L’Orchestre Juventutti : de la jeunesse dans la musique classique

Crédits : volpe.photography

À l’approche de leurs concerts, rencontre avec trois membres de l’orchestre Juventutti, un orchestre de musique classique de jeunes, pour les jeunes

L’orchestre

Créé en 2017, l’orchestre Juventutti est un orchestre de musique classique de jeunes, pour les jeunes. Afin de présenter ce projet, EPIC-Magazine a eu la chance de rencontrer trois des membres de son comité : les deux co-présidentes, Léa Sturzenegger et Daria Pittet, respectivement 19 et 20 ans, et le directeur musical et artistique, Amanta Nasution, 24 ans, un des co-fondateurs de l’orchestre. 

L’orchestre est composé de 80 musicien.ne.s ayant des profils très différents. « C’est très mixte, ça fait de nous un orchestre particulier », explique Daria. En effet, les musicien·ne·x·s ont entre 15 et 25 ans et ont des formations musicales diverses : alors que certain·e·x·s sont amateur·rice·x·s, d’autres sont en formation pré-professionnelle ou déjà en études dans des hautes écoles de musique. Cette diversité se retrouve également chez les onze membres du comité, tous·tes·x membres de l’orchestre.

© Caroline Planche

Une énergie singulière

Deux aspects rendent l’orchestre Juventutti atypique : sa jeunesse et sa mixité. Deux points qui les différencient des orchestres classiques plus traditionnels et qui constituent, selon eux, leur force. Plus qu’une touche musicale, c’est surtout une énergie particulière qu’iels relèvent lorsqu’iels jouent. Une énergie remplie de passion, car loin d’être leur métier : c’est uniquement une réelle envie d’être là qui les rassemble : « On fait tous·tes·x ça parce qu’on a vraiment envie que ça marche, on a envie de jouer ensemble et de partager cette musique avec le public ! »

De plus, Daria, Léa et Amanta soulignent tous·tes·x les trois la cohésion de groupe qui se crée au sein de l’orchestre et qui donne elle aussi une âme particulière à leur musique : « Il y a un esprit d’équipe, à la fin d’un concert c’est comme si on avait gagné un match ! », explique Daria en souriant.

Cette cohésion est en partie due à l’hétérogénéité des musicien·ne·x·s. En effet, étant un groupe avec des niveaux musicaux très différents, le travail musical est différent de celui d’un orchestre professionnel : il nécessite plus de répétitions et ajoute une dimension d’entraide très présente.

Il faut qu’il y ait une cohésion humaine pour qu’il y ait une cohésion musicale.

Cet aspect social est très important pour l’orchestre : les trois musicien·e·x·s  racontent qu’iels essaient de créer le rapport le plus horizontal possible entre musicien·ne·x·s de l’orchestre. Aussi, afin de créer cette cohésion de groupe, des événements qui réunissent l’aspect musical et social sont organisés, comme par exemple un week-end de répétitions dans un chalet lors duquel les musicien·ne·x·s répètent et vivent ensemble. Même lorsqu’un·e·x soliste est invité·e·x pour un concert, iel doit être engagé·e·x socialement dans l’orchestre, témoignant une réelle envie de créer une connexion avec les autres musicien·ne·x·s et de faire partie intégrante du groupe. 

© Caroline Planche

Son histoire

Le projet a été créé en 2017, lorsqu’après l’obtention de leur maturité, Amanta et certain·e·x·s de ses ami·e·x·s ont voulu créer une continuité à l’Orchestre des Collèges. Avec l’expérience associative de certain·e·x·s, iels se sont débrouillé·e·x·s pour obtenir des financements et des locaux de répétition, puis ont trouvé des musicien·ne·x·s motivé·e·x·s principalement grâce au bouche à oreille. « Tout a été facile au début, on nous a donné une chance », se rappelle Amanta. Rapidement, l’Orchestre a fonctionné et a commencé à se produire, notamment lors d’une tournée de sept dates en Chine en 2018, une aventure exceptionnelle qui a beaucoup marqué celles et ceux qui y ont participé. Amanta raconte : « C’était incroyable, on aurait dit une hallucination collective ! »

Par la suite, l’orchestre a continué à évoluer, se produisant notamment au Victoria Hall et interprétant sans cesse des pièces plus ambitieuses. Une pièce emblématique pour l’orchestre reste la suite symphonique Shéhérazade de Rimski-Korsakov : « Shéhérazade a été un tournant dans notre ambition : on a vu qu’on avait réussi à faire quelque chose qui paraissait impossible ! Alors maintenant c’est comme une drogue, on en veut toujours plus ! »

Leurs futurs concerts

Une ambition et une envie débordantes, dont témoigne le nouveau programme que l’Orchestre, a réussi à mettre en place : celui-ci contenant le Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov avec la pianiste invitée Vénélina Neuquelman, l’Ouverture fantaisie de Roméo et Juliette de Tchaïkovski et les Danses symphoniques de West Side Story de Bernstein. Un programme audacieux et varié qui sera joué dans la salle mythique du Victoria Hall à Genève le 23 mars à 20 heures. De plus, l’orchestre jouera les deux premières pièces le 19 mars à la salle Paderewski à Lausanne à 17 heures, puis finalement le 24 mars au Conservatoire de musique de Genève à 21 heures. Toutes leurs représentations sont gratuites et libres d’entrée ; il est uniquement nécessaire de réserver (gratuitement) sa place au Victoria Hall. 

© Caroline Planche

L’accessibilité à la musique classique

La gratuité des concerts de l’orchestre Juventutti n’est pas anodine : rare dans le monde de la musique classique, elle témoigne de l’un des buts premiers de l’orchestre : rendre la musique classique accessible. Souvent vue comme un genre musical appartenant à une classe sociale élevée, Léa explique : « On ne veut pas qu’il y ait de barrière à l’entrée. »

Ainsi, l’orchestre espère inciter un maximum de personnes à découvrir ce registre musical dont iels sont conscients des réticences. En effet, les trois membres déplorent une vision de la musique classique rigide, stricte, souvent vue comme appartenant à une autre génération « alors qu’il y a quand même beaucoup de folie dans ce monde là », affirme Léa. Avec leur programme, l’orchestre veut casser les clichés d’une musique parfois perçue comme ennuyeuse et également démontrer la diversité de la musique classique : « On a essayé de trouver des pièces qui peuvent parler à tout le monde, on veut que nos concerts soient accessibles ! »

© Caroline Planche

La suite de Juventutti

Pour l’avenir, Amanta raconte qu’iels souhaitent évidemment que le projet continue, quand bien même aucune des personnes à l’origine du projet ne serait encore là. Cependant, les trois musicien·ne·x·s relèvent la difficulté d’être un orchestre de jeunes se renouvelant sans cesse, car iels ne sont jamais sûre de la manière dont le projet évoluera et il est impossible de prévoir ce qu’il se passera au long terme. Mais leur message final reste positif : « À la fois ça fait peur et à la fois pendant cinq ans ça s’est plutôt bien renouvelé », raconte Daria. C’est en tout cas tout ce qu’on leur souhaite ! 

Retrouvez l’Orchestre Juventutti sur Instagram et leur page Internet contenant le lien pour réserver votre place au concert du 23 mars au Victoria Hall. 

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