[EPIC ESKIS N°21] VON WERNER

© VON WERNER

Pour cet EPIC ESKIS du mois de mars, EPIC s’est entretenu avec Von Werner, étudiant à la HEAD, illustrateur et sérigraphe. Fort d’un parcours extrêmement riche et varié, il nous présente quatre illustrations inspirées des diverses techniques qu’il utilise.

Hello, merci de ta participation à cet EPIC ESKIS du mois de mars ! Pour commencer peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Paul Werner, je fais de l’illustration sous le nom de Von Werner. Je suis actuellement en troisième année de Communication Visuelle option Image/Récit à la HEAD, je vais passer mon diplôme à la fin de l’année. À l’origine je suis de Strasbourg, je suis arrivé à Genève il y a deux ans pour mes études.

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

À la base j’ai fait un baccalauréat scientifique en France, mais je savais depuis un moment que je voulais m’orienter dans des études d’art. Après mon bac j’ai fait une mise à niveau en arts appliqués à Estienne à Paris. Pendant cette formation j’ai pu découvrir plusieurs métiers d’art comme la reliure, la gravure, la typographie et l’illustration. Même si j’étais arrivé à Estienne pour faire de l’illustration je suis vraiment tombé amoureux de la gravure parce que je trouvais le procédé et la technique fascinants. C’est aussi à cette période que j’ai découvert le milieu de l’auto-édition et que j’ai eu envie de pouvoir m’auto-éditer. J’ai vraiment été attiré par le fait de maîtriser l’ensemble du processus, du dessin à l’objet fini. J’ai travaillé là-dessus pour rentrer dans la formation en gravure de l’Estienne, où j’ai découvert la sérigraphie dans laquelle je me suis finalement spécialisé et diplômé. J’ai ensuite travaillé pendant un an dans un atelier de sérigraphie parisien, le Paris Print Club.

Après Estienne et l’atelier de sérigraphie j’avais vraiment envie de revenir vers une formation plus théorique. Je suis donc allé faire un Bachelor en histoire de l’art à l’Université de Strasbourg. À ce moment je pensais arrêter de produire en tant qu’artiste et me concentrer sur le côté théorique de l’art mais au final je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à lâcher les ateliers. C’est pour ça que j’ai postulé à la HEAD, pour terminer ma formation pratique.

Qu’est-ce qui t’a plu dans la sérigraphie ?

La sérigraphie a assez mauvaise réputation dans les métiers d’art, et est vue comme une sous-technique d’impression parce qu’on imprime tout et sur tout. C’est vu comme un procédé très industriel et éloigné des métiers d’art et d’artisanat. Mais pratiquer m’a vraiment donné envie de mêler gravure et sérigraphie, de mixer les procédés d’impression. J’adore cette idée d’exploiter plusieurs techniques.

Tu as donc un parcours très riche, actuellement tu te concentres sur quoi ?

Jusqu’à présent j’étais plus dans une pratique d’images imprimées, ce qui est à différencier de la pratique de l’illustration ; même si c’est très proche, la pratique est différente. Mais depuis que je suis à la HEAD, comme j’ai déjà un bagage technique du fait de mes autres formations, je me suis plus intéressé à ma pratique en tant que dessinateur et surtout en narration et en bande-dessinée. C’est d’ailleurs le sujet de mon projet de diplôme : la narration non linéaire en bande-dessinée contemporaine. Je m’intéresse surtout à comment des images seules peuvent créer un récit, une narration. L’agencement des images pour que les lecteur·ice·x·s puissent être proactif·ve·x·s dans leur lecture, interpréter, se questionner et ne pas avoir une histoire clés en main est ce qui m’intéresse actuellement.

Peux-tu nous en dire plus sur les illustrations que tu propose pour cet EPIC ESKIS ?

Les illustrations que je propose sont issues d’un carnet que j’ai commencé il y a peu, où je dessine en automatique, c’est à dire sans construction : je vais produire un dessin avec un outil sur lequel je ne peux pas revenir, comme un feutre, un stylo.

