En prévision de la soirée anniversaire d’EPIC le 19 novembre, présentation de Pornopolis. Après avoir écumé les festivals tout l’été, c’est à Canal54 que le duo genevois viendra vous faire danser, à coup de sets high-NRG et italo-disco. Portrait d’un tandem qui carbure à l’énergie et qui est capable d’embarquer avec lui n’importe quel type de public.
Canal54 comme lieu de rendez-vous pour l’interview. Cohérent, c’est là que nous les avons programmés pour les huit ans du magazine. En effet, impossible pour EPIC de ne pas les mettre dans l’une de nos line-up, tant Pornopolis est devenu incontournable sur la scène alternative musicale ces derniers mois. Montreux Jazz Festival, Paléo, Label Suisse, rien que ça. 2022 n’est pas terminée, mais s’impose déjà comme une grosse année pour le duo genevois qui aura pris de l’ampleur tout l’été entre festivals de renom, premiers events à l’international et, toujours, multiples dates sur la scène romande.
Alors si malgré tout vous les avez quand même ratés, session de rattrapage. D’apparence, Pornopolis est un duo. D’apparence seulement, puisqu’en réalité, le résultat de la fusion entre ces deux DJs qui n’aimaient pas se produire seuls est bien plus que ça. Six ans qu’ils mixent côte à côte, tant et si bien qu’on ne sait plus vraiment qui ils étaient avant de se produire ensemble, mais honnêtement peu importe tant Pornopolis a trouvé son identité propre. Il faut dire que niveau identité, ils avaient de bonnes bases puisque le duo a vu le jour au sein de Metal Dance, en pleine effervescence de l’organisation des raves genevoises. Coup de foudre stylistique, la compatibilité de ce qu’ils mixaient était évidente et a donné l’impulsion à la création du tandem. Une série de mix de l’un nommé Music is porno en écho à une réflexion sur la consommation de musique des DJx, une volonté de l’autre d’afficher une forme d’humour et d’excentricité qui colle à leur personnalité, et le nom était trouvé. Pornopolis était né.
Niveau style, ce qui les a réuni à l’origine, c’est leur amour pour l’italo et la disco. Mais très vite s’est imposée à eux une volonté d’affranchissement des genres : « On a fait nos premiers sets ensemble au Motel, en warm up. Au début c’était hybride, très new beat et électro. On était pas mal influencé par le fait qu’on arrivait de la scène rave. Et rapidement, on a eu envie de montrer qu’au final on se foutait des genres et qu’on avait juste envie de jouer ce qu’on aime, dont de l’italo avant d’évoluer vers de la high-NRG. Maintenant, on fait des sets très hybrides, on peut aussi bien jouer de la techno qui tabasse et qui va vers de la trance que de la disco des années 70. Et on peut tout faire dans le même sets. » Pas de ligne de conduite préétablie donc, si ce n’est « faire danser les gens », peu importe le style de la salle où ils se produisent ou le type d’ambiance : « Récemment, on est devenu très sensible à l’ambiance, au type de public. C’est lié au fait qu’on a commencé à jouer dans des salles très différentes, on est un peu sorti des endroits uniquement underground comme le Motel ou l’Usine. Et on a trouvé ça génial de pouvoir attraper n’importe quel type de crowd. Le but de nos soirées c’est quand même de réussir à faire danser les gens, peu importe le genre il y a toujours moyen de trouver de super musiques, qui fonctionnent ».
Comment ça marche la préparation d’un set, quand on est un duo qui mixe autant ensemble ? Eh bien, comme dans tous couples qui fonctionnent, Pornopolis c’est l’alliance de confiance et d’indépendance. Contrairement à ce qui se fait dans beaucoup de tandems, ils n’écoutent pas ce que l’autre prévoit à l’avance, mais découvrent les tracks en même temps que le public. « En fait, on se donne juste un thème, une vibe selon la soirée où on mixe. L’idée c’est surtout de toujours apporter beaucoup de nouveautés, parce qu’on se lasse très vite. On fait chacun une sélection de notre côté, et on alterne aux platines pendant la soirée. C’est le gros avantage d’être deux. Déjà c’est beaucoup moins stressant, mais surtout ça nous laisse du temps de profiter du côté festif, de débrancher le cerveau, de danser, et surtout de profiter de l’énergie de la salle. »
L’énergie. Voilà le mot est prononcé. On sent que c’est cette énergie qui les fait vibrer. Ce qu’ils ont retenu du MJF ? L’énergie. Leur date à Label Suisse ? L’énergie. Le Paléo ? Devinez. Et cette énergie, ils ont envie de la transmettre, de la faire vivre à d’autres. C’est pour ça ils sont devenus curateurs des soirées Gonzo Sport Club, organisées à Maison Balkii. Une fois par mois, et ce depuis un an, Pornopolis invite des artistes de la scène disco/italo européenne : « l’idée c’est de proposer à des DJx qu’on adore de venir se produire ici, des artistes qui au final sont trop niches pour être invité·e·x·s ailleurs à Genève. L’avantage c’est qu’un lieu comme Maison Balkhii est toujours plein peu importe la soirée, donc on sait que ça va marcher, et c’est super de pouvoir programmer des DJx qu’on admire, de créer des connexions dans une telle ambiance. » Un an que le concept existe, et qu’il aura permis aux Genevois·e·x·s de découvrir des noms tels que Furòr Exotica, Hyteric ou Monodominical. Sans oublier les locaux, puisque Pornopolis a également programmé des artistes bien connu·e·x·s de la scène romande en donnant carte blanche notamment à Oscura Resistencia ou Maybe Alan.
Quand on leur demande si les soirées Gonzo Sport Club sont un moyen de créer un espace pour un style de musique qui a moins sa place à Genève, c’est une critique du clivage des genres musicaux que Pornopolis nous livre : « Nous on joue vraiment beaucoup, donc c’est qu’il y a de la place pour ce qu’on fait, mais on sent qu’il y a vraiment une mode plus tournée vers la techno actuellement. Ce qui est dommage c’est que tout est très vite catégorisé. Si tu fais de la techno tu dois avoir une comm’ qui correspond, avec un côté très dark. Nous qui n’avons pas ce côté-là, on est très vite catégorisé disco, alors qu’on fait plein d’autres choses. Ce serait cool si les choses se diversifiaient un peu, si l’on pouvait montrer qu’au-delà des styles très agressifs beaucoup d’autres genres sont possibles et appréciables. »
Dans cette optique de connexion avec d’autres artistes, Pornopolis est allé cette année diffuser son éclectisme hors frontières, en se produisant à Barcelone et à Paris en ne rechignant pas à monter sur scène dans des events loin de ce qu’ils font à l’origine. Mais pour la fin d’année, retour intramuros avec une date prévue ce vendredi 11.11 à la Salle du Faubourg dans le cadre du GIFF. Puis c’est Rena Volvo qu’ils mettront à l’honneur dans leur prochaine résidence à Maison Balkii le 18.11 avant de nous retrouver pour nos huit ans à Canal54 le 19.11.