Après un premier EP en 2013, le duo hip-hop genevois Le Seil & No’ sortait Sensation de Sans Ciel en 2019. Cet album voit finalement le jour sur les plateformes de streaming en ce début d’année. Les synthés et rythmiques mélodieux de Bastien s’associent avec les textes poétiques de Matthieu pour créer un univers onirique dans lequel on se plait à déambuler. EPIC a rencontré virtuellement les deux membres du groupe.
Comment vous sentez-vous en ce moment ?
Bastien Dériaz (alias No’) : Vaste question ! Disons que je ne vis pas grâce à ma musique, donc je n’ai pas cette urgence pour que les choses reprennent et qu’on puisse se produire en live. À titre personnel, une période fatigante, c’est dur de garder sa motivation toute la journée à télé-travailler. Mais d’un autre côté, le manque d’activités me permet de prendre plus de temps pour aller au studio et faire plus de musique.
Matthieu Rousselle (alias Le Seil) : C’est sûr que c’est pas une période facile, mais ça laisse le temps pour faire d’autres choses. Là par exemple je me suis mis à faire de la composition musicale pour un futur spectacle de danse. C’est aussi l’occasion de mettre au propre mes dossiers de projets. Je pense que c’est un défi pour chacun·e dans son domaine, une exigence pour se réinventer et pour revenir à l’essentiel.
Comment est né votre projet ?
MR : On s’est rencontré au collège, dans le cadre de l’option musique. Pour la maturité on a fait un projet de composition ensemble : Aspiration. On est parti les deux d’un délire avec un aspirateur et au final j’ai fini par inclure cet « instrument » dans ma composition. On est parti de quelque chose de complètement décalé pour en faire un truc sérieux.
BD : On a très vite vu qu’il y avait une certaine alchimie quand on travaillait ensemble. On a rapidement eu un studio de musique et on a fait un premier EP, Pièces et Fragements, en 2013, avec 5-6 titres dessus. On a eu ensuite d’autres projets avec d’autres groupes, on bossait chacun de notre côté. Gentiment, je me suis remis à faire des instrus, et on s’est rendu compte avec Matthieu que ça collait bien avec sa voix. On a recommencé à travailler ensemble en 2017, et un album est sorti finalement en mai 2019.
Quelle formation musicale avez-vous ?
MR : J’ai fait une formation au Conservatoire en percussion classique. Au départ, j’ai surtout joué dans des orchestres en tant que percussionniste. Puis, j’ai joué dans le groupe Somogo avec lequel on a fait des tournées entre 2012 et 2018.
BD : J’ai commencé assez tard à faire de la musique, j’ai fait des cours de guitare en privé au collège pendant 5 ans mais ça s’arrête là. J’étais plus orienté blues, jazz et rock. J’ai toujours été intéressé par le mix, et j’ai tout appris sur le tas. Dans le domaine, cela se fait beaucoup à l’oreille, c’est beaucoup de temps passé à tenter des choses, à sublimer chaque instrument jusqu’à obtenir un résultat convaincant.
Le Seil & No’, d’où vient ce nom ?
MR : J’ai adopté le nom « Le Seil » lorsque je travaillais sur mon album. Quand j’ai pris conscience de l’univers artistique que je créais et dans lequel j’évoluais, j’ai cherché le nom du personnage qui pourrait y vivre. En recoupant des concepts qui m’inspiraient je suis arrivé à « Le Seil ». J’ai vu que c’était le nom de deux lieux, une île écossaise et le bras mort d’un fleuve, qui correspondaient assez bien à mon univers poétique.
BD : Le nom « No’ » provient du morceau L’Arche de No’. Je cherchais un blaze lorsque notre projet touchait à sa fin, et comme je trouvais vraiment bien le morceau, j’ai adopté le nom.
Comment composez-vous vos textes ?
MR : Les textes viennent en principe de moi. J’ai une approche assez poétique pour écrire. Je m’inspire toujours d’une image, d’un sentiment ou de mes expériences pour composer. Mais l’inspiration vient également des morceaux composés par Bastien. Parfois, en entendant quelques rythmes ou harmonies, cela me fait penser à des textes déjà écrits. Donc je prends quelques passages et les adapte pour faire concorder avec la musique.
BD : Ce que j’aime avec les textes de Matthieu, c’est qu’ils nous font beaucoup voyager. J’ai beau les entendre des centaines de fois lors qu’on fait le mix et le mastering, je découvre toujours encore aujourd’hui de nouvelles subtilités dans les paroles !
Avez-vous des projets solos ou des collaborations avec d’autres artistes ?
BD : On a sorti le titre Flow avec Rion Scorp l’été dernier. Mais sinon la plupart des collaborations que je fais c’est avec Matthieu, notamment sur des projets instrumentaux. Ces prochains temps, j’aimerais me lancer en solo pour remettre la guitare au centre de mes créations, car jusqu’à présent j’ai beaucoup travaillé avec des synthés et j’ai envie de réexplorer mon instrument.
MR : En janvier dernier, j’ai sorti mon premier album, Ravin. C’est un album solo mais Bastien y est tout de même impliqué car il y a réalisé le mix et le mastering. Je trouve cool d’avoir d’un côté un projet solo et de l’autre des collaborations avec d’autres artistes. Tu développes de nouvelles compétences dans un projet que tu peux ensuite utiliser dans un autre. Collaborer avec Bastien m’a par exemple beaucoup appris sur la manière de retravailler une maquette pour en faire un morceau : comment « travailler au corps » le morceau quitte à risquer de briser l’harmonie pour en créer une nouvelle et amener le projet plus loin.
Une fois que les concerts seront à nouveau possibles, prévoyez-vous de vous produire en live ?
BD : On aimerait bien, mais c’est compliqué de jouer en live les morceaux de Sensation de Sans Ciel car il nous faut quelques des musicien·ne·s en plus pour pouvoir jouer tous les instruments. Mais si les concerts peuvent reprendre, on aimerait lancer un projet avec batterie, guitare et looper, une petite formation avec laquelle on pourrait faire des concerts.
L’album Sensation de Sans Ciel est disponible sur Bandcamp, YouTube, et Spotify. Suivez le duo sur leurs pages Facebook, Instagram, et Mx3.