Ça faisait longtemps que je ne bossais plus avec des couleurs, là c’est une série de feutres, ce qui me limite en termes de choix de couleurs et me permet de jouer avec des associations, un peu comme en sérigraphie, où tu ne vas pas multiplier le nombre de passages que tu vas faire donc tu joues avec les chevauchements de couleurs. Pour l’EPIC ESKIS je voulais renouer avec ce travail aux feutres, en automatique, où je créé des séries pour développer ce que j’ai fait précédemment pour aller développer, chercher plus loin à chaque dessin.

Quelles sont tes inspirations ?

Je tire beaucoup mes inspirations de l’univers médiéval, notamment de la gravure médiévale et des jeux sur la proportion qu’on y trouve. À cette période ils ne se préoccupaient pas des proportions, c’est arrivé plus tard avec la Renaissance italienne ; il y avait vraiment un rapport graphique où l’importance des personnes représentées s’évaluait à leur taille. C’est quelque chose que j’aime beaucoup.

En dehors de ça, je suis inspiré par le graphisme punk et underground, des créations hyper directes comme ce que fait Félicité Landrivon, qui est très cash dans son approche et exploite beaucoup de choses que je trouve très intéressantes. Selon moi elle fait partie des personnes qui ont révolutionné le rapport au graphisme ces dernières années. Il y a aussi beaucoup d’autres artiste·x·s qui m’inspirent, notamment dans le milieu de la narration non linéaire.

J’ai aussi des inspirations plus personnelles, plus autocentrées sur des questions que je me pose tous les jours. Sur le moment je ne me demande pas vraiment ce qui m’inspire, c’est aussi pour ça que je fonctionne beaucoup en automatique, j’évite de sur-réfléchir sur les images que je produis.

Pour les illustrateurs, je citerais Patrick Kyle, Maxime Sabourin, Etienne Ciquier, Hélène Jeudy ou encore Pia-Melissa Laroche.

Tu ne postes pas beaucoup sur les réseaux sociaux, c’est volontaire ?

Je ne suis pas hyper régulier sur ce que je poste, j’aimerais l’être mais j’ai un peu de peine parce que je trouve que l’archivage d’un travail c’est toujours un peu compliqué. Je suis très impressionné par les gens qui arrivent à le faire régulièrement et naturellement. Pour moi il y a toujours un temps mort quand je finis un projet, où je ne suis pas forcément satisfait à 100% de ce que j’ai fait. J’ai toujours besoin d’un temps de recul pour savoir si ça fonctionne ou pas et le temps que j’aie ce recul là c’est déjà trop tard et je suis passée à autre chose.

Mais c’est clairement quelque chose qui est super important maintenant, il faudrait que je m’astreigne à le faire de façon régulière, afin d’être plus méthodique et d’avoir un protocole pour savoir comment archiver. Déjà pour moi, pour mes archives personnelles, mais aussi parce qu’Instagram est une vitrine, c’est souvent ce que les gens regardent en premier.

Quels sont tes projets ?

Pour le moment je vais finir mon travail de diplôme sur la narration non linéaire et la narration que j’appelle narration par le fragment en bande dessinée. Dans ce cadre je vais inviter d’autres illustrateur/rice·x·s à contribuer pour compiler tout ça dans une revue. Au-delà de ce projet, j’aimerais retrouver une place dans un atelier de sérigraphie, ce qui est en cours, pour pouvoir avoir un espace de travail pour mes productions personnelles mais aussi pouvoir imprimer pour les autres. Pour moi c’est important quand on maîtrise une technique de pouvoir en faire profiter d’autres. Et peut-être un jour me lancer dans le tatouage ; je garde ce projet en tête mais je vois ça comme un métier à part entière donc j’attends de pouvoir vraiment m’y investir à 100%, je ne veux pas le faire en dilettante.

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