Tribunes épicuriennes #5 – Juliette

La team d’EPIC a décidé de vous offrir un tour d’horizon des histoires personnalisées de ses rédacteur·trice·s. Le principe est simple : chaque semaine, un·e membre abordera sa vision du webmagazine et comment celle-ci a évolué de concert avec la pandémie. Après Clément Bourdin la semaine dernière, Juliette Gaultier, membre d’EPIC depuis un an et demi, se prête à l’exercice.

Cette tribune vise à faire entendre nos diverses manières de construire, de créer, et de parler des artistes qui nous touchent. Aujourd’hui, je souhaite vous partager mon processus créatif qui concerne le médium que j’affectionne particulièrement : celui de la vidéo. Il semble essentiel de dire que ma vision des projets vidéo, de leur réalisation et de la manière de les monter a évolué ces derniers mois. Ayant commencé la HEAD en septembre, mes envies se sont précisées et me permettent d’approcher les projets sous un autre angle. 

L’intérêt que je voue à la vidéo s’est d’abord constitué autour du simple fait que c’est un médium qui, selon moi, permet d’accéder à certaines réalités en proposant une vision particulière de celles-ci. Par les choix du cadrage, de la manière de filmer l’artiste avec lequel nous collaborons, c’est une forme d’expression qui retranscrit la réalité par la vision particulière offerte par le médium. Ce dernier a le pouvoir de faire ressentir directement ce qui est vécu, représentant les réalités plurielles. Filmer, c’est vouloir mettre en valeur non seulement la parole de l’artiste interviewé·e, mais aussi son expérience personnelle. De manière plus générale, c’est se demander comment rendre compte au mieux de la personne que l’on filme. Filmer, c’est considérer le corps et l’intimité qui nous sont donnés. Je ne renie pas l’écriture, qui est tout autant intégrée dans mon processus de création – elle m’aide généralement à structurer mon projet. Je pense davantage en termes de mots. Ce sont eux qui me permettent de lier les images que je veux faire se succéder pour créer la vidéo finale.  

Avec EPIC, nous avons de nombreux projets vidéo qui vont s’installer lorsque la situation le permettra. Ces séries requièrent différentes approches, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Lors d’une interview, ce qui m’importe, c’est de faire en sorte d’élaborer des questions assez précises pour que l’on puisse créer un montage fluide et dynamique. Il est essentiel dans ces cas-là, comme pour tout article, de s’informer au préalable et de se demander comment faire pour que la personne qui sera à l’image soit à l’aise face à la caméra. Les portraits d’artistes m’amènent à faire en sorte de m’imprégner de leurs environnements, de leurs dynamiques pour que la vidéo soit à leur image. Pour les projets que nous avons en tête pour le futur, ils s’axent plutôt autour de la réalisation. Nous sommes en train de réfléchir à l’esthétique que nous voulons créer, de l’ordre de la mise en scène. Nous réfléchissons à des façons de connecter les artistes aux environnements que l’on côtoie quotidiennement à Genève. 

En réalité, quand je me rends sur un tournage pour EPIC, je fais en sorte d’avoir bien préparé mon matériel pour que je puisse être pleinement libre de penser aux instants que j’aimerais saisir. Les idées viennent ensuite des personnes que je rencontre et du cadre qui se présente. Je vais être honnête, ce n’est pas toujours facile ; il y a parfois des aléas qui nous amènent à faire des changements de dernière minute mais qui permettent aussi, parfois, d’adopter d’autres perspectives. En somme, ce qui m’importe dans la réalisation de vidéos, ce sont trois choses : la lumière, qui contribue à la qualité de la vidéo, à son esthétique, le décor et la personne que je vais filmer, dans l’optique de saisir le moment d’intimité partagé à l’instant donné. 

La rédaction d’article diverge du processus de création de vidéos. Ecrire me demande davantage d’exigence, notamment parce que je veux vraiment que les mots choisis soient les bons, qu’ils correspondent à ce qui m’a été dit pendant l’interview, qu’ils permettent de parler au mieux du travail de la personne en question. Ayant une mémoire plus visuelle, il m’est toujours plus facile d’imaginer des images. Aussi parce qu’elles se nourrissent des œuvres découvertes. 

Last but not least, filmer, pour ma part, c’est aussi un engagement. Notamment parce que nos quotidiens regorgent de choses à voir, et que filmer, c’est poser un regard particulier, à un instant t, propre à la personne rencontrée.

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