Owelle, la technique au service de la musique

© Nyssa Schlaefli

Avec la sortie de son EP, Detuned Leashes, la DJ et productrice Genevoise Owelle affirme sa position dans la scène musicale électronique Suisse. Autant musicienne que technicienne, Owelle a su imposer un style bien à elle qui lui vaut aujourd’hui d’enchaîner les dates prestigieuses.  Portrait et retours sur Detuned Leashes.

Un début derrière les platines

Owelle fait partie de ces artistes que Genève a vu grandir, qui ont passé toutes les étapes, consciencieusement, avant de devenir des incontournables de la scène Suisse. Il faut dire que dès le début, elle avait tout pour se faire un nom, à commencer par une passion pour la musique, qu’elle quelle soit. Si l’on s’est habitué à la voir derrière des platines ou en train de brancher des câbles, c’est en fait au sein d’un groupe de rock que Valérie, de son vrai nom, a fait ses classes dans la musique. Le côté électronique est arrivé plus tard, en parallèle des projets réalisés dans le cadre de ses études à la HEAD.  Dès lors, la DJ a commencé à écumer les line-up genevoises, propulsée également par son arrivée chez Nout Agency. Entre techno, breakbeat et IDM, les sets d’Owelle sont vite devenus récurrents dans le paysage musical romand.

Production et perfos live

L’histoire aurait pu s’arrêter là et être déjà un succès. Mais la passion d’Owelle pour le côté technique l’a poussée, en parallèle du mix à regarder du côté de la production, et vers la possibilité de jouer ses propres créations en live : « J’ai toujours aimé manipuler le son, déjà pendant mes études, la production a toujours été là, et il y a une autre dimension à faire du live, à créer en direct ». Parce qu’au-delà des releases, Owelle s’est tournée, notamment au travers d’une résidence à Canal 54 avec e-garbage, vers les jams électroniques, lui permettant d’improviser sur différents types de machines. Un panel de compétences techniques complet donc, renforcé par ses études d’ingénieure son. Un profil qui détonne dans un milieu qui reste très masculin : « J’ai conscience de ça, dans ma classe je suis la seule femme, et dans le milieu de la production on reste minoritaires aussi, j’espère que ça peut faire bouger les choses de voir une personne non homme cis à un poste technique ou derrière des machines ».

© Julie Bellard

Detuned Leashes : un premier EP sans complexe

Une volonté d’exister au travers les côtés plus techniques de la musique qui s’est concrétisée tout d’abord par de premières releases en autonomie avant de faire une entrée fracassante dans le monde de la production en sortant Detuned Leashes en mars dernier. « En fait je travaillais sur quelques tracks depuis un moment, qui avait toutes une ambiance commune, qui pouvaient très bien fonctionner ensemble, sous forme d’EP. Avec Alina [Calmak, Nout Agency] on a contacté un label et au final les choses se sont faites assez naturellement ». 5 tracks sorties sur le label biennois Creaked dans lesquelles on sent l’influence du milieu musical Suisse puisque l’on retrouve Feldermelder au mixage et mastering ainsi qu’un remix signé Atønal.

En ce qui concerne les influences, les parallèles s’arrêtent là. Dans Detuned Leashes, Owelle fait ce qu’elle veut, sans se poser de questions sur les conventions de la musique électronique. Une liberté totale qui se ressent dans chacune des tracks, qui jouent entre intégration des codes de la techno et expérimentations. Les sons clubs s’associent à des sonorités psychés, toujours sur un fond très électronique, qui nous rappelle sans arrêt la passion d’Owelle pour les branchements compliqués et la programmation. Aucune structure attendue dans Detuned Lashes, des titres comme K3679ZT font sentir que l’EP a été conçu sous l’impulsion de la compulsion créatrice, et qu’Owelle a surtout voulu mettre dedans tout ce qui lui plaisait dans la musique électronique, et dans la musique en général. Si Detuned Lashes aurait pu, du fait de sa propension à aller vers l’expérimental, être un album peu accessible, c’est finalement totalement l’inverse qui se produit. En combinant toutes ses références, en ajoutant des voix et en mélangeant les styles, Owelle réussit à faire de son EP un bijou de créativité pour qui connaît la musique électronique et une porte d’entrée complètement abordable pour qui y est externe.

© Anne-Sophie Cambeur

L’été d’Owelle

Detuned Leashes et les perfos live d’Owelle ne sont pas passés inaperçues et ont valu à la productrice une reconnaissance immédiate qui s’est notamment concrétisée par des programmations de renom. Bookée en première partie de Jeff Mills à Dijon en avril, Owelle est également à retrouver à l’affiche du Paléo 2023 : « Être programmée au Paléo c’est vraiment une étape pour moi, imaginer que je vais jouer là où j’étais engagée comme bénévole plus jeune, dans un festival qui a une aussi grande renommée en Suisse c’est vraiment incroyable et excitant ». En parallèle de ces grosses dates, Owelle reste fidèle à Genève et a ses premières passions tournées vers le visuel, en préparant actuellement une performance en collaboration avec Structurals pour le Mapping Festival aux Jardins des Nations, à voir et écouter ce vendredi 26 mai.

Les prochaines dates d’Owelle : 26.05.2023 Perception Scaled live performance at Mapping Festival w/ Structurals à Jardin des nations (Genève, Suisse) / 27.05.2023 Night with Konnekt (live) à Le Groove (Genève, Suisse) / 1.06.2023 Kzern by Mind7 à Kzern (Genève, Suisse) / 3.06.2023b2b w/ Sophiise à Mjut (Leipzig, Germany) / 10.06.2023Live Set à Tiff (Leipzig Germany) / 16.06.2023 Nathan Solo (live), Entelechia (live), E-garbage (live), Owelle (live), Halusk by Nout Agency à L’Ecurie (Genève, Suisse) / 21.06. 2023 Résidence w/ E-garbage – Canal 54 (Genève, Suisse) / 20.07.2023 Paléo Festival w/ Helena Hauff, Daniel Avery and Belaria à Paléo (Nyon, Suisse).

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