Baptiste Cazaux : la création pour exutoire

Photo de Farah Mir

Place à Baptiste Cazaux, chorégraphe, danseur, performeur et DJ sous le nom de Glaire Waldork. Un artiste complet, passionné, curieux et en constante réinvention. Nous l’avons rencontré afin qu’il nous parle de son parcours, de ses projets et de la place qu’occupent ses pratiques artistiques dans sa vie. 

De danseur à chorégraphe

Baptiste Cazaux est originaire du Sud-Ouest de la France, où il s’essaie à la danse classique et au modern-jazz d’abord, et à la danse contemporaine ensuite. En 2015, il déménage en Suisse pour intégrer le Ballet Junior de Genève. À l’issue de cette formation, Baptiste danse pour différents projets, notamment avec József Trefeli et Mike Winter à Genève. S’ensuit une période de quelques mois où les contrats se font rares, mais ça ne suffit pas à décourager le jeune artiste, déjà prêt à se réinventer : « J’ai eu beaucoup de temps pour réfléchir et j’ai commencé à ressentir le désir de créer ma première pièce. » 

En 2018, le pari est réussi et Baptiste présente EXERCICES DE STYLE #2 – une pièce en duo avec la danseuse genevoise Akané Nussbaum aux Quarts d’Heure de Sévelin, à Lausanne. Sa mentore pour l’occasion, Véronique Ferrero-Delacoste (à l’époque directrice du far° – festival et fabrique des arts vivants à Nyon) lui propose dans la foulée de présenter une version plus longue de ce travail dans leur programme Extra Time. 

De chorégraphe à DJ

Pendant le premier confinement, privé de scène, Baptiste ressent à nouveau un besoin de réinvention de soi : « Plus rien n’allait et j’étais face à de gros doutes par rapport à la danse et la création de spectacle. Je ne ressentais plus du tout la même passion, le même désir que j’avais avant dans cette pratique-là. » Attiré depuis longtemps par la musique et le milieu de la fête, c’est tout à fait instinctivement qu’il s’est tourné vers une pratique de DJ. « Je m’ennuyais, je déprimais et comme j’ai toujours énormément aimé la musique, j’ai fait une story sur Instagram pour savoir si quelqu’un avait une licence pour un logiciel de DJ. On m’a donné une licence et je me suis lancé à fond ! Pendant cette période, je ne faisais que ça ! Ça me calmait, c’était hyper thérapeutique et c’est vraiment devenu une passion. » Une alternative qui recoupe ses intérêts et surtout un exutoire dans un quotidien sans danse, ni sorties nocturnes. Dans le DJing, ce sont les sensations que lui procurent l’écoute de la musique électronique que recherche Baptiste, aka Glaire Waldork dans ce milieu.

Lollytop 2.0 by Fifibiza invite Glaire Waldork

Nouvelles opportunités : meditation on pretty fast music et GIMME A BREAK !!!

Lorsqu’il peut à nouveau se projeter dans des créations scéniques, les pratiques de Baptiste se lient dans une inspiration commune : « ces thématiques-là – la dépression, le désir de lâcher prise, la catharsis – sont vraiment entrées en jeu dans mes chorégraphies, en lien avec la pratique que j’avais du DJing. » En 2021, en résidence à L’Abri, il crée meditation on pretty fast music, un solo de quinze minutes qui lui servira de point de départ. Cette pièce originale adopte la forme d’une méditation guidée – comme celles qu’il dit avoir écumées durant le confinement – avec une interruption, un passage de danse hardcore sur de la musique très rapide. « C’est un moyen pour moi de parler de ce moment-là de ma vie et de ma tentative de trouver des stratégies de survie dans une société capitaliste. »

GIMME A BREAK !!!, sa nouvelle pièce toujours en création, continue cette recherche d’exutoire physique et mental. « J’y développe une pratique de méditation avec un mantra. Ici, il s’agit en fait d’un sample de batterie des musiques breakbeat – les musiques de rave des années 90 – que je me chante en boucle. En même temps, je fais du headbanging. C’est une manière pour moi de lâcher prise, chercher des sensations fortes et même atteindre un état de conscience altéré ! » 

Chorégraphiquement, Baptiste joue avec les oppositions : « Le mantra apporte une constance rythmique avec laquelle je peux jouer en faisant du headbanging. Là-dedans, j’essaie de transformer le mouvement par le rythme ou par des changements très rapides de qualités dans le corps, de manière à trouver des contradictions. Je cherche une certaine complexité à l’intérieur du corps, une forme d’irrégularité. » 

Sa pièce meditation on pretty fast music a été le premier essai de chorégraphie d’un solo. Dans GIMME A BREAK !!!, Baptiste renouvelle l’expérience. Pourtant, il n’est pas tout à fait seul au plateau : il interagit avec des haut-parleurs, les manipule et joue avec la diffusion du son dans l’espace, un moyen supplémentaire de réunir ses passions ! 

Pour la création musicale, Baptiste fait de nouveau appel au musicien, artiste visuel et performeur Nelson Schaub, aka Être Peintre. Cette collaboration s’est initiée en 2021 sur une autre création, perfect pitch, que les deux artistes performaient en duo.  

Visuel de Nelson Schaub et Anouk Maupu

Des inspirations hétéroclites 

Lorsqu’on lui demande où il trouve ses inspirations, Baptiste prend le temps de réfléchir tant le panel de personnes qu’il admire est large. « Ces derniers temps j’ai beaucoup lu Mark Fischer, philosophe et critique culturel anglais. Il a beaucoup écrit sur la dépression et sur le capitalisme », des sujets qui le suivent dans sa vie et dans ses créations.

Dans le milieu de la danse, il nous parle de la chorégraphe grecque Katerina Andreou. « Elle a un travail très basé sur les pratiques hardcore qui m’inspire énormément… »

C’est avec encore plus d’enthousiasme qu’il parle du groupe de musique 100 gecs. « C’est un duo états-uniens qui est un peu la tête de proue d’un courant psyché qui s’appelle l’hyper pop. Ils font de la pop extrêmement saturée et bourrée de références. Dans un même morceau, tu auras du ska, de la dubstep, des voix autotunés super aiguës et une forte inspiration emo-rock aussi. En fait, je dirais que c’est un peu ma référence principale dans la vie. » 

Les dates à retenir

Le travail de Baptiste Cazaux sera à découvrir àDuplex dans le cadre de l’exposition « Alone together » le 23 février, ainsi que dans une courte performance in situ lors de la soirée d’anniversaire des Printemps de Sévelin le 8 mars. 

Côté DJ set, c’est à Zurich qu’on pourra écouter Glaire Waldork mixer à le 24 février – contactez-le sur Instagram pour obtenir la location !

En attendant, vous pouvez suivre son actualité sur Instagram et découvrir son univers sonore sur Soundcloud

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