Pour ce deuxième volet de notre format dédié aux illustrateur.trice.s de la région, EPIC a donné carte blanche au duo Nifu Nifa ! Les artistes reviennent sur leurs parcours et leur illustration.
Ils viennent tout juste de rénover la buvette de la Pointe : le couple à la vie Nifu Nifa s’est prêté au jeu de la carte blanche pour ce second EPIC ESKIS ! Vous avez sans doute vu leur travail coloré au Voisins 105 ou à travers leurs muraux, un peu partout en Suisse romande. Entretien.
Comment est né Nifu Nifa ? Quel est votre parcours ?
Salut ! D’abord, merci de nous avoir ouvert cet espace !
Nous sommes Nifu Nifa, deux artistes d’origine colombienne. David est né et a grandi à Bogotá et Gabriela est née à Bogotá et a grandi à Genève. Nous sommes tous les deux artistes depuis la naissance, nous n’avons jamais envisagé de faire autre chose dans la vie ! À côté de notre travail d’illustration, nous sommes actifs soit dans l’univers du cirque de rue et de la musique (beatbox et dj) avec le nom « Zanto » soit dans la création d’objets tissés, notamment des bijoux en verre, avec la marque Mora Amor.
Nous nous sommes rencontrés dans la Maison Culturelle Latin Latas, où nous travaillions ensemble sur un projet social et artistique. Nous avons alors commencé une histoire d’amour, qui a très vite abouti à notre projet professionnel comme muralistes.
Un jour, nous avons eu envie de faire une séance de lecture de nos cartes astrales (David l’a fait pour faire plaisir à Gabriela…). Durant la séance qui est en fait une lecture de nos structures mentales, émotionnelles et caractérielles, il s’est avéré que notre point fort comme couple, c’était de faire équipe au travail. L’expérience s’est finalement avérée révélatrice et la graine a été plantée. À ce moment-là, nous ne savions pas du tout comment joindre nos deux univers artistiques si différents. Mais il n’a pas fallu attendre longtemps avant de trouver notre style !
C’est comme ça que Nifu Nifa est né un samedi soir, après avoir mangé et bu dans notre appartement à Bogotá, « sur un coup de tête » qui était en réalité une envie latente de redonner une priorité au dessin, cette passion trop longtemps mise de côté de part et d’autre.
Que signifie Nifu Nifa ?
« Ni fu ni fa », c’est une expression en espagnol qui signifie « ni ceci, ni cela », « ni bon, ni mauvais ». On apprécie cette expression car on ne souhaite pas se définir avec un titre particulier. Nous aimons l’idée de pouvoir nous réinventer mille et une fois, car nous aimons le mouvement et l’incertitude. Aujourd’hui, nous faisons des fresques, mais demain nous pourrions créer une performance de cirque avec des Vjing en fond par exemple.
Vous avez un univers très coloré, d’où viennent vos inspirations ? Comment décrivez-vous votre univers ?
Notre univers vient directement de la faune et de la flore de la Colombie : exubérante, tropicale, vivante, colorée, imposante.
Sur notre page web, nous citons une très belle phrase d’Henri Matisse :
« C’est lentement que je parvins à découvrir le secret de mon art. Il consiste en une méditation d’après la Nature, en l’expression d’un rêve toujours inspiré par la réalité. »
C’est exactement ça que nous ressentons dans notre univers de couleurs. Il y a un côté très graphique, avec des lignes très marquées, les personnages sont réels, ils existent, mais en même temps, tout est en désordre, tout flotte comme dans un rêve. La nature est notre plus grande source d’inspiration. Nous trouvons primordial de lui redonner la place et le respect qu’elle mérite.
Vous venez tout juste de rénover la buvette de La Pointe pour cette nouvelle saison. Quels sont vos autres projets ?
Nous avions prévu de faire un tour en Europe, en proposant des fresques dans les principales grandes villes. Mais finalement, nous avons décidé de rester en Suisse et dans ses alentours où il y a aussi beaucoup d’endroits qui ont besoin de couleurs tropicales *rire*. Au moment où nous vous parlons, nous venons d’acheter nos tickets de train pour Martigny, où nous allons peindre un endroit très chouette qui s’appelle « La Buvette – Lévitation ». Puis ensuite, nous allons partir pour Evian, où nous allons peindre une grande fresque au bord du lac, à côté d’un joli food-truck.
À plus au moins long terme, nous allons rentrer en Colombie, où nous avons un projet de permaculture avec notre famille et une jolie maison faite en bio-construction. L’idée est de continuer à voyager avec nos pinceaux encore longtemps, mais de toujours revenir à cet endroit en plein milieu de la campagne colombienne, où nous nous sentons connectés à la Terre et à nos racines.
Parlez-nous de votre carte blanche, que vouliez-vous représenter ?
Notre carte blanche, ce sont nos pieds. Nos pieds avec lesquels nous avons parcouru tout le chemin jusqu’à ce moment de nos vies. Nos pieds avec lesquels nous allons encore parcourir beaucoup d’endroits et de pays. Nos pieds qui sont notre connexion avec la Terre et avec notre côté le plus réaliste. Ce côté qui nous oblige à nous rendre compte de l’endroit où nous en sommes en tant qu’Humanité.
C’est un moment qui peut être angoissant car parfois nous (les humains) n’avons pas toujours envie d’affronter la réalité objective (une crise mondiale dans tous les sens) qui nous oblige à repenser le prochain pas. Nous, en tant qu’artistes, n’avons pas toujours envie d’avoir « les pieds sur terre ». Au final, oui ce sont des pieds, mais ce sont des pieds qui flottent dans les couleurs, les pieds de deux rêveurs qui ont la tête plus dans les étoiles que par ici…
Pour suivre les aventures de Nifu Nifa, rendez-vous sur leur site internet, ou sur leur page instagram !
