Expérimentations graphiques avec Bords Perdus

Lancé en 2019, le collectif d’arts graphiques « Bords Perdus » propose un travail axé sur l’expérimentation, l’originalité et le travail manuel. EPIC s’est entretenu avec les deux membres du collectif, Laetitia Boussel et Laurent Monnet.

Pouvez-vous tout d’abord nous parler de votre parcours avant le lancement de « Bords perdus » en 2019 ?

Laetitia Boussel (LB) : J’ai suivi plusieurs formations dans mon parcours : une formation de maquillage et perruquerie pour les effets spéciaux, des études en histoire de l’art et en archéologie et aussi des études de graphisme à distance. J’ai travaillé dix ans dans la vente avant de me lancer en tant que sérigraphe et relieuse au sein de Bords perdus. Puis, j’ai fondé ma structure en tant qu’imprimeuse sérigraphe et relieuse.

Laurent Monnet (LM) : Pour ma part, j’ai suivi des études de communication visuelle et média design entre Paris et Genève. En 2017, lorsque que j’ai terminé mes études, j’ai bossé pour une agence de communication en tant que web designer, que j’ai quittée début 2021 pour me lancer en tant que graphiste indépendant.

Comment en êtes-vous venus à créer « Bords perdus » ?

LM : On s’est rencontré en 2017 et on a assez vite réfléchit à monter ensemble des projets en lien avec le graphisme. On s’est finalement décidé en 2019 pour lancer Bords perdus sous la forme d’un collectif. On a choisi le collectif, car cela nous permet d’avoir un certain poids, tout en nous laissant la liberté de travailler en tant qu’indépendant·e·s, ce qui n’aurait pas été possible si on avait opté pour l’entreprise.

Pouvez-vous décrire vos activités au sein du collectif ?

LM : On réalise des mandats pour différents types de client·e·s de la région, principalement culturels, comme des galeries d’art, le Grain ou des festivals. On réalise des affiches, flyers ou cartes de visites, tout ce qui touche à la communication visuelle.

LB : Nos créations sont variées, on fait souvent des projets sur mesure, de la micro-édition en petite quantité. On conduit également des ateliers de sérigraphie, de la reliure et de la typographie, tant pour les adultes que pour les jeunes, à travers des cours d’initiation sur les méthodes d’impression. On intervient aussi lors d’événements, en ayant par exemple un stand lors de festival pour réaliser des impressions en public.

« Le premier voyage d’Adèle », avec reliure japonaise.

Souvent, les délais imposés par des client·e·s peuvent restreindre le processus de création. Comment gérez-vous les contraintes temporelles dans le cadre de vos mandats ?

LB : Personnellement, j’ai pas mal de difficultés à gérer le temps. J’ai besoin d’être sous adrénaline pour bien avancer. Dans le cadre de nos mandats, Laurent me sert de garde-fou : lui réfléchit plus et prend son temps avant de se lancer. On est vraiment complémentaire à cet égard !

LM : C’est en effet toujours délicat de trouver un équilibre entre prise de risque et temps à disposition. Surtout avec les délais de livraison de matériel pour réaliser nos créations, qui peuvent parfois être très longs. En pratique, je trouve qu’on arrive bien à gérer ces contraintes, tout en étant transparent avec les client·e·s qui savent qu’on a besoin de temps pour travailler, surtout en duo.

Quel serait votre projet idéal si vous n’aviez ni contraintes financières, ni temporelles ?

LM : Bonne question ! Je crois que pour moi ce serait de réaliser une communication visuelle pour des artisan·e·s entièrement faite à la main, avec par exemple des affiches brodées à la machine, ou sculptées dans du marbre ! Le but serait d’aller au-delà de l’affiche et penser la pièce comme une œuvre d’art à emporter chez soi.

LB : Mon projet idéal serait de confectionner entièrement à la main un livre en marqueterie de paille.

Pour finir, quels conseils donneriez-vous aux jeunes ou aux étudiant·e·s dans le domaine des arts graphiques qui hésitent peut-être à se lancer à fond dans le domaine ?

LB : Pour moi qui ne suis pas issue du domaine de l’art, je dirais aux jeunes intéressé·e·s par les arts graphiques de simplement croire en eux. Même si on n’a pas fait une école d’art, on peut y arriver !

LM : Il est vrai qu’en sortant de la HEAD, on nous fait parfois croire qu’on sera accueilli par tout le monde. Mais en pratique, on est au même niveau que celles et ceux qui sortent des autres écoles d’art ou qui sont autodidactes. Ce qui va faire la différence selon moi, c’est le contact avec les gens. J’ai eu plus de client·e·s en les rencontrant autour d’un verre qu’après l’envoi de centaines d’e-mails. Alors je recommanderais surtout aux jeunes de sortir visiter des expos et des vernissages, bref, d’aller à la rencontre des gens !

LB : Je pense qu’il est aussi nécessaire de dédramatiser les erreurs lors du processus de réalisation. En tant que jeune imprimeur·euse/relieur·euse, il ne faut pas trop se focaliser sur ces erreurs, car tout le monde en fera au moins une fois dans son parcours et elles permettent d’apprendre.

Retrouvez les créations du collectif directement sur leur site ou sur leur page Instagram.

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