[EPIC ESKIS N°7] Maison & Maison

C’est l’heure de l’avant-dernier volet de l’année 2020 de notre rubrique mensuelle destinée aux artistes visuels ! EPIC ESKIS explore le talent des illustrateur.trice.x.s romand.e.x.s à travers une carte blanche. Ce mois-ci, c’est Maison & Maison qui nous offre une note positive et colorée pour ensoleiller notre hiver semi-confiné. Découvre son univers !

Hélène Bezzola, originaire de Lausanne, est graphiste de formation et évolue dans un univers artistique pigmenté et véhiculeur de good vibes. EPIC l’a rencontré au Supermercado en septembre dernier et a eu un véritable coup de cœur ! Afin de se présenter, celle qui oeuvre sous le pseudo de Maison & Maison s’est prêtée au jeu des questions-réponses… C’est parti !

Qui se cache derrière Maison & Maison, et pourquoi ce nom ?

Alors derrière Maison & Maison il y a moi, toute seule dans ma chambre avec plein de plantes vertes, de paillettes et de bordel. J’ai commencé ce projet il y a presque trois ans maintenant, je suis graphiste de métier et j’avais besoin d’avoir un espace où je puisse créer librement, sans contrainte, sans devoir modifier mon travail pour plaire à quelqu’un.e… Une sorte d’exutoire en fait, où je peux dessiner des fesses, y rajouter des paillettes si j’ai envie sans que personne ne puisse me restreindre.

Le nom Maison & Maison vient juste du moment où j’ai voulu me trouver un surnom pour commencer à publier sur Instagram. Je venais de créer un pin’s avec une petite maison en feu et ce mot me plaisait bien. Il avait ce pouvoir des mots qu’on répète cent fois et qui perdent tout leur sens. J’ai rajouté le « & maison » car il y avait un côté vieille entreprise (Père et Fils…) qui me faisait rire. Et puis aussi je pense que ce projet est un peu ma maison, dans le sens où j’y retourne toujours pour m’y sentir bien dans ma pratique dès que j’ai une panne d’inspiration dans d’autres projets plus professionnels.

Quel est ton parcours personnel et artistique ?

J’ai toujours suivi un cursus très artistique, à l’école il n’y avait que le dessin qui m’intéressait vraiment (ou alors les cours où l’on pouvait prendre une heure pour faire des titres dans nos cahiers). J’ai fait mon gymnase en option art et c’est clairement ce qui m’a permis d’avoir ma maturité. Entre faire des maths et dessiner des petits mickey j’ai vite choisi !

Ensuite j’ai fait un bachelor en design graphique à l’Ecal (école d’art de Lausanne), ça m’a permis de découvrir beaucoup de choses dans ce domaine mais ça a aussi beaucoup coupé mon élan dans mes projets perso. Trop de stress et de travail pour avoir l’envie de continuer de créer à côté. Ce n’est que quand j’ai commencé à travailler dans un milieu beaucoup plus bienveillant (et beaucoup moins stressant) que j’ai pu vraiment recommencer à prendre du plaisir dans l’illustration.

Qu’est-ce qui te passionne dans le monde de l’illustration ? Et quelles sont tes techniques, tes supports, tes matières ?

Ce qui me fascine avec l’illustration c’est que tout est possible, il y a tellement de styles différents, tellement d’inspirations ! Tout le monde va apporter son interprétation et je trouve ça très enrichissant. Dans la pratique, il y a aussi cette chose merveilleuse qui est le fait de n’avoir aucune limite. Il suffit de la dessiner et cette chose existe, je trouve qu’on peut transmettre beaucoup d’idées et d’ambiances grâce au dessin, et surtout on peut le faire tout.e seul.e, pas besoin de dépendre de quelqu’un.e. C’est une sorte de liberté absolue qui est hyper satisfaisante.

Personnellement je dessine beaucoup avec une tablette graphique, ça me permet de modifier mon dessin, mes couleurs, mes formes à l’infini. Une fois que j’ai une idée j’aime la réaliser vite et bien, je ne suis pas patiente, c’est donc une bonne chose pour moi de ne pas devoir recommencer plusieurs fois mon projet sur une nouvelle feuille de papier. 

Pour les supports, j’aime explorer, mettre à l’épreuve mon dessin sur autre chose qu’une feuille blanche et lisse. Ces temps j’aime beaucoup retranscrire mon travail sur des matières tissées, la manière dont les couleurs se mélangent en trames, la texture qui en ressort me fascinent et je trouve que cela apporte vraiment à l’illustration. Mais j’avoue qu’en bonne graphiste j’ai un certain attrait pour diverses techniques d’impression comme la risographie ou la sérigraphie (que j’expérimente ces temps avec les moyens du bord dans ma chambre).

Comment as-tu commencé à faire de l’art, peut-être que tu peux nous raconter ton souvenir le plus ancien ?

