Jours sauvages pour Chien Bleu et sa meute

Après sa masterclass Papillon en 2021, Chien Bleu revient avec son quatrième EP : Jours Sauvages. Textes narratifs, rapport à la ville, musicalité et goût pour le live, on retrouve tout ce qui fait l’identité de Chien Bleu dans ce projet, mais avec une intensité accrue. Retours sur Jours Sauvages entre les deux vernissages, à Lausanne et à Genève, où le rappeur aura porté une attention particulière à s’entourer de talents romands émergents.

Jours Sauvages

« La Gravière vous êtes chauds ? » Raté, on était à l’Undertown… Bien le seul raté qu’il y aura eu au vernissage de l’EP de Chien Bleu, Jours Sauvages, vendredi dernier. Et une erreur qui témoigne du lien particulier entre l’ancien punk et les lieux culturels/nocturnes genevois, sa ville, et protagoniste à part entière de ses textes. Il suffit d’écouter Tourner pour le comprendre : « On a usé le béton alors il nous aiguise, on rentre sur Genf ce soir, tu prends la bretelle ensuite elle ouvre ses cuisses, on s’engouffre dans la ville comme si on est amant, comme si on est ses fils ».

La ville, la meute, et une nostalgie toute nouvelle, voilà ce qui émane de Jours Sauvages. Une sorte de bilan alors que sonnent les trente ans ? On pourrait le penser vu la récurrence de la thématique du souvenir dans l’EP. Cette fois-ci, Dans mon sac sont comme autant de flashbacks de l’enfance, de moments qui ont marqué Chien Bleu, ou de voyages en famille. La famille et les deuils qui y sont liés, autres thèmes marquants de l’album, moments difficiles compensés par l’amitié. En filigrane de tous les titres on sent en effet l’importance de la « meute », ses proches, son public, auquel les titres Poto et Loups rendent hommage. Comme pour ses précédents projets chaque titre est une histoire, qui s’inscrit dans une histoire plus grande encore, celle racontée par Jours Sauvages. Une histoire servie par les multiples influences musicales de Chien Bleu, très loin de ce que l’on s’attend à entendre d’un artiste catégorisé rap, entre influences trap, synth-pop et rock alternatif. Pour les puristes des prods hip-hop et des flows plus agressifs, des tracks comme Bagarre dans la Cour font incursion vers le rap traditionnel.

La meute

Chien Bleu c’est aussi un projet global, lié à une « meute », comprendre beaucoup de talents puisés dans la région lémanique. Jours Sauvages ne fait pas exception à l’habitude de Chien Bleu d’associer à sa notoriété croissante dans le monde musicale les artistes l’entourant. Dès le premier clip, annonciateur du nouvel EP, on retrouve un Genevois aux commandes en la personne d’Alexandre Schild qui a su traduire l’amour du septième art du rappeur en un clip marquant, sur fond de pacte de sang. Si Chien Bleu s’est également tourné vers la Belgique pour le mixage et le mastering, il est resté fidèle à Lupa, autre Genevois que l’on ne présente plus, en ce qui concerne la production. Déjà présente sur Papillon, cette collaboration de longue date explique la cohérence musicale que les fans de la première heure ne manqueront pas de remarquer en écoutant les douze nouvelles tracks. Autres clips, autre local, devant la caméra cette fois, Raphaël Archinard, ancien de la Manufacture, incarne un braqueur en plein questionnement dans Choisis. On s’arrête là mais la liste des collaborations locales pourrait être prolongées sur plusieurs lignes ; il suffit de fouiller un peu les crédits des arrangements, DA, jeu, pour remarquer quelques noms bien connus du milieu culturel genevois : Laureat Bakolli, Isaline Prévost Radeff, Léo Mohr… Un projet très ancré au niveau local donc, et un public local qui lui rend bien étant donné l’accueil fait à Jours Sauvages lors du vernissage.

Le live

Si une ambiance nostalgique se dégage de l’EP, comme c’est souvent le cas dans les projets de Chien Bleu, Jours Sauvages prend une autre dimension en live. Pensé non seulement comme un album mais également comme une performance scénique, le live n’a rien à envier aux meilleurs concerts rocks passés par l’Undertown. Impossible de deviner qu’il s’agit du premier concert, les quatre musiciens présents sur scène sont rodés.

Il faut dire que le vernissage fait suite à une résidence où tout a été réglé au millimètre histoire de montrer que Jours Sauvages est tout sauf un EP qui s’écoute seulement au casque. Et le public l’a bien compris. Synthé, guitare, batterie, et, évidemment, la prestation de Chien Bleu sur scène ont embarqué ses fidèles dès la première track. La première partie n’y était pas pour rien non plus, tant Esras LCC, accompagné de Zinz et Arazcut, ont enflammé la salle avant même que ne résonnent les premières notes de J’aime le feu. Un feat de cette équipe, encore une fois genevoise, avec Icare aura presque fait oublier l’absence d’Aslo, habitué des premières parties de Chien Bleu malheureusement empêché ce soir-là. Pour le match retour à Lausanne, ce vendredi, même volonté de mettre en avant la scène locale, puisque que c’est cette fois le Lausannois Jean-Mule qui assurera le warm up. Une bonne session de rattrapage si vous n’étiez pas à Meyrin la semaine dernière. À la Cave du Bleu Lézard donc. Nous on y retourne.  

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