[EPIC OPUS N°31] LARSAINT

Pour cet EPIC OPUS du mois d’août place à Larsaint. Que vous le connaissiez sous ce nom ou sous celui de son autre projet Sam Verywise, comme membre de Wav33 ou derrière le bar de Canal54, impossible de passer à côté de cet incontournable du monde musical genevois. Pour ce trente-et-unième OPUS, Larsaint nous livre un mix entre introspection et intensité et évoque avec nous son parcours et ses réflexions sur les changements du rapport à la musique depuis la pandémie.

Peux-tu te présenter et nous en dire plus sur ton parcours ?

Souvent on se dit que pour être dans le monde de la musique il faut avoir des bases théoriques, moi ce n’est pas le cas du tout, et je pense que pour beaucoup de DJ’s c’est pareil. Pour moi c’est plus une sensibilité pour la musique qui parle dans ce projet de DJ, et avant tout une envie de partage. Je prends ça au sérieux parce que l’émotion que la musique transmet c’est quelque chose à laquelle je suis profondément attaché. Donc, quand je sélectionne de la musique, je ne me mets pas de frontière ou de limite.

Quel est le style de tes mix ?

Je n’ai pas vraiment de style à proprement dit. Pour le projet Larsaint, ça reste plutôt électronique mais ça peut autant aller dans un style techno que house, tendre vers quelque chose de minimal ou de plus complet dans la construction. Ça peut aussi aller d’influences totalement robotiques, Détroit, etc., à des influences beaucoup plus organiques et plus groovy. Après, Larsaint c’est un projet qui change pas mal avec le temps. Surtout parce que je vais souvent utiliser des éléments de la tendance du moment. Je sais que c’est quelque chose qui change assez vite et donc il faut s’adapter sans arrêt, il faut être à l’affut des dernières sorties. Ça fait clairement partie du projet Larsaint : s’il y a des sorties récentes qui font un carton tu peux être presque sûre que dans mon prochain set il y aura un son du dernier EP qui marche.

Comment décrirais-tu le mix que tu as fait pour cet OPUS ?

C’est un set très minimaliste, plutôt introspectif aussi. Il y aura des sons assez ambient avec des éléments qui vont rappeler ce début de la musique électronique, le début de la trance aussi, c’est un style musical qui revient avec une force incroyable et dans différents niveaux d’énergie parce que c’est quand même un style qui est hyper vaste et hyper varié. Le set que j’ai préparé prend certains de ces éléments-là pour essayer de créer une transcendance chez l’auditeur. Le but c’est de faire désirer les moments chauds, les moments les plus intenses en passant justement par un petit voyage introspectif.

Quand et comment est-ce que tu as commencé à mixer ?

J’ai eu ma première paire de platines en 2016. J’ai commencé à apprendre chez moi juste en explorant les possibilités, je n’avais pas vraiment de mentor DJ. Les platines que j’ai achetées étaient des contrôleurs, c’est beaucoup plus simplifié.

Et comment t’est venue l’idée de te lancer ?

Je pense que c’est assez similaire à l’expérience d’autres personnes : on se retrouve dans des soirées entre potes, on écoute beaucoup de musique. Et il s’avère que plusieurs fois j’ai pris les commandes de la musique, et vu mon ouverture musicale assez grande, j’écoutais de la musique qui sortait un peu du mainstream ou des trucs assez récents que les gens ne connaissaient pas encore. Du coup j’ai toujours eu des playlists qui étaient appréciées par pas mal de monde et puis petit à petit j’ai réalisé que j’avais un goût musical qui était assez plaisant. C’est ce que j’essaie de retransmettre dans le projet Larsaint en fait. C’est un projet qui est beaucoup pour les autres parce que souvent je vais jouer de la musique qui est faite, sans être péjoratif, pour plaire à une majorité.

D’où ton projet Sam Verywise, qui est un peu différent ?

