Elle, d’or à dos : à la rencontre du vivant, par la cie Mûes

Dans une pièce de danse-théâtre où se marient musique, lumière et scénographie, la compagnie Mûes s’empare de l’écologie pour y poser un regard philosophique. Au travers d’un conte inspiré des œuvres de Miyazaki, Elle, d’or à dos défend un humain en dialogue avec ce qui l’entoure, et ce du 6 au 9 octobre au Théâtre de l’Étincelle.

Créée en 2018, la compagnie Mûes est une compagnie de danse-théâtre dans laquelle se rencontrent corps et musiques. Composée de deux danseuses-chorégraphes et comédiennes, Héloïse Dell’Ava et Polina Sonis, deux muscien·ne·s, Josefa Ibarra et Matthieu Rousselle, ainsi que d’un comédien, Adrien Zumthor, la compagnie a pour cœur l’échange. Ainsi, elle a déjà exploré, par le bais de performances et ateliers, la rencontre de ces disciplines. Riche de cette recherche, aujourd’hui elle présente son premier spectacle Elle, d’or à dos, une création collective impliquant dix-sept artistes dans la confection de tableaux dansés au service de l’écologie.

©Charlotte Gergaud

« La compagnie Mûes tire son nom de celles des serpents pour dire nos changements constants, les mutations de nos identités. Elle prend appui sur cette image des peaux qui tombent pour raconter nos vies en continu travail. Ce nom raconte aussi notre vision du mouvement en dialogue avec la musique, puisque l’on est traversé et mû par elle, comme on peut être traversé et mis en mouvement par une émotion. Tous ces éléments se retrouvent dans le travail de la compagnie basé sur l’écoute et l’accueil tant de soi que des autres, mêlant dimension sociale au sein de l’équipe et la dimension artistique », nous explique Héloïse Dell’Ava, fondatrice et directrice artistique de la jeune compagnie.

Miyazaki pour une autre écologie

Elle, d’or à dos prend naissance dans le travail personnel d’Héloïse Dell’Ava alors étudiante à l’Accademia Dimitri – école de théâtre physique du Tessin. Dans le cadre de son travail de bachelor, elle se penche sur l’adaptation des animés de Hayao Miyazaki, en particulier sur son traitement des personnages qu’elle tente d’amener à la scène par le corps. Dialoguant avec le fantastique, elle questionne et incarne la dualité des personnages, dont ceux de Nausicaa de la vallée du vent et La princesse Mononoke. Ce travail physique et sensible se retrouve dans Elle, d’or à dos jusque dans l’histoire contée par les corps.

« Dans ses aminés, Miyazaki va plus loin qu’un méchant et un gentil en conflit, il questionne avec eux des forces destructrices et des forces de paix. Chaque personnage a quelque chose à apprendre de l’histoire et des rencontres qu’il y fait, quelque chose à comprendre en soi. C’est ce qui m’intéressait dans son travail. Cette part d’humain en chacun·e·x et jusque dans le rapport à la Terre, à l’écologie. C’est le moteur de la pièce. Reconnecter avec cette part humaine de nous, inscrite dans le cycle naturel de la Terre et de la vie, de la mort. Elle, d’or à dos c’est la rencontre de deux mondes, le Bureau et la Forêt, deux mondes qui sont, l’un comme l’autre, renvoyés à eux-même par leur affrontement et qui doivent reconnaître leur identité profonde pour s’accorder et survivre. »

La compagnie Mûes raconte, au travers de huit tableaux, cette histoire de guerre entre la Forêt et le Bureau de l’Ortreprise. Par la confrontation de leur représentante, une magicienne et Orore patronne, l’écologie est abordée dans un sens décalé, une écologie qui ne peut se faire sans conscience de soi, ni soin à soi. « Pour faire sa part écologique et s’occuper de la Terre, il faut avoir conscience qu’on en fait partie en tant qu’humanité vivante. Parce que rester dans la culpabilité de nos actions destructrices ne fait que nous en éloigner. Elle, d’or à dos défend une écologie intérieure sans laquelle nous ne pourrons agir. »

Un travail d’écoute

Le travail collectif et collaboratif est l’autre socle de cette pièce. Dans son processus de création, ayant débuté en 2019, dix-sept artistes sont venu·e·x·s nourrir le projet et apporter leur soutien à la compagnie Mûes. Allant des sept jeunes danseur·euse·x·s sur scène, aux deux costumières, à la scénographe, au créateur lumière, aux deux muscien·ne·s, aux soutiens chorégraphiques, chacun·e·x a eu son rôle à jouer et sa part de responsabilité dans l’élaboration d’Elle, d’or à dos.

©Matthieu Rousselle

« Cette pièce, c’est une écriture de plateau collaborative. On a commencé par écrire les tableaux en parallèle de la composition musicale, c’était un échange constant entre nous. Quand je coinçais sur un tableau, j’allais écouter les essais et improvisations de Matthieu et Josefa. Et à l’inverse eux prenaient appui sur les textes qui leur arrivaient pour en faire naître l’ambiance sonore de la pièce. Et cette écriture des tableaux ne pouvait se faire sans le corps, il en était l’impulsion. Autre exemple, dès le début du processus, la lumière et la scénographie étaient présentes dans nos réflexions et nourrissaient la création. Ces allers-retours entre les arts définissent Elle, d’or à dos, ces échanges où chacun·e·x est mis·e·x à contribution et apporte au projet qui grandit. »

À cette notion d’échange s’ajoute la dimension pédagogique. Parmi les sept jeunes danseur·eus·x·s présent·e·x·s sur scène, plusieurs sont actuellement en étude au CFC danse contemporaine. Ainsi leur participation s’inscrit dans un processus de formation découvrant la danse-théâtre. Cet aspect pédagogique fait partie de l’identité de la compagnie Mûes qui désire développer ces moments de rencontre et de partage, s’appuyer sur eux pour faire évoluer la compagnie.

Elle, d’or à dos est à découvrir dès le mercredi 6 octobre et jusqu’au samedi 9 au Théâtre de l’Étincelle à la Jonction à 20h. Les réservations se font par mail à billetterie.mues@gmail.com et les billets seront à retirer et payer directement sur place.

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