Le Thomas Florin 4tet sort son premier album

Jamais entendu parler du Thomas Florin 4tet ? Plus pour longtemps ! Le groupe vient de sortir son premier album, qui rassemble des morceaux du groupe de jazz Weather Report soigneusement recomposés pour l’occasion. EPIC a rencontré Thomas Florin, leader, pianiste et compositeur du groupe. Il nous raconte ses premières expériences avec le jazz, nous parle des talentueux musiciens qui l’accompagnent et présente son nouvel album Weather Has Time, sorti en mars dernier et dont le vernissage se tiendra le 27 mai à l’AMR.

Comment et quand as-tu rencontré les membres de ton groupe actuel ?

J’avais déjà vu en concert notre sax, Manuel Genessey, avec son groupe Red Planet (un quartet co-dirigé avec Mathieu Rossignelly), quand j’avais 14 ou 15 ans à l’AMR. J’étais vraiment impressionné par la manière dont il jouait et je m’étais toujours dit que je voulais absolument avoir un groupe avec lui au sax plus tard ! Concernant Ninn Langel et François Christe, j’avais joué en trio avec eux à l’occasion d’un petit concert pour une bourse… qu’on n’avait d’ailleurs pas eu. Bref, les trois musiciens se connaissaient déjà, Ninn et Manu avait même déjà joué ensemble, mais c’est moi qui ai véritablement monté le groupe.

Depuis combien de temps joues-tu du piano ? Tu joues aussi d’autres instruments ?

J’ai commencé le piano vers 10 ans, et la trompette vers 16 ans. Je fais aussi de la basse électrique et du cor des Alpes. J’ai ce besoin de faire plein de trucs, et je me mettrai sûrement à d’autres instruments dans le futur… En plus, je dirige et écrit pour un Big Band, et le fait de jouer plusieurs instruments aide beaucoup dans la composition, notamment pour savoir où sont les difficultés avec certains instruments, par exemple si tel doigté est compliqué à réaliser à la trompette.

Comment es-tu arrivé dans le monde du jazz ?

Quand j’étais plus jeune, mon père m’a parlé d’un atelier jazz à l’AMR. J’avais alors environ 14 ans et suivais des cours de piano « classique », c’est-à-dire seul avec un professeur. Les ateliers juniors de l’AMR m’ont permis de découvrir une toute autre manière d’appréhender la musique, beaucoup plus libre et ouverte. Cela m’a dévoilé une autre façon d’interpréter la musique et j’y ai appris l’interaction avec les autres musiciens, élément essentiel en jazz. J’ai vraiment aimé tous ces choses que cet atelier nous a transmis et ça m’a donné envie d’en savoir plus et de continuer dans cette voie.

Dans tes modèles, je vois que tu cites Davis et Coltrane, mais qu’en est-il des modèles actuels ? Et plus généralement, tu écoutes surtout du jazz ou tu t’intéresses aussi à d’autres styles musicaux ?

Comme modèle actuel, je citerai Brad Mehldau ou Aaron Parks, deux pianistes que j’ai découvert seulement récemment, après avoir écouté longtemps Bill Evans et Ahmad Jamal, deux de mes favoris. Sinon je n’écoute évidemment pas seulement du jazz ! Je suis super fan de Pantera ou Rage Against the Machine.

C’est ton premier album en tant que leader, qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Cet album, je vois ça comme la photo d’un moment de ma vie, de façon à dire « tiens, en 2015, je faisais telle musique, avec tels musiciens ». J’aime bien le fait que cela soit quelque chose de physique, avec le CD, que ce que j’ai fait soit fixé sur un support. Je vois ça un peu comme ma carte de visite. Et puis dans l’ensemble, j’ai eu des retours positifs, donc je peux être fier de ce que j’ai fait !

Pourrais-tu en dire un peu plus sur ce processus que tu nommes « re-composition » ? Qu’est-ce que tu gardes ou ne gardes pas du morceau original ?

Je garde toujours peu. Je reprends une idée précise pour faire un morceau. Si on veut reprendre deux idées, il faut deux morceaux ; c’est du moins comment je vois la chose. Le but est que mes compositions ne ressemblent pas à un patchwork fabriqué d’éléments repris et d’ajouts de ma part. Concrètement, je fais un choix parmi deux possibilités : soit je reprends un bout de mélodie (avec ou sans les harmonies originales) dont je fais changer le rythme ou un autre paramètre, soit je reprends une ligne de basse dont je garde le contour (que je redéveloppe en l’allongeant par exemple). En parallèle, je laisse aussi quelques passages très proches de la version originale, en effectuant seulement une légère adaptation.

En plus de ça, j’écris toujours avec un style bien précis en tête. Un style que j’apprécie particulièrement et qui va de pair avec mes musiciens : celui du jazz des années ‘60 ou ’65. Ce style, comme tu les autres, comporte ses spécificités, et c’est aussi avec ça que je crée mes compositions. La forme du morceau, la liberté que le batteur se donne, la prise de risque, etc. c’est autant d’éléments que je prends en compte dans la composition d’un morceau « ré-arrangé ». Ceci dit, le résultat final des recompositions se fait aussi avec mes goûts musicaux personnels, au final il en ressort un mix de nombreuses influences, qui parfois peut se retrouver assez loin de ce qui se faisait il y a 50 ans.

De plus, j’écris pour les musiciens avec lesquels je joue. Je sais de quoi ils sont capables avec leurs instruments, ce que j’apprécie dans leurs jeux, etc. donc cet élément rentre aussi en ligne de compte.

Enfin, après la recomposition, il y a toujours évidemment un part d’improvisation dans le morceau. Mais elle se fait la plupart du temps sur la forme, sur les accords de la chanson. Ici, les musiciens sont libres de jouer d’autres accords, ou d’une autre manière, puis de trouver un moyen d’y revenir à un certain moment.

J’ai lu qu’en écoutant vos morceaux, on peut parfois se retrouver « aux antipodes de [l’] atmosphère initiale [de la composition originale] » : peut-on alors parler de compos originales ?

Je garde toujours un élément de base appartenant à la chanson originale, donc je parlerai plus d’« arrangements à l’extrême ».

Prochaines dates de concerts du Thomas Florin 4tet

  • 5 mai : 19h, 648 Café, Marcellaz (Route de Peillonnex 72, Marcellaz, France)
  • 6 mai : 20h30, Cave Marignac, Grand-Lancy (Avenue Eugène-Lance 28, 1212 Grand-Lancy)
  • 27 mai : 21h30, Vernissage de l’album Weather Has Time, à l’AMR (Rue des Alpes 10, 1201 Genève)

Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site officiel du 4tet.

!!! Autre date importante : le mercredi 11 mai, l’AMR ouvre les portes de ses ateliers !!! Atelier junior, jazz moderne, spécial chant, spécial piano ou Big Band, n’hésitez pas une seconde à aller faire un tour. Toutes les informations sont à retrouver ici (sur le site de l’AMR).

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