DANAKTIV ou la noblesse de l’éclectisme musical

© Mazlum Kusne

Depuis 2021, Fribourg a vu s’affirmer un artiste musical au potentiel certain : DANAKTIV, connu précédemment pour sa pratique de la photographie, reprend à son compte les codes indie, rock et hip-hop alternatif pour proposer un univers hybride, à la fois terre-à-terre et onirique. Entretien avec un chanteur à la démarche originale et stimulante, qui lance actuellement un nouveau projet par capsules.

Salut DANAKTIV ! Est-ce que tu pourrais te présenter ?

Je viens de Fribourg, canton dans lequel j’ai fait d’abord pas mal de hockey au sein du club de Fribourg-Gottéron. J’y ai suivi un apprentissage en tant qu’employé de commerce et y ai obtenu une maturité en art et design. Ensuite, j’ai exploré la scène de la photographie : j’ai couvert de nombreux festivals, tel que l’Openair Frauenfeld, et ai eu l’opportunité de travailler avec plusieurs artistes, comme Slimka. J’ai également réalisé des clips et des courts-métrages. J’aime la pluridisciplinarité car je suis une personne qui se lasse assez vite de ce qu’elle fait.

Comment as-tu débuté dans la musique ? Depuis combien de temps as-tu adopté cette pratique artistique ?

De mes 14 à 15 ans environ – ça a commencé quand je rentrais des cours au cycle d’orientation –, je mettais souvent des instru’ et je fredonnais ou chantonnais sur celles-ci. C’était alors par pure passion et dans une volonté de décompresser ; je n’avais pas envie de me dévoiler au public. Puis, durant une période de ma vie où je m’ennuyais beaucoup, j’ai fini par ressentir le besoin de m’affirmer davantage. J’ai donc commencé à digger les beatmakers qui habitaient dans ma région. C’est de cette façon que j’ai découvert BRAK, qui a produit tous mes sons jusqu’à aujourd’hui : nous avons d’abord échangé sur Instagram, où je lui ai demandé de me proposer quelques prod sur-mesure, puis ça a matché.

© Mazlum Kusne

Je dirais que c’est vers fin 2020 que j’ai commencé à véritablement m’initier à la musique. On a vécu, en décembre de cette année-là, une session organisée autour d’une prod réalisée par BRAK afin d’enregistrer mon premier son, Angel’s Cliff. J’ai plié la chose en un seul coup, dès le premier enregistrement : j’ai d’abord pensé que je n’avais pas vraiment assuré, mais BRAK s’est immédiatement tourné vers moi pour me dire qu’il avait trouvé tout cela très stylé et qu’il y avait quelque chose à en retirer. Tout est donc parti de là. En avril 2021, j’ai sorti mon premier EP Times R Ugly, ce qui a été un choc pour mon entourage et pour la communauté qui me suivait pour la photographie. J’ai senti un peu d’incrédulité autour de moi au début, mais aussi rapidement de l’intérêt pour cette nouvelle pratique. Je crois que les gens estiment que cette démarche continent une certaine originalité par rapport à ce qui se fait dans le panorama helvétique.

Quelles sont tes influences musicales ?

Quand j’ai commencé, je me suis surtout tourné vers la figure de Yung Lean, puisque c’est un artiste qui ne vient pas d’Amérique mais qui a tout de même gagné une crédibilité à chanter en anglais, ce qui est très difficile dans la scène suisse ou européenne. J’ai des influences que je qualifierais globalement de hip-hop alternatif, indie et rock.

Comment décrirais-tu ton style personnel ?

C’est un exercice qui me parait assez difficile, car je suis assez éclectique. Je crois que j’arrive à proposer un panel de sonorités assez spécifique : j’aime le travail de recherche sur le modelage du son. Il faut d’ailleurs savoir que toutes mes chansons sont composées de A à Z et que je ne fonctionne jamais avec des typebeats. Ma musique vient des tripes.

Ces temps, je sors un nouveau projet musical par capsules, dont aucun des sons ne se ressemble ; ils sont tous en quelque sorte en confrontation, car j’ai désiré explorer le plus possible, dans cette même volonté de maintenir une pratique musicale diversifiée. Ces chansons explorent toutes une dimension de ma musique. Avoir cette polyvalence me satisfait beaucoup : en effet, j’aime autant composer une ballade ou une chanson vaporeuse qu’un son kické vraiment agressif.

Quelles thématiques aimes-tu explorer ?

Ma musique est beaucoup basée sur l’intuition : j’y explore mes relations amoureuses, mes complexes, les paradoxes de ma personnalité et mes angoisses. Si mon premier son Angel’s Cliff ne contient pas des paroles ultra-recherchées, l’atmosphère qui s’en dégage est très spirituelle, très cloud ; tu pourrais avoir l’impression que ton âme s’évapore. Par ailleurs, mon deuxième et dernier EP en date, LAST CALL B4 BREAKUP, est un projet qui traite spécifiquement de la rupture amoureuse.

© Mazlum Kusne

Peux-tu nous parler de ton nouveau projet, qui sort non pas d’un coup mais en plusieurs étapes ?

Après la sortie de mes deux premiers EP, je me suis retrouvé avec plusieurs maquettes : parmi celles-ci, j’en ai sélectionné sept, un chiffre à la symbolique assez forte pour moi. J’ai désiré sortir ces sept sons au compte-goutte car, si je les avais balancés d’une traite, beaucoup seraient passés inaperçus. Alors que là, c’est moi qui décide intégralement du moment où je veux partager quelque chose avec mon audience, qui sera obligée de streamer son par son. La deuxième raison de ne pas sortir cela sous format album ou EP réside dans le fait qu’il n’y a pas de véritable fil rouge dans ce projet, comme je l’ai dit précédemment.

Le premier son, Caught Up, sorti le 3 février, traite de l’angoisse de devoir se prouver des choses à soi-même. Vendredi passé est sorti Sixth Sense, une chanson qui aborde la thématique du coup de foudre, du fait de retomber amoureux de façon beaucoup plus brutale et forte. La semaine prochaine sortira un son aux influences UK garage-house, en duo avec une artiste russe. Puis, le public pourra découvrir Huckleberry Fin Syndrome, un son qui ne décolle jamais et qui peut inspirer de la frustration, mais qui a une touche très personnelle et très introvertie, avant que je ne dévoile Velvet Lips, qui est pour sa part assez fantasmagorique, et Severus Snape, un son ego-trip. La dernière chanson du projet, assez sinistre, s’appelle Twenty-Four Seven : elle parle de l’amertume de la routine, de l’impression de vivre entouré d’âmes vides et du sentiment d’avoir à combattre son propre personnage.

Quelles sont tes envies d’avenir ?

J’aimerais beaucoup organiser une tournée, dans laquelle j’investirais plusieurs petites salles à travers la Suisse voire au-delà. Il faut savoir que j’adore la performance : j’ai un véritable amour pour la scène, pour ce moment de partage avec des gens que tu ne connais pas et qui ne viennent d’ailleurs pas forcément pour toi. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours eu l’impression d’avoir le feu en moi et de pouvoir amener quelque chose de différent. Je suis persuadé que si la scène n’était pas un concept dans le monde de la musique, je ne sortirais pas de sons. D’ailleurs, quand je faisais de la photographie, j’étais très exposé à la scène mais dans une position passive ; si je me suis lassé de cette pratique, c’est parce que j’ai tout d’un coup justement eu envie d’être le gars sur scène.

DANAKTIV et ses projets sont à découvrir sur son Instagram, son Spotify et son YouTube.

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