Pour ce nouvel épisode d’EPIC ESKIS, la rédaction t’invite à plonger dans l’univers de Kristell Silva Tancun. Très active sur son compte Instagram et sur son site, la Genevoise propose de véritables invitations au voyage avec des illustrations graphiques et colorées.
Kristell Silva Tancun est l’artiste invitée de ce cinquième EPIC ESKIS ! Elle multiplie les collaborations depuis quelques années avec différentes institutions genevoises dont la Bibliothèque de la Cité. L’artiste s’est prêtée au jeu des questions-réponses :
Salut Kristell, d’où est-ce que tu viens ?
Hello ! Tout d’abord je voulais vous remercier pour l’invitation !
Donc je me présente, je m’appelle Kristell Silva Tancun, d’origine Suisse-péruvienne, je suis née à Genève. J’ai grandi entre les boîtes de nuit que tenait mon père et les voyages spirituels que faisait ma mère, une enfance peu ordinaire, mais très enrichissante. (haha)
J’ai fait mes études à la HEAD en tant que designer graphique. Après avoir bossé un certain temps dans plusieurs agences de communication, j’ai enfin franchi le cap cette année en devenant indépendante. Je fais principalement du graphisme et de l’illustration, à côté j’ai un 20% en tant que professeure d’art pour m’assurer une stabilité.
Tu es designeuse, illustratrice, tatoueuse et tu fais aussi des accessoires avec des Pin’s ou des pochettes. As-tu un médium ou une pratique de prédilection ?
C’est vrai que je suis assez hétéroclite, je n’ai pas vraiment de domaine de prédilection. Je crée plutôt selon mes envies. Un jour je peux faire une série d’illustrations sur le Japon, le mois suivant je me mettrais à designer des tote bags, et la fois d’après je créerais des étiquettes de bières. C’est ce qui me plaît dans mon travail, je peux facilement passer du coq à l’âne, sans aucune difficulté. Actuellement je suis plus dans une période de collaboration, je cherche à ouvrir mes horizons et sortir de mon petit confort en collaborant avec des artistes locaux tels que Laura Low qui est comme moi fan du Japon, ou encore Marie Waridel dont j’adore l’univers.
Tu as réalisé des cartes de tarot, est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton lien avec cette pratique ?
Alala, le tarot c’est une grande histoire. Comme dit plus haut, ma mère est très axée spiritualité, et je suis moi même tombée dedans depuis très jeune. Voyance, Wicca, connexion spirituelle, chamanisme, théorie des cordes, métaphysique, animisme, médecine naturelle et j’en passe. Tous ces éléments m’inspirent, ma mère est en quelque sorte ma muse, elle a tellement d’histoires incroyables qu’elle me raconte, que ce soit par ses voyages, ses découvertes, ou que sais-je encore. Elle est une source d’inspiration. C’est donc elle qui m’a appris à lire le tarot et le pendule. De mon côté, je ne les utilise que très rarement car je suis à la fois fascinée et apeurée par ces techniques de prédiction, et c’est un peu à travers cette fascination que je me suis lancée le défi de réaliser mes propres cartes de tarot en me basant sur les codes du tarot de Marseille.
On trouve aussi dans ton univers une forte inspiration japonisante, quel est ton lien avec ce pays ? D’où te vient cet attrait pour cette culture ?
Oui c’est vrai, j’ai toujours été fascinée par ce pays, que ce soit sa culture, ses paysages ou sa nourriture. J’adore voyager, dès que j’ai assez d’argent de côté je pars, ça me permet de me ressourcer, et de découvrir la beauté de chaque pays. Mais j’ai vraiment eu un coup de foudre lors de mon premier voyage au Japon en 2017 et ça a été une révélation. D’ailleurs une partie de mon cœur est resté là-bas. J’y suis retournée en 2019 et mon amour pour ce pays n’a pas changé. Je suis actuellement en train d’apprendre le japonais, pour pouvoir mieux communiquer avec les locaux. Je compte y retourner encore plein de fois, et peut-être un jour y vivre ?
Qu’essayes-tu de montrer, raconter à travers ton art ?
Des voyages. Ça me rend nostalgique de me remémorer certains de mes voyages, et le fait de les illustrer me remplit de joie. Faire découvrir ces lieux aux gens qui me suivent pour leur donner envie, faire rêver, c’est important pour moi. D’autant plus durant cette période. C’est compliqué de voyager actuellement, et je pense que ces illustrations sont importantes et essayent de leur offrir une escapade, un voyage visuel. Mais surtout dans tous mes projets il y a la notion de partage, à travers des illustrations, partager des souvenirs, des moments, ou des conseils.
Parmi tous les projets que tu as réalisés, lequel est le plus significatif pour toi ?
C’est un projet tout bête, mais je l’adore, c’est un patch sérigraphié et imprimé chez Xpersonnes, d’un chat inspiré du mien, qui mange des ramen. J’adore mon chat et j’adore la nourriture. Du coup combiner deux éléments que j’aime bien, ça ne pouvait que me plaire ! D’ailleurs, je n’ai pas été la seule, ils sont partis comme des petits pains ! Je compte en refaire bientôt.
Comment as-tu procédé pour cette carte blanche ?
Généralement c’est après 22h que l’inspiration me vient. J’ai toujours un tas de feuilles blanches sur mon bureau, je croque au fur et à mesure et du moment que le sujet me convient ainsi que sa composition, je commence la phase d’illustration.
Qu’est-ce qu’elle représente, quelle interprétation en donnerais-tu ?
J’avais envie en premier lieu d’illustrer un élément symbolique. J’en suis très vite arrivée au Komainu. Ce sont deux statues ressemblant à des chiens-lions. Placés aux entrées des temples ou des sanctuaires, ils sont là pour garder, protéger le lieu, ainsi que pour conjurer les mauvais esprits. Les Komainu sont très répandus dans toute l’Asie, mais la toute première statue de lion à été érigée en Inde. C’est par la suite que la Chine s’en inspire pour imaginer un lion-chien, qui s’est ensuite exporté en Corée ainsi qu’au Japon. C’est lors de mon voyage au Japon que j’ai vu des Komainu. Il faut savoir qu’ils sont deux à garder les entrées, l’un à la gueule ouverte (on dit que le son qu’il prononce serait un “A”), le second à la bouche fermé et produirait le son “um”. À eux deux, ils formeraient le son “Aum”, un son sacré de l’hindouisme. J’ai voulu dans mon illustration les confronter de face comme deux vieux frères, celui à la bouche fermée est le plus sage, tandis que l’autre est le plus jeune. J’ai également voulu les faire sortir du cadre et ne pas les représenter comme des statues mais des êtres vivants, faisant partie d’une histoire plus grande que ce que l’œil peut voir.
Tu travailles sur quoi en ce moment, quels sont tes projets ?
Actuellement, j’ai plusieurs projets de graphisme en cours, notamment des campagnes programmes/affiches de saisons pour des concerts de musique classique. Mais question illustrations, je travailles sur des packaging de lieux que j’ai visités. Je suis également en train de créer avec Laura Low un petit coffret avec des illustrations de recettes japonaises en collaboration avec Comme au Japon côté cuisine. Le projet sera réalisé en risographie, et d’ici la fin d’année je serai sur quelques marchés de créateurs, entre Genève et Lausanne, mais je vous tiendrai au courant le moment venu.
Pour découvrir de vos yeux le travail de Kristell :
Toutes les illustrations présentes dans l’article sont créditées à Kristell Silva.
