en grande partie des phrases du roman. On dirait que le roman de base a été pensé comme un texte de théâtre. Tout se passe par la parole : on a beaucoup de déclarations qui font changer la morale, l’amour et la mort. Tout cela rien qu’avec des mots, et des mensonges.

Comment s’est déroulé le passage du roman à une pièce de théâtre ?

JM : C’est long de réduire 350 pages en une pièce ! Pauline Castelli et moi-même avons beaucoup travaillé avec les comédien·ne·s pour l’adaptation sur scène. Ce qui est spécial pour Mystères, c’est qu’au moment de l’adaptation, on connaissait déjà le nombre de personnages qu’il allait y avoir ainsi que l’identité des rôles. La démarche était plutôt simple : on a rassemblé l’équipe et on a fait des sessions pour mettre le texte à l’épreuve du plateau. Et c’est comme ça qu’on est arrivé à une première version, jouée lors du spectacle de diplôme en septembre 2019.

ET : Une fois le spectacle terminé, on a repris la pièce pour y apporter quelques modifications, notamment en rajoutant une voix qui fait la narration, afin que la voix du roman soit présente.

Qu’avez-vous tenu à absolument conserver du roman lors de l’adaptation ?

LS : Dans le roman de Knut Hamsun, les événements adviennent sans que le personnage ne le veuille, il n’y a d’intention dans aucune des actions et le personnage se laisse bousculer par le monde sans chercher à le contrôler. C’est cela que nous voulions à tout prix maintenir dans l’adaptation en une pièce de théâtre, cet effet chaotique qui en découle.

ET : Les scènes surgissent et glissent les unes après les autres, sans contrôle, et cela donne l’impression d’être comme dans un rêve.

© Nicolas Brodard

Vous allez jouer dans plusieurs lieux de Suisse romande, comment les avez-vous sélectionnés et pourquoi avoir choisi cette démarche ?

JM : La volonté initiale était d’aller jouer dans toute la Suisse romande et en France. On a envoyé des dossiers tous azimuts, et on a construit notre tournée en fonction des réponses reçues. Pour le moment, nous avons dix dates fixes en l’espace de vingt jours.

PA : Concernant la démarche, notre objectif est de pratiquer le théâtre en dehors des institutions établies, d’occuper des lieux qui n’accueillent habituellement pas de théâtre.

ET : De manière générale, quand tu dois chercher une institution pour accueillir ton spectacle, tu as un protocole tacite à respecter, avec des conditions de production contraignantes. Par exemple, le fait de n’être que deux et trois personnes sur scène, alors que pour le spectacle Mystères nous sommes sept comédien·ne·s.

Quel est le lieu le plus insolite de votre tournée ?

ET : Il y en a plusieurs : on va notamment jouer dans un skatepark, dans un hangar ou même dans un camping ! La plupart du temps on jouera la pièce en extérieur.

Quel est l’avenir de votre collectif ?

JM : Disons que si on ne se met pas sur la gueule en juillet durant les représentations, j’aurais très envie qu’on continue à travailler ensemble. Pour ce projet, tout le monde a mis la main à la pâte à plusieurs niveaux : en plus de leur rôle de comédien·ne·s, Elsa a travaillé sur les costumes, Lucas sur l’affiche, d’autres ont bossé sur la scénographie, etc. La dynamique qui en a découlé était très plaisante. Pour tout cela, j’aimerais continuer à travailler avec cette équipe et la tournée qui vient pourrait peut-être se transformer en troupe… Mais bon, on reste un collectif de sept personnes, il devient difficile de coordonner tous les agendas donc on verra comment cela se passe.

Retrouvez la liste complète des dates de la tournée sur le site du collectif : https://www.leslents.ch/mysteres/

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