[EPIC OPUS N°30] Bound By Endogamy

© Bound By Endogamy

Pour ce trentième EPIC OPUS, incursion dans la scène alternative. Habitué·e·s du live, avec des concerts très énervés, Bound By Endogamy c’est aussi des sets post-punk aux sélections hyper pointues. On a parlé culture alternative et scène locale avec Kleio et Shlomo. 

Qui êtes-vous et quelle est l’origine de Bound By Endogamy ?

Kleio : Bound By Endogamy c’est un projet qui s’est formé il y a trois ans à peu près. On vient tous les deux de la scène squat et punk genevoise. On se connaît depuis longtemps mais on a commencé ce projet après avoir vu un concert de DAF qui nous a vraiment marqués. On s’est dit que c’était ça la formule qu’on aimerait faire : une batterie, une personne au chant, et des pistes électroniques.

Shlomo : Au départ on a commencé à passer du son en soirée, après on a fait des essais informels en répétition. On faisait tous les deux de la batterie et on avait déjà fait de la musique mais on n’avait pas l’idée de faire du live, on faisait un peu ça comme ça sans nous dire que nos répétitions aboutiraient sur un vrai truc, on n’avait pas vraiment d’objectifs. Et en allant voir ce concert de DAF à Berne fin 2018, on a eu une sorte de révélation.

Pourquoi le nom de Bound By Endogamy ?

Kleio : À la base, c’était un private joke, parce que le milieu punk genevois est assez restreint, et finalement tout le monde se connaît, tout le monde a fréquenté tout le monde donc c’était un peu une manière de se foutre de nous-mêmes.

Comment décririez-vous votre style ?

Kleio : Je dirais que c’est du post-punk électronique, avec des influences EBM, industrielles…

Shlomo : En live, c’est vraiment un peu plus post-punk avec même une touche de hardcore au niveau de l’intensité de la voix. Après en studio, sur les morceaux enregistrés, on fait un peu de minimal wave par moment. On n’est pas concentré dans un seul style, ça peut autant être une qualité qu’un défaut je crois.

Quelles sont vos influences et les artistes dont vous vous sentez proches sur la scène genevoise ? 

Shlomo : Maudite, Bob 1000 Balles… Des amie·e·s qu’on a invité·e·s lors de notre résidence sur TRNSTN Radio en fait, une webradio de Fribourg. On aime aussi beaucoup Willy Tenia, les artistes du label Kakakids. Et Vincent Bertholet qui nous a beaucoup soutenu·e·s.

Kleio : Au-delà de Genève, en Suisse je dirais Daniele Cosmo, P.A.S.T.R.A.M, Sch_Tsch, Nvst, Lukas du label CAF?, 808Hz, CCO, Karl Kave et Durian entre autres… Et au niveau des endroits, on est vraiment attaché·e·s à La Cave 12. Et sinon on va surtout au Zoo, au Rez, à la Makhno et à l’Ecurie.

Comment préparez-vous vos sets ?

Kleio : Pour les DJ sets, chacun fait sa récolte de sons de son côté et après on rassemble, on se fait écouter des trucs, on se dit ce qu’on a envie de passer, on met tout sur une clé et après on voit au fur et à mesure du set. En général on fait des sélections très larges et on affine après. Ça nous prend pas mal de temps de préparer un set parce qu’on aime bien se faire écouter tous les morceaux qu’on a trouvés et se mettre d’accord. Avec un droit de veto s’il y en a un·e· qui ne veut pas passer l’un des morceaux. Là, dans le set pour EPIC, on navigue entre de l’EBM et des moments un peu plus noise, industriels, électro et acides.

Shlomo : Pour faire nos sélections on a une série de labels et d’artistes qu’on suit, qu’on retrouve souvent dans nos sets. Mais on essaie de toujours mettre du neuf, de ne pas se répéter. Pas forcément des trucs récents mais des choses qu’on vient de découvrir, pour ne jamais avoir deux fois la même track dans nos sets. Et ensuite trouver des transitions qui marchent bien. Pour trouver des tracks c’est beaucoup de temps à digger sur Soundcloud, Discogs, Bandcamp. Et on suit pas mal de DJ qui font aussi des prods, gèrent des labels…

Quels sont vos futurs projets ?

Kleio : On est en train de préparer un EP qui doit sortir sur le label CAF?. Et on a aussi un split qui doit sortir sur Acid Avengers avec Raw Ambassador. 

