[EPIC ESKIS N°9] Noémie Creux

De la couleur, de l’art et une illustration exclusive, c’est le retour d’EPIC ESKIS ! Une carte blanche donnée à un·e illustrateur·rice de la région, qui nous plonge dans l’univers visuel d’artistes talentueux·ses.

On commence ce début d’année avec une œuvre proposée par la Genevoise Noémie Creux : un appel aux câlins en cette période de distanciation sociale ! Rencontre avec une artiste inspirée par le Brésil et le voyage :

Salut Noémie, est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Noémie Creux et je suis une illustratrice/graphiste. J’ai étudié le graphisme aux arts déco de Genève puis l’histoire de l’art à l’université de Genève avec des modules libres à la HEAD. J’ai vécu au Brésil, à Sao Paulo et au Japon, à Kyoto.

Je me focalise en ce moment sur l’illustration mais je suis aussi également en train d’apprendre à faire de l’animation pour faire bouger mes personnages et leurs couleurs.

Comment as-tu commencé l’illustration ? Tu peux nous expliquer ton parcours ?

J’ai commencé l’illustration en faisant beaucoup de croquis dans mes carnets. J’ai toujours un carnet avec moi pour noter des idées, faire des croquis et mes recherches de combinaisons de couleurs et de formes pour mes motifs. Durant mes études aux arts déco j’avais des cours de croquis et de dessins d’observation, ce qui m’a aidée à développer mon trait. J’ai ensuite fait mes études en histoire de l’art à l’université de Genève et j’ai pris aussi des cours à la HEAD en dessin d’observation dans mes modules libres. En dehors j’ai toujours aimé dessiner mais je cachais toujours ce que je faisais. C’est durant mes voyages au Brésil et au Japon que j’ai pu rencontrer des artistes que j’admire beaucoup qui m’ont inspirée à montrer et partager mes créations. J’ai ensuite ouvert un compte Instagram pour que d’autres gens que moi puissent voir ce que je faisais. Ça m’a poussée à partager et à croire en moi.

Quelle est ta technique de prédilection ?

J’aime dessiner au trait d’abord avec mes stylos noirs Muji. Ensuite, je colorie mes dessins avec les stylos COPIC à alcool. En ce moment je dessine beaucoup à l’ordinateur, avec une tablette en reprenant des croquis réalisés d’abord à la main dans un carnet. Sur l’ordinateur j’utilise le programme Photoshop où je sépare chaque couleur par calque. En ce moment je préfère utiliser Photoshop plutôt qu’Illustrator, pour avoir un rendu moins net et moins propret. J’aime garder une certaine personnalité dans mes traits même s’ils sont réalisés à l’ordinateur.

Tu dessines et peins essentiellement des femmes ou des humains plus généralement. Pourquoi ?

J’aime leurs formes et je peux les faire porter des habits colorés. Dans mes carnets de croquis j’ai toujours aimé dessiner des personnes, des humains. Je dessine particulièrement des femmes car je me retrouve en elles et c’est à travers elles que je m’exprime, dans leurs mouvements et leur danse. Surtout en ce moment où nous sommes confiné·e·s, j’aime dessiner des femmes qui peuvent faire ce qui leur plaît. Le dessin que je vous propose, par exemple, représente quelque chose que j’aimerais beaucoup faire en ce moment : des câlins.

Toutes les illustrations que l’on peut voir sur ton compte Instagram sont très colorées. Comment utilises-tu la couleur dans ton travail ?

J’utilise la couleur de manière spontanée. En général, c’est un moment très intime et intuitif. Je mets tous mes stylos devant moi et je les choisis en fonction du moment. Je teste, je me surprends et je découvre. Le processus à l’ordinateur est différent, car les couleurs sont illimitées et souvent je reprends les combinaisons trouvées d’abord lors de mes recherches sur papier.