Je ne saurais pas dire quand j’ai commencé, il me semble que depuis mes premiers souvenirs j’ai toujours dessiné, peint, bricolé, modelé des personnages très approximatifs en pâte à sel. Ça a toujours fait partie de ma vie, j’ai toujours utilisé cela comme moyen d’expression mais aussi surtout comme jeu. Quand j’étais petite je passais des heures à créer des personnages et des univers avec ma meilleure amie, un peu comme une boîte de lego infinie. Je pense que ça ne m’a jamais quittée. On créait nos propres cartes Yu-Gi-Oh! (les vrai.e.s savent), on utilisait le dessin comme moyen de modeler ce qui existait déjà pour que ça rentre dans notre univers.

Je dessinais aussi beaucoup avec mon papa, on inventait des machines absurdes, on se lançait des défis de créer quelque chose avec une forme que l’autre avait faite. Je pense que ça m’a permis de beaucoup développer mon imagination, d’apprendre qu’avec l’illustration, inventer ce qui n’existe pas est bien plus intéressant que de reproduire ce que l’on connaît déjà.

Qu’est-ce qui t’inspire en général pour créer ? Et dans quel mood es-tu ? Tu disposes d’une routine pour commencer à travailler ?

Comme je disais avant, le jeu est très présent dans ma pratique. Quand je dessine je m’amuse, je joue avec des idées absurdes qui me viennent. 

Quand je commence un projet je ne me mets jamais un thème, je n’arrive pas forcément à retranscrire une situation particulière. Par contre je vais dessiner des choses qui m’amusent, sans y chercher beaucoup de sens. Il y a des formes, des couleurs qui me procurent une certaine satisfaction, des assemblages d’objets qui me font rire et c’est ce que je recherche. Les fruits avec des fesses par exemple, c’est hyper satisfaisant à faire.

Je n’ai pas vraiment de routine, mis à part boire dix litres de thé. En général tout d’un coup j’ai une idée absurde et j’ai besoin de la retranscrire. Quand je n’ai pas forcément le temps de dessiner tout de suite, je la range dans une sorte de bibliothèque mentale et je la ressors dès que j’ai un peu de temps. Et puis il y a des fois où j’ai vraiment envie de dessiner mais rien ne m’attire, alors je laisse tomber car je sais que je serai incapable de faire quoi que ce soit. Mes projets préférés sont toujours ceux que j’ai réalisés hyper vite sans me poser de question d’ailleurs, quelque chose de très instinctif que je ne ressasse pas pendant des jours.

Quels sont tes projets passés, actuels et futurs ? Peut-être peux-tu nous expliquer le projet dont tu es le plus fière ou celui qui t’a le plus mise au défi ?

J’ai commencé à montrer mon travail en faisant des pin’s, j’imagine que ça en fait mes projets passés. J’ai toujours beaucoup de plaisir à en faire mais j’ai maintenant envie de m’étendre à plein d’autres supports. C’était la première fois que j’utilisais l’illustration pour en faire un objet et je pense que ça a vraiment été un déclic.

Je n’ai pas forcément de projet préféré mais si je devais en choisir un, ça serait peut-être mon pin’s Butter Lover, car franchement on va pas se mentir le combo paillettes, cul et jeu de mot douteux ça fait du bien à l’âme. Il y a aussi la première couverture que j’ai faite, celle avec un tigre et des flammes. Pas vraiment pour le dessin mais plus pour la technique. C’était la première fois que je faisais tisser un de mes dessins et la manière dont les traits et les couleurs se sont transformés en trame, j’ai trouvé ça fascinant et ça m’a vraiment donné envie de jouer avec cette technique.

Les deux illustrations que tu nous as livrées, elles racontent quoi ?

Dans la même idée que ce que je disais avant, une chose qui m’amuse beaucoup c’est donner une personnalité, des émotions à des objets qui n’en ont pas à l’origine. J’observais mes plantes et mon petit jardin de chambre et j’ai commencé à les humaniser (elles ont toutes leur petit nom), je devais en tailler certaines. J’ai alors imaginé un monde avec des plantes émotionnelles et dépressives devant faire face à ce moment dramatique de la coupe des feuilles mortes, ou de mise en bouquet. J’aimais bien le côté naïf de ces grosses fleurs émotives face à un sécateur (en mode tuning avec des flammes) qui vient les séparer de leurs sœurs. Ça doit être mon côté romantique, j’ai de l’empathie pour ces fleurs que l’on sépare de force, qui font probablement face au drame de leur vie. Pour nous on les coupe juste pour en faire un bouquet ou éliminer les feuilles mortes mais pour elles c’est l’apocalypse. Je me mets probablement trop à leur place, mais si on venait me couper de mon pot dans lequel j’étais bien au chaud tranquille, je serais sûrement aussi un peu émotionnelle.

Pour suivre le travail de Maison & Maison, rendez-vous sur sa page Instagram !

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