Jeune producteur genevois, l’artiste TOMATOSLICE commence tranquillement à faire sa place dans le milieu de la lofi house. Après un EP paru en 2021, le producteur planche actuellement sur un nouveau projet à paraître cet été. EPIC a pu le rencontrer pour discuter de sa pratique et de la scène house à Genève.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Jonan Ribordy, mon nom d’artiste est TOMATOSLICE. J’ai 22 ans, je fais de la musique depuis cinq ans et de la lofi house depuis maintenant trois ans.
Comment es-tu arrivée dans le monde de la production de musique house ?
Je n’avais de base pas beaucoup d’affinités musicales avec ce genre. Quand j’étais au collège, j’ai rencontré un ami qui jouait de pas mal d’instruments – batterie, clavier, guitare – et qui faisait des prods sur SoundCloud. Ça m’a bien inspiré et je me suis lancé en achetant mon premier ordi ainsi qu’un clavier MIDI. De fil en aiguille, je me suis entraîné, amélioré puis en 2018 je me suis plutôt orienté vers la house. J’ai ensuite sorti un EP de cinq morceaux sur Midtown House, un petit label new-yorkais indépendant. À ma grande surprise, cela a plutôt bien marché ! Je me suis alors dit que j’allais continuer sur ma lancée et bosser plus sérieusement dessus.
Avec quoi travailles-tu actuellement ?
J’ai toujours le même ordi que j’utilise avec le logiciel ableton sur lequel j’ai commencé, mais j’ai depuis acheté des enceintes de bonne qualité, un Korg Minilog, un Roland TR-8S et TB-03.
Quels samples aimes-tu particulièrement utiliser dans tes productions ? J’ai pu entendre un extrait d’un sketch des Inconnus dans un de tes morceaux…
J’aime bien utiliser des samples vocaux en background dans mes productions, peu importe d’où ils proviennent. En plus, c’est relativement facile d’intégrer ces samples dans un morceau. En revanche, c’est autre chose pour les samples chantés, qui proviennent souvent du disco, et qui sont plus difficile à intégrer avec une musique. Je le fais moins souvent car ça peut être assez traitre.
Tu as collaboré avec plusieurs autres producteurs de house, comment ça se passe concrètement une collaboration ?
Ça, c’était nouveau pour moi. J’ai reçu trois ou quatre demandes de la part d’artistes que je ne connaissais pas. Concrètement, on bosse à distance en s’envoyant des fichiers : tu commences un bout de morceau, tu le lui envoies. Il modifie en ajoutant sa patte, il te le renvoie, etc. Une fois qu’on est d’accord sur la construction du morceau, on fait le mix et le mastering.
Tu as commencé par produire alors que beaucoup commencent par mixer. Est-ce que tu t’es déjà aventuré dans le mix ?
Oui, j’ai commencé depuis peu à faire du DJ live, mais c’est vraiment tout nouveau ! D’ailleurs, la première fois que j’ai fait du DJ, on m’a expliqué quinte minutes avant comment cela fonctionnait et j’étais pas mal stressé, même s’il ne devait y avoir que quinze ou vingt personnes en face de moi. Finalement, j’ai bien apprécié l’expérience et je crois qu’aujourd’hui j’aime autant la production que le mix live.
Tu es un jeune artiste mais avec relativement beaucoup d’écoutes, plus de 40’000 par mois sur Spotify par exemple. Comment tu t’y prends pour faire connaître et partager ta musique ?
Ça fait plaisir de voir que ce que je produis est écouté mais à vrai dire, je ne suis pas trop dans ces trucs de marketing. Je sais que je devrais en faire plus pour faire parler de mes productions, mais je m’en fous un peu…
Justement, tu es plutôt Spotify ou SoundCloud ?
Les différences sont grandes entre ces deux canaux. Spotify, je dirais que c’est le capitalisme appliqué à la musique : c’est une plateforme qui fait très professionnelle, mais seule une toute petite proportion des artistes sur la plateforme parvient à en tirer un profit suffisant pour vivre de sa musique. Être sur Spotify coûte très souvent plus que cela ne rapporte, en fonction des distributeurs que tu choisis. En plus, tu n’as aucun moyen d’avoir un contact avec ton audience.
SoundClound c’est gratuit et tu gères quasi tout toi-même. Tu peux répondre aux gens directement, mettre des commentaires, etc. Personnellement, je trouve que SoundCloud me permet de découvrir bien plus de nouvelles musiques, l’exploration est plus facile, surtout dans le milieu de la lofi house, où de nombreux producteur·trice·s recourent à cette plateforme.
Ce genre se retrouve aussi beaucoup sur YouTube, est-ce aussi un canal que tu consultes ?
Moins, mais il est vrai qu’il y a des chaînes YouTube comme celles de EELF ou Novaj qui font de l’excellent boulot pour faire connaître les artistes de house !
Pour revenir au local, que penses-tu de Genève et de sa scène house/techno/musique électronique ?
Je qualifierais la scène genevoise de house de « suffisante ». Il y a de quoi faire, mais quand tu compares à Zurich, c’est plutôt réduit ce qu’il se passe à Genève. À mon avis, on pourrait en faire un peu plus, tant au niveau de la programmation dans les clubs que dans le nombre d’artistes qui sont en activité dans le milieu house.
Quels sont tes projets pour 2022 ?
En 2022, j’aimerais tout d’abord plus mixer à Genève. Ça me plairait également de passer sur Couleur3, car j’apprécie beaucoup ce qu’ils proposent en matière de musique électronique ! Musicalement parlant, j’ai pas mal de collaborations avec des musicien·ne·s house en cours, notamment un projet avec Pedro Cañas prévu pour début avril. Sinon, je compte aussi sortir un EP de Liquid Drum & Bass/Jungle d’ici le début d’été.
Pour finir, quels sont les sons que tu écoutes en boucle en ce moment ? Et quelle a été ta dernière découverte ?
Je citerais Strength de j^p^n, Loose change de Earl Sweatshirt et Trans Love Vibration de Eris Drew. Et pour la découverte je dirais Luna Li dans un autre domaine, car elle fait de l’indie pop.
Pour en savoir plus sur ce jeune producteur genevois, suivez-le sur Spotify, SoundCloud, Bandcamp ainsi que sur Instagram.