Takemo nous emmène De-ci de-là

© Julien Bretaudeau

Après une série de dates entre Genève, Lausanne, Fribourg et Neuchâtel, Takemo, toujours accompagné de Corps Pur, fait son retour avec un single et un clip : De-ci de-là. Une occasion de revenir sur le projet des deux Chaux-de-Fonniers, qui prouvent une fois encore que les codes du rap ne sont que des codes, et que de la transgression naissent les bangers.

Si vous avez assisté à des lives récents de Takemo vs. Corps Pur, pas impossible qu’un refrain vous soit resté dans la tête. « Boum ba ya, égaré de-ci, de-là. Boum ba ya, je crois connaître cet endroit. » Un refrain qui tranche avec le reste des tracks, à raison puisque annonciateur de nouveaux projets et surtout introuvable sur les plateformes jusqu’à aujourd’hui. Mais vendredi, jour de sortie. Takemo dévoile De-ci de-là. On retrouve Corps Pur (aka Gaspard de la Montagne) à la prod’, mais aussi à la réalisation du clip.

« Pour les post-ados dans un monde post-apo »

Si De-ci de-là se démarque des tracks précédemment sorties par Takemo vs. Corps Pur par un refrain plus mélodique, le texte et les thématiques abordées par Gabriel alias Takemo sont en revanche la parfaite synthèse de ce qui fait la singularité de ses projets. Une écriture dense qui reprend les questionnements d’une génération pour qui les lignes sont en train de bouger : sexe, relation, politisation, dépression, consommation. « Au final, j’écris sur les sujets qui me touchent, les choses que je n’arrive pas forcément à dire, il y a un gros travail de gestation, et à un moment ça me tombe dessus, et j’arrive à en faire un texte. » Du texte, beaucoup de textes, des références aussi, mais on est très loin du rap conscient plombant, l’idée est même plutôt inverse : « Je peux dire des choses assez violentes, mais en essayant de faire rire, d’amener la drôlerie dans l’écriture, c’est vraiment une question d’angle. »

Chaux-de-Fonds – Genève

Autre thématique, propre à De-ci de-là cette fois : La Chaux-de-Fonds. « Chaux-de-Fonds – Genève » sur le même plan que « Brooklyn-Tokyo » dès les premières secondes du morceau, et clip entièrement réalisé à domicile, on comprend vite que pour le néo Chaux-de-Fonnier, Takemo, et le natif Corps Pur, la deuxième ville du canton de Neuchâtel a un statut particulier : « Moi, à la base, je suis de Genève, ce que je voulais c’était devenir le roi de cette ville, j’ai pas réussi. Quand tu pars de Genève pour aller vivre à La-Chaux-de-Fonds, t’es pas mal moqué, mais personnellement j’ai cette vision un peu fantasmée de la ville et de son côté inspirant. Gaspard, lui, il vient de là, il n’a pas le même rapport, je pense qu’il est plus réaliste, mais on a cette fidélité aux lieux qu’on voit dans le clip, aussi alimentée par le climat artistique actuel de la ville, où c’est vraiment un délire tout ce qui se passe au niveau culturel. »

 © Prune Simon-Vermet

Pas de rancune envers la ville cependant. Le clip, tourné en impro dans « l’hiver prolétaire chaux-de-fonnier », lui rend largement hommage. Hommage aussi à l’amitié et à la confiance entre Takemo et Corps Pur, puisque Gabriel a fait entièrement confiance à Gaspard, également vidéaste et photographe, pour la réalisation. Un pari gagnant : l’ajout de sous-titres, pensé par Gaspard, permet de souligner l’écriture de Gabriel : « La mise en avant de l’écriture, c’est aussi parce que ce qu’on fait c’est un peu hors du rap jeu. L’écriture peut être déroutante, on a tendance à passer pour des aliens. Là on voit vraiment le texte, porté par les prods. »

Live et projets

En live aussi, le duo détonne de ce que l’on s’attend à voir lors d’un concert de rap. Plus qu’un concert, leur show tire du côté du théâtral et du poétique. Incarné par Gabriel, comédien de formation, les textes prennent une autre dimension, accentuée par la présence des synthés de Gaspard. Entre impro et machines, le duo continue sur sa lancée de lives en se produisant ce samedi aux Festival Grand V (FR), où l’on retrouvera également quelques noms bien connus des line-up post punk genevoises (Cochon Double, Usé, Maraudeur…).

Après De-ci de-là sorti en coproduction sur les labels Sbire, l‘Arche du Mal et Gnignignignigni, Takemo et Corps Pur prévoient d’autres sorties ces prochains mois : « l’idée ce n’est pas de viser un LP, mais avoir des sorties de tracks plus régulières, mais de manière plus libre. Et de continuer à sortir des clips aussi. »

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