« Korean’s Spirit » l’exposition qui dévoile le génie de l’art contemporain coréen

Nous avons la chance de nous entretenir avec Sofia Komarova, directrice de la galerie Artvera’s en vieille ville. Elle nous explique les prémices et l’histoire de l’exposition Korean’s Spirit qui présente tableaux, performances visuelles et sculptures contemporaines.

Comment avez-vous eu l’idée d’exposer de l’art contemporain coréen à Genève ?

Cela remonte au mois de mai, lors de ma visite à la Biennale de Venise. La Corée proposait un pavillon remarquable qui m’a beaucoup impressionnée. J’ai alors rencontré son curateur et le directeur de l’organisation Korea Tomorrow, qui représentait les artistes exposés. Suite à cette rencontre, nous avons commencé à discuter d’une future collaboration pour mettre sur place une exposition dans notre galerie à Genève. Korea Tomorrow est une organisation très engagée auprès d’artistes coréens contemporains et j’avais à mon tour très envie de partager mon émerveillement avec d’autres curieux, amateurs et collectionneurs. Heureuse coïncidence : nos deux établissements fêtent leur première décennie d’existence cette année ; un joli clin d’œil que je ne pouvais m’empêcher de souligner… (rires). Il fallait oser plonger dans ce monde inconnu et extraordinaire… nous sommes contents de l’avoir fait !

Quel est votre parcours personnel, est-il lié à l’art coréen ?

Je suis historienne d’art européen. J’ai étudié à Saint-Pétersbourg, puis je suis venue à Lausanne et à Genève. Mon cœur appartient plutôt à l’art flamand du XVe-XVIe siècles, mais je travaille activement avec l’art du XXe siècle au sein de la galerie. Nous avons d’ailleurs organisé une exposition pour commémorer le centenaire de la Révolution russe, qui s’intitulait « 1917 Phoenix russes en Occident ». L’aspect positif d’un échange culturel et le génie de l’art russe ont parfois été camouflés par le contexte historique et politique du pays. C’est peut-être en cela que nos deux expositions se rejoignent.

Y a-t-il justement une continuité entre votre dernière exposition et Korean’s Spirit ?

Il y a en effet une continuité, notamment celle que je viens d’évoquer. L’art coréen est intimement lié à son histoire et sa politique. La fin de la dictature en 1987 marque le début d’une impressionnante « Vague coréenne » dans les milieux artistiques : cinéma, musique, téléréalité : la culture coréenne s’émancipe. Du côté de l’art, les artistes s’invitent sur la scène artistique internationale, s’impliquent dans de grandes manifestations et s’imposent petit à petit comme figures dominantes en Asie et dans le reste du monde !

Pouvez-vous nous parler des artistes de Korean’s Spirit ?

C’est le fruit d’une réflexion menée conjointement avec Korea Tomorrow. Nous avons pris le temps d’examiner le projet, car cela faisait longtemps que l’on n’avait pas montré de l’art coréen contemporain en Suisse. Nous exposons donc le travail de neuf artistes aussi bien établis qu’émergents, tous nés entre les années 1930 et 1970. Nous avons sélectionné ces artistes là en particulier car, chacun à leur manière, ils expriment un lien très personnel entre l’art traditionnel et la modernité. Comme par exemple avec le travail de SHIN Meekyoung (1974) qui reproduit des vases classiques en savon ou KIM Jong-Ku (1963) qui fait un travail de calligraphie avec de la poudre de fer. Malgré la mondialisation environnante et le bouleversement observé dans le domaine artistique avec l’arrivée de l’ère digitale, ces artistes initient une nouvelle dynamique indépendante de la culture contemporaine occidentale dominante. Le parcours présente une quarantaine d’œuvres avec des styles entre abstraction et figuration ainsi que des techniques variées : tableaux, toiles tissées, œuvres sur papier, impression digitale, vidéo-installation et sculptures en savon. L’éclectisme notoire de cette exposition permet à tout à chacun une paisible immersion dans la foisonnante créativité des artistes contemporains coréens.

Je suis également très fière de pouvoir exposer un artiste du mouvement Dansaekhwa, KIM Hyung Dae (1936), le doyen du groupe. Ce mouvement, qui signifie « peinture monochrome », est né en Corée dans les années 1970 et a pour but de travailler avec toute la gamme d’une teinte en particulier, en explorant la façon dont elle est affectée par la lumière et l’obscurité, la texture, les matériaux et d’autres forces.

Quel est votre coup de cœur ?

C’est une œuvre de YOUN Myeung-Ro (1936), intitulée Winter into Spring. Ce tableau m’a tout de suite laissée sans voix. Il m’a beaucoup touchée car il est à la fois compliqué et dense mais également très sentimental. L’artiste n’a pas seulement peint les saisons mais aussi l’univers. Comme dans le carré noir de Malevitch, on y retrouve toutes les couleurs, toutes les perspectives. On s’y plonge sans retenu…

Est-ce important de montrer quelque chose de différent à Genève ?

Oui ! Et je pense que c’est une belle surprise et une chance de pouvoir montrer ces artistes ici. Grâce au partenariat avec Korea Tomorrow, nous avons fait une sélection très intéressante. Même avec mon bagage d’historienne de l’art j’ai eu besoin d’adapter mon œil à l’art coréen. Je suis convaincue que nous exposons de très bons artistes et qu’en plus, nous offrons une part de réalité. Je suis ravie de partager cela avec le public.

Artvera’s propose « Korean’s Spirit » du 4 octobre 2017 au 28 février 2018

1, rue Etienne Dumont Horaires:

Lundi- Vendredi: 9:30 -18:00

Samedi: 11:00 – 17:00

ou sur rendez-vous Entrée libre

Tags sur cette publication
, , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.