Oscura Resistencia : noirceur, douceur et découverte

© Oscura Resistencia

Arrivée récemment dans le milieu musical genevois, Oscura Resistencia se fait remarquer par ses sets au style atypique, aussi pointus qu’inclassables. Portrait d’une artiste polyvalente et fervente défenseuse de la scène émergente.

Présentation

Un set The Attic qui mêle Maria Violenza et Martin Dupont, un podcast intense sur Radio Alhara, une soirée de folie post-Slutwalk, ou encore un dernier podcast vendredi passé sur Mutant Radio ? Ne cherchez pas c’est sûrement Oscura Resistencia. « Collectionneuse de sons » récemment passée derrière les platines, Louise nous parle de son parcours, de ses inspirations et de son rapport à la musique.

Si le pseudonyme d’Oscura Resistencia ne vous dit rien, c’est peut-être que vous la connaissez sous le nom de Louise Leï Wang. Car Louise est avant tout une créatrice de bijoux et d’accessoires de talent. Arrivée derrière les platines sur le tard, poussée par ses ami·e·x·s emballé·e·x·s par sa sélection musicale aussi hétéroclite que qualitative, elle cumule désormais les deux activités, qui lui permettent d’exprimer sa créativité de différentes manières.

Débuts dans la musique

Si Oscura Resistencia a commencé à mixer en 2020, juste avant la pandémie, elle n’est pas exactement une novice dans le milieu musical : « Ma première relation avec la musique, c’est dix ans de piano classique au conservatoire. La musique en tout genre m’a toujours accompagnée, aux études, au travail, dans le bus, à la maison, partout… En parallèle de mes études à la HEAD, j’ai beaucoup écouté de musique, je me considère plus comme une collectionneuse de sons. Je passe d’ailleurs beaucoup plus de temps à écouter / digger de la musique qu’à mixer. Si je suis arrivée derrière les platines, c’est surtout car des amis impliqué·e·x·s dans le monde culturel et musical aimaient ma sélection et m’ont bookée à l’occasion d’une soirée Prohibidance à Central Station et ça a commencé comme ça. » Oscura Resistencia a tout appris sur le tas, mais a tout de suite été remarquée : « Après ça, j’ai pas mal mixé avec Valentin Savio [Horizon Liquide, H.I.V, Les Grands Brûlés] sous le nom de Niemals Trennen, surtout à Fribourg. Et deux semaines avant le COVID, j’ai mixé à WAV33. Je ne sais pas si c’est lié à ça mais à partir de là tout s’est enchaîné et j’ai reçu plein de propositions ».

© Oscura Resistencia

Un style éclectique

Mais si Oscura Resistencia est aussi sollicitée, ce n’est pas exactement un hasard. Ses sets ne ressemblent à rien de ce qui se fait actuellement dans la scène musicale genevoise. Dominés par les influences post-punk, mais toujours en faisant de la place au disco et aux côtés plus sombres de la techno, ses sets sont facilement identifiables : « C’est difficile pour moi de qualifier mon style car il varie énormément selon mon humeur ou selon le type de dates proposées. Mais j’avoue que ces temps il y a une dominante downtempo, mélodies psychédéliques/cosmiques/alternatives, de la dub, de la disco et du post-punk. Et encore, il y a énormément d’autres styles musicaux que j’apprécie. Donc ce serait plus simple de dire ceux avec lesquels je suis en général moins à l’aise, comme le reggaeton, le baile funk ou le dancehall. Et sinon le reste, que ce soit du post-punk, du classique, du jazz, pas de souci. Parce qu’au final il y a des choses excellentes et horribles dans chaque style. En fait, il faut juste que ça me plaise vraiment, peu importe si c’est connu ou pas. Je peux enchaîner un titre de Niagara avec un·e·x artiste qui n’existe même pas sur internet. Je pense aussi que c’est bien de mettre un petit peu en danger le public, de l’inviter à avoir quelques minutes dans un set où il va écouter quelque chose qui va le surprend, auquel il ne s’attendait pas, un style ou un titre vers lequel il ne serait pas allé spontanément. » Ce qu’on retrouve dans le podcast Love Reaction par exemple.

