Format Papier ou la publication pour tous·x·tes

Format Papier, c’est la volonté de donner à tous·x·tes la possibilité de publier un texte, une image, une gravure, dans une revue auto-éditée par trois passionné·e·s. Que celles et ceux qui laissent au fond d’un tiroir ou d’un ordinateur leurs créations se donnent finalement le droit d’être vu·e·x·s et lu·e·x·s, c’est l’objectif du trio qui croit au ralentissement de la numérisation de la culture. Avec un appel à matière ouvert jusqu’au 8 mai, Alice Kübler, l’une des personnes à la tête de Format Papier, nous parle de la genèse de ce projet, de ses objectifs et de son évolution constante. 

Une genèse lausannoise

Ce sont Timothée Calame et Linus Kessler qui ont initié ce projet de partage de créations à Lausanne. Le duo souhaitait en premier lieu donner un espace pour se montrer à leurs ami·e·x·s créatif·ve·x·s. Rapidement, la revue s’est ouverte à tous·x·tes. Timothée Calame suit son chemin et se retrouve à devoir quitter l’aventure, c’est alors qu’Alice Kübler, étudiante à l’Institut Littéraire de Bienne, et Jessy Marchetti, photographe et éducateur de la petite enfance, rejoignent Linus Kessler, étudiant en sciences sociales. La dynamique se renouvelle, un rythme s’installe avec deux publications par année, et la volonté de présenter des créations locales demeure. 

« L’objectif a toujours été de faire une place à toutes les personnes qui ne se retrouvent pas dans le monde de l’édition, ou qui n’osent pas encore s’y frotter. » Sortir les créations des tiroirs, des téléphones portables et des ordinateurs, c’est donc le pari que le trio se donne au travers de leurs appels à matière. Iels font ensuite la part belle autant aux auteur·rice·x·s, qu’aux photographes, illustrateur·rice·x·s ou autre, sans distinction. La volonté de garder le concept local permet avant tout la rencontre des artistes publié·e·x·s lors des vernissages, deux fois par année, une richesse d’échanges pour tous·x·tes. 

Un travail d’équipe

Deux fois par année donc, les trois éditeur·rice·x·s reçoivent la matière après l’appel fait en ligne. Comme nous l’explique Alice, « le travail de curation consiste à sélectionner les textes et les images et de les agencer ». Pour cela, l’équipe a rôdé son système : chacun·e·x note les œuvres individuellement avant d’en discuter. Les critères ne sont pas nombreux, « il faut que ça nous touche et il faut aussi qu’on estime que c’est important que ce soit écrit quelque part, que ce soit sur une page et que les gens le lisent… Souvent, on n’est pas d’accord parce qu’on a pas du tout les mêmes sensibilités, alors on doit argumenter. Ça donne toujours de très belles discussions ! »

© Format Papier – couverture d’Eloise Dufour

Jusqu’ici, l’appel à matière fonctionnait sans thème, chacun·e·x était libre d’envoyer ce qu’iel voulait. Le travail des trois éditeur·rice·s était de trouver un fil rouge, une ligne directrice pour rendre la lecture fluide et cohérente. « On essaie aussi de faire dialoguer les oeuvres, de voir comment elles se mettent en valeur. On passe parfois commande à des artistes dont on connaît le travail, si on pense qu’il manque quelque chose. » Pour la première fois, pour cette neuvième édition, un thème est imposé : celui des érotismes, des désirs, qu’on en ait ou pas, ainsi que les sexualités et les genres. « On s’est dit que c’était intéressent de mettre un thème autour duquel les gens peuvent se rallier. On nous a d’ailleurs souvent demandé pourquoi on n’en avait pas ! » Et ce thème, né des discussions de l’équipe, porte aussi en lui la volonté de détourner des sujets déjà très présents dans le paysage actuel, mais souvent approchés de manière politique, pour en parler ici d’une voix plus proche de l’intime et par des médiums artistiques. 

Autre changement pour cette neuvième édition : le retour au local de la production. Jusqu’ici, l’impression était faite dans une maison d’impression industrielle du Nord de l’Italie. Mais cette fois, c’est à l’Atelier des mains sales à Orbe que l’équipe remet le soin d’imprimer le prochain ouvrage. L’équipe travaillera elle-même sur les reliures. À l’occasion de ce changement, Alice explique qu’iels ont aussi voulu se faire le plaisir de changer le format, en passant du rectangulaire classique et parfois contraignant, au carré qui laisse plus de liberté dans les créations. La couverture est le fruit d’un autre travail de curation du trio de tête, à la recherche de l’artiste qui saura répondre à l’esthétique de chaque édition. 

Créer du lien 

Le trio accorde une grande importance aux vernissages bi-annuels. Pour Alice, ces instants de rencontres sont précieux : « C’est là que les liens se créent, que les artistes et les lecteur·rice·x·s peuvent se rencontrer, et que nous aussi on a accès aux réactions des gens, à la façon dont l’objet est accueilli dans la communauté. » Si Alice nous parle de communauté, c’est qu’il y en a une, fidèle et très présente, depuis les premiers vernissages. 

L’organisation du dernier vernissage s’est déroulée à l’image des appels à matière avec un appel à performance. Une soirée qui a été un succès et où les nombreux·ses créateur·rice·x·s ont pu faire connaissance, un objectif cher aux yeux d’Alice : « C’est pour ça qu’on veut que ce soit vraiment du papier, puis des humains qui se rencontrent, de sorte à ne pas dématérialiser les choses tout le temps. »

Et quand on lui demande ce qu’on peut souhaiter à toute l’équipe, Alice n’hésite pas : « Des subventions afin de rémunérer les artistes. C’est du travail de passionné·e·x·s et à partir du moment ou iels sont publié·e·x·s, iels doivent être payé·e·x·s ! »

Vous avez encore jusqu’au 8 mai pour rejoindre ce beau projet en envoyant vos textes, vos illustrations, photos, gravures, à format.papier.info@gmail.com !

Et pour acquérir la dernière édition Format Papier 8, vous pouvez vous rendre au Mécanoscriptophile, au Musée de la Machine à écrire à Lausanne, ou commander l’ouvrage via l’Instagram de Format Papier. Vous y trouverez également toutes les réponses à vos questions concernant les envois de matière.

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