La Colère, mélomane électro tropicale

À 29 ans elle est l’une des révélations musicales suisses de l’année : interview et portrait de La Colère, une artiste électro pop hors pair. 

Derrière ce curieux nom de scène se trouve une jeune femme originaire « des deux côtés de la barrière de rösti », genevoise de part sa mère, suisse allemande du côté de son père. Née à Genève, La Colère débute la musique par l’apprentissage de la clarinette : « Moi je voulais faire de la batterie, mais ça faisait trop de bruit… » confie-t-elle, rieuse. Sept ans de cours pendant lesquels elle apprend les bases du jazz et du classique. Mais rapidement, l’attention qu’elle porte aux partitions diminue : il est temps pour elle de créer ses propres mélodies. 

À 13 ans, ses frères et sœurs participent à la révélation musicale de sa vie en lui faisant découvrir l’univers de Röyksopp, un groupe d’électro scandinave. Ce jour marquera à tout jamais l’éclosion de sa passion pour la musique électronique. Au début, il lui est difficile de l’assumer : son entourage est peu friand de ce genre musical qu’ils estiment être un simple « toucher de bouton ». C’est finalement à 25 ans, après avoir écouté de la musique électronique en secret durant toute son adolescence qu’elle se décide à endosser et approfondir sa véritable passion. Auteure, compositrice et interprète, La Colère démarre avec le programme informatique « Ableton », qu’elle adopte dès la première utilisation. Depuis, la Romande crée dans sa chambre des tubes vibrants à l’ambiance lancinante, colorée et tempétueuse. Avant de les interpréter en concert, tantôt seule, tantôt accompagnée par deux musicien·ne·s : Théo Deluz à la batterie et Inès Mouzoune à la basse.

Mais alors, pourquoi avoir choisi ce nom de scène La Colère ? « Tout d’abord, j’aime beaucoup la phonétique du mot, je la trouve légère et aérienne. Il y a un vrai contraste entre sa prononciation et ce que le mot veut dire. Et puis, c’est quelque chose de fort qui nous relie tous. C’est tellement important d’exprimer ce genre d’émotions qui sont parfois perçues, à tort, comme négatives. La musique est mon exutoire et surtout dans ce genre de moment. La colère m’a alors définie dans ce projet et c’est pourquoi je l’ai choisie », raconte-t-elle.

M4Music, le tremplin de sa carrière

Après la sortie en 2018 de son premier EP intitulé Surface, un ami la convainc de participer au concours M4Music à Zurich, organisé par la Migros. Le concours récompense quatre sections musicales différentes. Dans la course pour la catégorie électronique, La Colère est choisie parmi 864 participants et gagne le prix de la meilleure chanson électro suisse de l’année. Une véritable surprise pour la jeune femme, dont la mention lui a permis d’écoper d’une bourse de quelques milliers de francs mais surtout de la visibilité dans l’entier du pays. « Tout a changé depuis. Suite à ça, les radios se sont intéressées à moi, des concerts m’ont été proposés et ça m’a ouvert les portes d’un monde que je ne connaissais pas. M4Music a été un vrai tremplin », explique-t-elle.

Depuis, La Colère a pu intégrer la fondation suisse Fondation CMA (Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelles), où elle reçoit le soutien d’une coach afin d’apprendre à gérer tous les éléments entourant la vie d’artiste. « Je travaille tant sur mon interprétation sur scène, que sur la façon de manager mon équipe, comment répondre aux journalistes ainsi que les questions plus administratives. Je n’ai pas de label, ce sont des choses que je dois savoir faire, il en est de la viabilité et de l’évolution du projet », confie-t-elle.

La Colère © Aude Hänni

La Vague, album au succès salué

En début d’année, elle sortait, après neuf mois de travail acharné, son tout premier album : La Vague. Malheureusement, on connaît la suite : le Covid a fait son apparition, rendant les concerts et promotions d’albums presque impossibles. Un coup dur pour La Colère dont elle ne se plaint pourtant pas :  « C’était horriblement frustrant, j’ai pu jouer deux trois concerts et c’était fini. Mais c’est un peu arrivé au bon moment aussi. Je n’avais pas eu le temps de me poser depuis ma victoire au M4Music. C’était très dur de se voir couper l’herbe sous le pied, mais j’ai travaillé intensément sur d’autres aspects de ma carrière, être artiste et faire de la scène ça ne s’improvise pas ! », confie-t-elle. Elle a ainsi vite repris du poil de la bête en composant de nouveaux titres durant le confinement, comme son dernier single en date Et qui ?. « C’était dur, mais il a fallu continuer à bosser et lâcher prise. Je pense que la vie fait bien les choses, alors j’ai confiance », s’enthousiasme-t-elle. 

Il y a tout juste un mois, l’artiste sortait son tout premier clip accompagnant le tube La Plage, morceau à la cote désormais européenne. Un scénario humoristique présentant les injonctions strictes qui peuvent être faites aux artistes. Un point important à dénoncer selon La Colère, indépendante et désireuse de le rester. Réalisé par le réalisateur suisse Yannick Maron, le clip est une bouffée d’air frais et de rires, tourné parmi les plantes du jardin botanique de Genève. Le projet, qui a dû être réadapté à trois reprises avant de pouvoir être finalisé, pour cause de Covid, marque le début d’une nouvelle union artistique prometteuse. « On voulait rire. On en a tous besoin en ce moment et puis c’était important de mettre en lumière à quel point les artistes peuvent être sujets à la pression, les empêchant ainsi d’être eux-mêmes ! », a-t-elle expliqué.

Avec le projet d’aller prochainement conquérir le public suisse allemand, La Colère promet de faire danser les Helvètes sur des tubes aux arômes disco pimentés, avec ou sans Covid !

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