J’ai l’impression qu’avec la musique, plus tu varies et plus tu arrives à surprendre un peu le public.

Sortir du mainstream

La découverte, Oscura Resistencia y tient. Il faut une solide culture musicale pour espérer connaître certains titres qu’elle place dans ses sets. Elle met un point d’honneur à créer ses sélections autour de titres loin de la logique commerciale : « Ce qui m’a rapidement dérangée, dans les plateformes comme Spotify, Youtube ou autres, c’est que c’est bourré d’algorithmes, les groupes sont toujours les mêmes à avoir plus de visibilité. Même si tu es un·e·x très bon·ne·x artiste, si tu n’es pas dans le bon style, le bon algorithme, ou encore dans la bonne « longueur » de morceau, ce sera très difficile d’être écouté·e·x. »

Pour contrer ce système, Oscura Resistencia fait un travail de recherche, afin de proposer des titres qu’elle a à cœur de faire découvrir : « Je dig pas mal, et il y a aussi beaucoup de partages avec des personnes de tous les horizons. En fait, je fonctionne beaucoup par échanges : lorsque je trouve une musique qui me fait penser à quelqu’un, je la lui envoie, et souvent on fait pareil en retour. Je suis d’avis que la musique doit être partagée et non cachée, c’est aussi pour ça que j’accompagne parfois les sets des tracklists, parce que les artistes ont besoin de visibilité, et d’être mis en avant justement. Je trouve également énormément de choses en m’intéressant aux labels. Je switch donc entre des labels (Detriti, Antinote, Knekelhuis, Samehead, Deewee, Music for Dreams, Kakakids records…), des magasins de disques (Dizonord, Soundmetaphors…), Internet évidemment, mais aussi beaucoup d’échanges avec d’autres artistes que j’admire (André Pahl, Oscar der Winzige, Alicia Carrera ou avec des ami·e·x·s de Fribourg ou de Genève). Parmi les labels, Oscura Resistencia fait la part belle à des labels Suisses comme Bongo Joe, Cheptel Records ou Subject to restrictions discs. La promotion des artistes locaux·le·x lui tient en effet à cœur, raison pour laquelle on retrouve souvent dans ses sets des artistes émergent·e·x·s de Suisse romande.

J’aime beaucoup les artistes locaux·le·x, on a énormément d’artistes tout près de chez nous qui ont beaucoup de talent et ne demandent qu’à être écoutés.

© Oscura Resistencia

Oscura Resistencia 

« En fait, Oscura Resistencia résume très bien mon rapport à la musique : Oscura, déjà pour la sonorité puis aussi car « obscure » ce n’est pas encore « dark » ni vraiment « light », c’est la limite entre douceur et noirceur. Et Resistencia justement par résistance à ce qu’on nous propose tous les jours sur les réseaux ou sur des plateformes guidées principalement par des algorithmes. Si je devais faire passer un message, ce serait d’aller chercher et d’être curieux·se·x, de ne pas écouter seulement ce qui vous tombe dans les oreilles, mais d’aller écouter d’autre choses, d’ouvrir les yeux et de regarder ce qu’il se passe autour de nous parce qu’il y a énormément de trucs incroyables qui se passent aussi tout près, dans le milieu musical. »

Pour découvrir Oscura Resistencia, rendez-vous à KZERN le 30.06 dans le cadre du festival Voilà ! Enfin de Bongo Joe, au Festival de la Cité le 06.07, au Montreux Jazz Festival le 08.07 ou encore aux Backyard Session w/ Ramin le 15.07.

Finaliste du Festival International d’Hyères, catégorie Accessoires de mode (festival qui aura lieu en octobre 2022 suivi d’une exposition durant six mois) et finaliste aux Bourses de la Ville de Genève (exposition au MAMCO, vernissage le 01.09), vous pourrez aussi suivre ses créations lors de ses évènements ou sur Instagram.

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