Chroniques du dehors, le collectif LiMONADE pour une première au far°

©LiMONADE, Morgane Ischer

Le far° ouvrira demain les portes de son communs singuliers #1, un temps fort sur dix jours, durant lequel les arts vivants seront au centre de Nyon. Des portes bousculées et revisitées, par l’équipe de la fabrique des arts vivants au vu de ces temps de changement. Pour ce renouveau, EPIC-Magazine a rencontré le collectif LiMONADE présentant leur première création en collaboration avec le far°, ainsi que Véronique Ferrero Delacoste, sa directrice.

Depuis trente-cinq ans, le far° festival des arts vivants rythme les étés romands par sa programmation éclectique, mêlant artistes locaux·les et internationaux·les. Alors que le festival terminait les détails de son été, la crise sanitaire est venue bousculer ces derniers ajustements. En réponse aux mesures sanitaires et aux interdictions de rassemblement, l’équipe du far° a mis en marche une transition, prouvant une fois encore sa réactivité et son écoute du monde en mouvement.

far° pour une fabrique de l’art vivant

Réputé pour ses questionnements et engagements sociétaux, le far° se veut une structure d’accueil et de soutien aux artistes en création. Dès les premières années de Véronique Ferrero Delacoste à la direction du festival, les limites des représentations ont été dérangées. « Nous sommes là pour accompagner l’artiste et son travail, non le contraindre à une certaine forme selon nos structures ou obligations. Notre métier c’est rendre possible ses envies, écouter ses besoins. C’est, par le dialogue, interroger l’espace, la temporalité, le contexte qu’une œuvre demande. C’est accompagner et prendre soin d’un processus créatif. S’il faut se rendre en montagne plutôt que dans un théâtre, nous irons en montagne. »

©Jocelyne Fracheboud

La crise du Covid-19 a percuté un festival en pleine réflexion quant à la rencontre entre un artiste et le public. Après un temps d’incertitude, la décision de maintenir l’édition du far° a été libératrice. « Ce que nous ne pouvions pas faire, c’était rassembler beaucoup de monde au sein d’un espace fermé. Mais faire exister l’art dans le monde et apporter de la créativité dans le quotidien étaient possible, et c’est là l’essence du far°. Nous avons donc repensé notre programmation, échangé avec les artistes pour ne plus proposer un festival enfermant les œuvres dans certains codes, mais pour offrir une fabrique des arts vivants. En réalité, la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer un questionnement déjà bien entamé. Ainsi nous sommes heureux·ses de présenter des travaux en processus et de penser le far° sur un temps plus loin, un territoire plus étendu. »

Le far° sera donc a retrouvé durant la saison 2020-2021 grâce à plusieurs projets sur le long cours dont celui du chorégraphe Laurent Pichaud …en jumelle ou Common Dreams: Moving Away Together de Maria Lucia Cruz Correia avec les étudiants·es de la HEAD. Et d’autres encore à découvrir dans de prochains temps forts communs singuliers.

Laurent Pichaud avec son projet …en jumelle, ©Laurent Pichaud

Collectif LiMONADE, une exploration de la région

Le far° met un point d’honneur à offrir des espaces aux jeunes artistes, que cela soit par le format Extra Time ses dernières années ou leurs collaborations avec les institutions culturelles dont la HEAD. C’est par cette collaboration que le jeune collectif LiMONADE s’est lancé dans l’aventure du far°. Étudiantes au master TRANS – Pratiques artistiques socialement engagées, Morgane Ischer, Léonie Marion et Alice Perritaz se sont rassemblées et penchées sur notre lien au vivant. « Les pratiques collectives font partie intégrante du master. Dès le début du cursus, nous sommes amenés·es à collaborer. Nous nous sommes rendues compte que nous avions des affinités et des envies de projets similaires. Une sorte de rencontre coup de cœur », nous explique Léonie Marion. « Quand la proposition de créer pour le far° s’est présentée, nous n’avons pas beaucoup hésité. En discutant avec l’équipe et Véronique, on a senti le lien entre leurs valeurs et notre travail. De fil en aiguille, le projet a pris forme. »

Dans cette attention aux artistes et à leur accompagnement, l’équipe de la fabrique des arts vivants a été présente le long du processus. Alice Perritaz nous en donne un aperçu : « Nous avions envie d’un projet participatif construit autour d’anecdotes en lien avec les habitants·es de la région nyonnaise. Ça devait parler d’écologie, cette thématique étant centrale dans nos vies à chacune ou dans notre pratique. Nous avions prévu de les rencontrer et d’échanger avec elles et eux, malheureusement le Covid est passé par là. Ça a été assez déstabilisant. Mais après discussion avec l’équipe du far° et leur décision de maintenir l’édition, on n’a plus douté. En deux semaines, on a repensé le projet nous basant sur les observations qu’un quasi tout un chacun avait pu faire durant le semi-confinement : observer la naissance du printemps. L’appel à participation a été lancé en ligne et à partir de ces observations nous avons créé Chroniques du dehors».

Présentée en extérieur, la performance du collectif LiMONADE se fera dans l’intimité de petits groupes. Dans une déambulation accessible à tous·tes, les artistes inviteront le public à l’observation par différents registres. « Nous avons travaillé à croiser les regards et les voix, qu’elles soient poétiques, anecdotiques ou scientifiques pour s’arrêter avec attention sur ce qui nous entoure, la faune et la flore de nos régions, questionnant ainsi nos liens et relations à elles », conclue Morgane Ischer.

Laissez-vous surprendre ce jeudi 13 août ainsi que vendredi 14 et samedi 15 par la proposition du collectif LiMONADE. La billetterie ainsi que le reste de la programmation sont disponibles sur le site internet du far°, tenu à Nyon du 13 au 22 août pour communs singuliers #1.

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