Dans mes études de graphisme, j’utilisais très peu la couleur et quand je l’utilisais c’était de manière organisée et réfléchie. Mon goût pour la couleur s’est affirmé quand j’ai vécu au Brésil. Je vivais dans la ville de São Paulo, où jour après jour j’assistais à une explosion de couleurs ; celles-ci m’ont énormément aidée à surmonter les moments difficiles que la vie urbaine faisait ressentir. Les inégalités sociales sont fortes et c’est comme si les habitants avaient besoin de ces couleurs pour continuer à vivre. Dans le mot couleur je veux aussi parler d’un état d’esprit : la chaleur humaine, vive et colorée ! La couleur est aussi un état d’esprit pour moi, ouvert, joyeux et chaleureux. Mon contact avec certain·e·s artistes locaux·les m’a apporté une grande liberté dans ma recherche de combinaisons, de nuances et de formes.

Tu utilises aussi beaucoup de motifs dans ton travail. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Effectivement je crée des motifs abstraits à travers ma recherche de nouvelles combinaisons de couleurs. Les motifs sont le résultat de la mise côte à côte de différentes couleurs et de différentes formes. Cela fait partie de ce processus complètement intuitif et aléatoire d’oser, de se poser aucune question mais de simplement sortir des nouvelles combinaisons de formes. Il y a peut-être une volonté cachée de créer des tableaux abstraits à l’intérieur de ces architectures que sont les habits. Lorsque je dessine ces motifs, ils sont en général très petits dans l’espaces et peuvent représenter différents paysages où l’œil peut voyager à l’intérieur. Je dirais que je fais une sorte de dérive dans la forme d’un habit avec mon stylo.

Quels sont les peintres qui t’ont inspirée ? ou tes peintres préféré·e·s ?

Matisse, Nicki de Saint Phalle, Camille Graesner, Rimon Guimaraes, Daniel Semanas, Little Tunder, Inglee, Amber Vittoria et Hello AIUEO m’ont inspirée avec leur univers coloré, leurs formes et compositions.

Roert Filliou m’inspire pour sa manière de voir l’art et la vie ; le magazine Nylon propose des bons photographes de mode où je m’inspire des poses des modèles.

Tu fais aussi des muraux ou des grands formats. Quel endroit à Genève aimerais-tu peindre ?

J’ai en effet peint pour la première fois à São Paulo, sur la façade d’un sex shop qui se trouvait à côté de chez moi. Ensuite j’ai peint une caravane pour la ferme de Mamité et je me suis aperçues comme cela égaye le paysage, ça donne une fraîcheur et beaucoup de couleurs pour les passants qui se promènent dans le village ou dans la ville. Je pense que la ville de Genève manque de couleurs et que je me ferais un plaisir de collaborer avec d’autres artistes pour remplir de fresques colorées certains murs, en ce moment, vides. Rafraîchir la ville et lui donner de la vie ! J’aimerais essentiellement peindre dans la rue, je pense que les villes qui ont des fresques urbaines ont un potentiel énorme et rendent une forme d’art accessible à tous.

A Genève, où peut-on voir ton travail ?

Pour l’instant uniquement en allant à Plan-les-Ouates direction la ferme de Mamité ou chez les gens qui ont acheté mes œuvres et qui les ont accrochées chez eux.

Il y a un an, j’ai participé à une exposition dans la galerie Omur à Genève. C’était agréable de voir mes créations en dehors des petits carrés d’Instagram.

Quels sont tes projets ?

J’ai reçu une bourse de la Fondation Prunier pour faire un stage dans un studio de graphisme et illustration au Japon, à Kyoto. Alors j’attends avec impatience que la situation actuelle s’améliore et que les frontières s’ouvrent pour pouvoir m’y rendre. En attendant j’ai plusieurs petits projets et commandes artistiques. Je suis en train de terminer d’illustrer un livre sur les rituels à Barcelone et je viens de terminer un projet en réalisant plusieurs illustrations pour la divulgation du documentaire Favela é moda au Brésil.

Comment est-ce que l’on peut te soutenir ?

J’ai ouvert un petit shop avec un autre artiste où je vends quelques unes de mes illustrations.

On peut me commander une illustration, une peinture ou me proposer des projets. On peut également me suivre sur Instagram ou parler de moi autour de vous 🙂

Pour découvrir le travail de Noémie Creux, direction sa page Instagram ou son shop.

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