[EPIC ESKIS N°19] Fanny Modena

Lier illustration et sérigraphie : le monde de Petit Tyranillu se déguste comme une belle bande dessinée. Elle est à l’honneur de ce dix-neuvième EPIC ESKIS et se dévoile en interview. Rencontre.

 Hello Fanny, merci déjà pour ton illustration ! Peux-tu te présenter ?

Salut ! Moi c’est Fanny Modena alias « Petit Tyran », j’ai 21 ans. J’ai plusieurs casquettes : je fais de l’illustration, de la BD et de la sérigraphie. Je suis récemment diplômée de l’ESBDI (École supérieure de bande dessinée et d’illustration) et depuis peu j’ai un atelier de sérigraphie à Genève, que je partage avec des sérigraphes.

Comment as-tu commencé à créer ?

J’ai commencé par étudier le graphisme, ça me rapprochait déjà d’une pratique artistique, mais ça n’était pas suffisant. Durant ces études, j’ai fait plusieurs stages dans un atelier de sérigraphie à Genève, l’Atelier Drozophile/Atelier Madame, qui lie Sérigraphie et surtout éditions BD. Ces stages m’ont permis d’oser me lancer dans l’illustration et ont fait naître en moi un intérêt pour la BD.

Je suis ensuite entrée à l’ESBDI. C’est dans cette école que j’ai compris que l’on pouvais faire de la BD « autrement », c’est-à-dire ne pas rentrer dans les codes de la BD classique franco-belge qui ne me plaisait pas du tout. J’ai compris qu’on pouvait lier l’illustration et la BD, jouer avec les cases, voir la planche de BD dans son intégralité comme une œuvre et pas uniquement travailler case par case.

En sortant de cette école j’avais envie de faire de la sérigraphie de manière professionnelle à côté de ma pratique de l’illu’ et de la BD. Je suis entrée dans cet atelier où j’avais fait mes stages et je me suis formée à la sérigraphie afin d’être autonome, indépendante, et de pouvoir prendre des mandats d’impression pour des clients.

Maintenant, j’essaye de lier ces trois pratiques, mais c’est compliqué de jongler entre elles, malheureusement les journées sont trop courtes !

Ce surnom, Petit Tyranillu, il vient d’où ?

Ça part d’un délire un peu autodérisoire entre amis. J’avais trouvé cet article marrant sur demotivateur : « Voici le côté obscur de votre signe du Zodiaque », qui clash tous les signes assez violemment. Pour le Lion, il conclut en disant que c’est un « petit tyran » ; en le lisant, un ami m’a vanné en me disant que ça me correspondait bien. « illu », c’est pour illustration.

Quelle est ta technique de prédilection ?

Je travaille avec un feutre noir fin, je scanne et colorise numériquement. J’aime beaucoup l’infinie possibilité des couleurs numériques. Plus généralement, la couleur est très importante dans mon travail. Ce fort intérêt pour la couleur me pousse aussi à choisir la sérigraphie comme technique d’impression. En plus d’être une technique manuelle et artisanale et de permettre des rendus couleurs qualitatifs, on peut s’amuser avec les superpositions, les transparences, etc.

Depuis peu, j’aime aussi créer des illustrations aux crayons de couleur. Avec cette technique, je me mets moins la pression de la réussite absolue, je me laisse aller, en me disant que les ratés ne sont pas graves.

Tu as aussi réalisé une BD, tu peux nous en parler ?

C’était dans le cadre de mon travail de diplôme à l’ESBDI. Cocktail, c’est une BD pour enfants. Elle parle de discrimination et d’acceptation de la différence par le biais de deux jeunes singes. Elle va d’ailleurs être éditée en fin d’été/début d’automne 2022, chez Antipodes, une maison d’édition lausannoise !

C’était intéressant d’écrire, c’était quelque chose qui me faisait peur et qui me fait encore peur aujourd’hui. C’est très difficile pour moi d’exprimer mes idées avec des mots, c’est peut-être d’ailleurs pour ça que j’aime tant la BD muette ou l’illustration, raconter des histoires avec des images. J’aime quand même beaucoup écrire, ça me pousse hors de ma zone de confort, c’est un super exercice.

Quelles sont tes inspirations ?

En général j’aime beaucoup l’illustration jeunesse, dans un style assez naïf, enfantin. Pour citer des artistes : le travail de Sophie Guerrive, Anouk Ricard, Alex Baladi, Albertine, Michael Deforge, Nando Von Arb.

Dernièrement, on voit beaucoup d’animaux dans ton travail, d’où te vient cette envie ?

En ce moment je bosse sur un projet en collaboration avec Kristell Silva, autour des animaux. Je fais pas mal de recherches autour des animaux donc ça me donne envie d’en dessiner. J’ai l’impression qu’avec eux il y a plus de possibilités graphiques pour les représenter, j’arrive à les rendre plus abstraits que les personnages humains.

Tu as aussi réalisé certaines illustrations plus engagées, c’est quelque chose que tu souhaites développer ?

Tu dois faire référence aux illustrations que j’ai faites en rapport avec la grève féministe. J’ai fait partie d’une asso’ féministe, donc c’était facile d’écrire sur mon quotidien et des sujets qui m’habitent. J’aimerais bien plus développer ce genre de projet, si l’occasion se présente.

Tu peux nous en dire plus sur ton EPIC ESKIS ?

Je voulais quelque chose qui me représente. Ça représente un peu le lieu de mes rêves pour créer. De manière assez onirique car je suis une personne un peu dans la lune. J’ai glissé des petites références à des projets futurs dedans !

Quels sont-ils, justement ?

J’ai un projet en cours actuellement : une BD sur l’autisme chez les femmes, les retards de diagnostic et le camouflage social. Avec deux écrivaines, concernées par cette situation (Adelaide Barat Magan et Justine Langlois), on travaille en collaboration, elles à l’écriture et moi au dessin pour créer cette BD. Je suis aussi en pleine préparation pour deux expos en 2022 : chez Foound en août, et en France voisine en juillet.

Tags sur cette publication
, , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.