Oui c’est venu pendant la période du Covid, qui a apporté pas mal de changements quant à comment je voyais mes projets. J’ai eu envie d’exprimer des directions qui me plaisaient et où j’ai plus de mal à me faire comprendre. Et c’est pour ça que j’ai créé mon deuxième projet Sam Verywise, qui vient un peu pour oser, pour aller plus loin, pour enlever un peu ce format que j’utilise beaucoup avec Larsaint qui est de rester dans un cadre plus commun, plus « facile » d’écoute, qui ne demande pas beaucoup d’efforts pour apprécier. Alors que quand je mixe avec Sam Verywise, je me permets autre chose et je ne vise pas le même public. Larsaint c’est plus club. Sam Verywise, ça passera plus en radio, ou en après-midi en plein air, en festival où je vais m’adresser à une palette plus large de personnes. C’est aussi ça le truc que je trouve hyper cool dans le fait d’être DJ, c’est qu’on va souvent digger des sons pour un évènement ou un lieu précis.

Tu penses que la période Covid a fait changer les choses au niveau musical ?

En tout cas, pour moi, cette période m’a vraiment remis les pendules à l’heure. Je me dirigeais vers un spectre un peu plus engagé musicalement avec Larsaint mais c’est arrivé au moment où il n’y avait plus de scène. J’ai eu un reformatage de ma consommation de musique et de ce que je diggais dans le genre électronique, c’est devenu un peu plus introspectif. Beaucoup plus de musique avec peu d’information, peu de changement, moins engagée au niveau de l’énergie et de la puissance mais plus diluée, plus longue, plus ambient. C’est un constat clair dans ce qui est tendance après le Covid, ce sont des sonorités plus minimalistes et émotives, parfois psychédéliques, ou même chamaniques et à l’inverse on a aussi un grand retour de musique hyper énergiques et hyper engagées. Finalement, je constate un retour à des choses beaucoup plus soft, plus mentales et à l’autre extrême à des trucs très punchy, très rapides et euphoriques.

Que penses-tu de la scène musicale genevoise ?

Je vois à quel point il y a des acteurs et un intérêt fort pour le milieu dans notre ville. C’est pour ça que petit à petit j’y mets les pieds et j’essaie de m’y investir. Je pense qu’on vit un moment où il y a une ébullition, surtout avec la sortie de la pandémie, les gens ont envie de s’amuser, de créer, ils ont eu du temps pour réfléchir à ce qu’ils avaient envie de faire et à ce qu’ils avaient envie d’expérimenter.

En soi, je crois que si j’ai pris la décision de faire partie de ce milieu culturel-là, à travers Canal54 notamment, c’est aussi parce que je me suis très vite rendu compte qu’être artiste DJ, ce n’est pas quelque chose de viable professionnellement. On a des exemples qui contredisent cela ici à Genève, de gens talentueux qui réussissent à monter à l’internationale et j’ai une fierté énorme de partager cette scène avec eux. Mais finalement mes ambitions sont plus dans l’accompagnement que de me produire en tant que DJ. Je ne cherche pas à vendre quelque chose, mais à promouvoir. Je n’ai surtout pas envie de prendre la place de quelqu’un qui souhaiterait profondément réaliser ce rêve de percer dans la musique. Je sais aussi que l’investissement est beaucoup trop grand pour ce que ça peut potentiellement apporter mais il ne faut pas non plus se dire que ce n’est pas possible. Donc pour moi, avec Canal54 notamment, la mission vient plus dans le fait de créer un espace où ces personnes-là peuvent passer une étape et profiter de ce qu’on a à leur offrir.

Quelles sont tes prochaines dates ? Tes prochains projets ?

L’envie de lancer un projet de production me démange fortement parce que ça fait quand même quelques années que j’utilise des logiciels (DAW). Et c’est quelque chose que j’ai envie de faire, mais ça demande énormément de temps. Je ne m’avancerais absolument pas sur une date mais en tout cas il faut s’attendre à avoir une sortie de Larsaint prochainement.

Tags sur cette publication
, , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.