Shlomo : À côté on a aussi une sorte d’album. On essaie de viser du format vinyle donc c’est un peu plus court qu’un album numérique ou CD, ça se limite à sept ou huit tracks, le format qui existait avant que le format cassette apparaisse en fait. Comme on pas mal de matos de côté, on essaie de rassembler le tout, on verra la direction que ça va prendre.

Que pensez-vous de la scène alternative locale ?

Kleio : À Genève j’ai l’impression qu’il n’y a pas une grosse scène EBM, électro déviante, industrielle. Il y a beaucoup de gens qui écoutent de la musique électronique mais de manière très variée, en mélangeant plein de styles. Au final il n’y a pas une réelle culture musicale autour de cette scène-là, où il y a peu de monde. Mais je crois que ça commence à changer… Enfin, j’aimerais bien que ça change.

Shlomo : J’ai l’impression que les gens vont en soirée sans forcément savoir ce qu’ils vont écouter, juste pour faire la teuf et que du coup tu peux proposer des trucs super intéressants. Il n’y aura pas forcément un public qui connaîtra ou qui aura spécialement envie de venir voir des artistes qui pourtant peuvent venir de loin. Après c’est juste notre impression, peut-être qu’on se plante mais on a constaté ça quand Kleio programmait. Mais sinon, on a de la chance pour l’offre culturelle à Genève. Par rapport à la taille de la ville il se passe énormément de choses, presque trop, surtout dans le milieu des musiques électroniques, où on a l’impression que les différents clubs se font un peu trop concurrence et que du coup il y a des soirées où il n’y a personne. Mais ce n’est pas un problème propre à Genève, on a constaté la même chose à Zurich. C’est peut-être qu’on s’intéresse aussi à un style de musique qui ne draine pas tant de public que ça au final.

Kleio : Il y a aussi le fait que les propositions se sont vraiment diversifiées. Il y a une sorte de renouveau, une nouvelle génération post-Covid, où tout à coup il y a eu une série de DJ qui sont apparu·e·s. Une nouvelle génération de gens qui ont 10-15 ans de moins, super motivé·e·s, qui sont touché·e·s par plein de styles musicaux différents, pas forcément fidèles à une scène parce qu’il y a plein de choses qui leur parlent, qui leur semblent intéressantes. Donc l’offre est plus large.

Shlomo : C’est un peu l’inverse de ce que nous on vivait quand on était plus jeunes, où on était un peu monomaniaques au niveau de la musique. C’était dur d’avouer qu’on écoutait autre chose que du punk par exemple, tandis que maintenant c’est peut-être l’inverse, les gens écoutent vraiment de tout. Tout le monde peut être DJ en fait, mais je pense que ça vient aussi de la musique qui est beaucoup plus directe, plus facile et plus accessible depuis Internet. Avant c’était du boulot de se faire vraiment une culture musicale. Maintenant tu as tout sous la main, donc forcément tu as une culture musicale plus développée en moyenne qu’il y a 20 ans.

Kleio : Nous on était encore à devoir aller choper des vinyles. Mais pour moi ce n’est pas forcément une culture musicale plus développée, parce que là les gens peuvent choper n’importe quoi n’importe comment mais ça ne veut pas dire qu’ils vont creuser plus loin. Il y a un peu ce truc de consommation, on prend, on kiffe, on jette, etc. Donc l’offre musicale est un peu différente.

Il y a un public pour ce que vous faites ?

Kleio : Ouais, en live on a un public, carrément, mais ça a plus pris en Suisse allemande finalement.

Shlomo : Moi je trouve que ça va ici aussi. On voit qu’en live, vu qu’on vient d’une scène plus rock, on est un peu à cheval entre différents styles et on a l’impression qu’on s’adresse peut-être à un public plus large que si on faisait que de la musique électronique ou de la house.

Pour voir Bound by Endogamy sur scène cet été, rendez-vous le 13.08. à la Reitschule à Berne, le 19.08 au festival A Family of Humans à La-Chaux-de-Fonds, le 27.08 au Festival du cinéma de Douarnenez, le 02.09 au Tripity à Berne, le 03.09. à la Fraueraum de la Reitschule à Berne, le 30.09 au Grrrnd Zero à Lyon et le 01.10 au Akzent Festival à Winterthour.

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