Proxima fait émerger de nouvelles étoiles

Le groupe "The Catlins", passé par le dispositif Proxima en 2018 (© Ln Pixelle Photography)

Depuis désormais sept ans, les Docks conduisent le dispositif Proxima, qui offre chaque année un accompagnement artistique et personnalisé à quatre groupes émergents. Depuis 2017, des artistes comme Arma Jackson, Nnavy ou encore Adriano Koch ont pu bénéficier de Proxima pour lancer leur carrière. On fait le point sur ce projet avec Thierry Jaccard, chargé de projet aux Docks.

Tout d’abord, qu’est-ce que le Pôle Suisse aux Docks ? Quel est son objectif ?

Le Pôle Suisse des Docks regroupe toutes les demandes en lien avec la scène musicale Suisse. J’occupe le poste de chargé de projet Pôle Suisse depuis 2019, l’objectif est de répondre aux besoins de la scène suisse et surtout locale. Au sein du Pôle Suisse, nous menons deux types d’activités : des « actions directes », par exemple la mise en place de résidence pour des artistes locaux ou les premières parties d’artistes internationaux, et des « actions indirectes » comme des participations à des festivals ou des rencontres entre programmateur·trice·s. 

Qu’est-ce que le dispositif Proxima ? Quand a-t-il été mis en place ?

C’est un dispositif d’accompagnement personnalisé à l’attention de quatre artistes ou groupes locaux qui s’étale sur plusieurs mois, en principe de septembre à juin. Ce dispositif existe depuis septembre 2017, mais il s’est beaucoup développé depuis 2020 et la crise du Covid. Proxima se veut être une rampe de lancement pour des artistes qui visent la professionnalisation.

Comment cet accompagnement se concrétise-t-il ?

On travaille selon six thématiques qui caractérisent la pratique musicale professionnelle (axée sur le live).

Tout d’abord, on aborde la structuration de l’artiste : les aspects légaux et administratifs tels que la déclaration de revenu ou la tenue d’une comptabilité. Ensuite, on explore évidemment le côté artistique : on organise de la mise en réseau avec des mentors ainsi que des cours d’instruments ou de chant en collaboration avec l’EJMA. On propose également des entrées pour que l’artiste assiste à des concerts. L’idée est de permettre à l’artiste de porter un regard critique sur ce qu’il·elle fait et crée. Troisièmement, on a un volet scène, qui se concrétise avec une résidence de trois jours avec un·e coach, un atelier sur l’expression corporelle ainsi qu’un concert sur la scène du Café des Docks, spécialement montée pour l’occasion.

Le quatrième axe est celui de la communication : notre responsable communication aux Docks forme l’artiste sur sa manière de communiquer et nous offrons un pack communication professionnel qui comprend une capsule vidéo d’un morceau lors du concert aux Docks ainsi que des photos. Le cinquième volet porte sur le réseau afin que l’artiste comprenne comment le marché de la musique fonctionne et comment s’y faire une place. On prévoit une rencontre avec la Ville de Lausanne ainsi qu’avec un·e artiste plus établi·e qui vient partager son expérience de management de sa carrière. Enfin, le dernier aspect concerne la santé dans la pratique musicale, on organise une table ronde où on fait de la prévention en abordant les risques en la matière, tels que l’épuisement physique et mental.

Le groupe “Ash the Ash”, accompagné par Proxima en 2022 (© Davide Gostoli)

Comment les quatre artistes ou groupes sont-ils/elles sélectionné·e·s ? Quels critères rentrent en jeu ?

Les critères sont établis par l’équipe de direction des Docks : nous sélectionnons des artistes ou groupes vaudois et émergents, nous cherchons un équilibre de genres parmi les artistes et la sélection doit refléter la programmation des Docks, c’est-à-dire faire dans les musiques actuelles. Un critère important est celui de la volonté de se professionnaliser : nous choisissons des artistes qui se donnent les moyens pour intégrer la musique dans leur vie et qui visent le statut de professionnel.

Je fais donc une présélection d’entre dix ou douze artistes, que je soumets au comité de sélection des Docks. À partir de là je ne participe plus au processus et c’est le comité qui choisit les quatre artistes qui participeront à Proxima.

Parle-nous des artistes choisis pour cette 7ème édition qui a débuté en septembre dernier. (Alice Auclair, Ased, Marie Jay et Stain of Light)

Il y a Marie Jay, qui est passé par La Gustav, un programme de formation musicale en faveur de jeunes artistes suisses, et qui possède une très belle plume. Elle est venue nous rencontrer il y a un an avec une grosse envie de se focaliser et de développer son projet musical. Son concert aux Docks aura lieu entre mars et avril 2024.

La deuxième artiste est Alice Auclair, elle fait de la new soul avec une voix extraordinaire et une sensibilité à part. Elle suit actuellement des cours de chant à la Haute école de musique de Bâle. Elle se produira aux Docks en janvier 2024.

On a ensuite Stain of Light, un duo qui vient de Lausanne et qui joue de l’indie folk / pop. Eux ont déjà beaucoup de concerts à leur actif, leur prochain objectif est de monter encore d’un cran grâce à Proxima, de pouvoir bien s’entourer pour sortir leur prochain album. Leur concert aura lieu entre mai et juin 2024.

Enfin, il y a l’artiste yverdonnois ASed, qui fait dans le rap moderne. Même s’il a lancé son projet il n’y a pas si longtemps, il a faim et met toute son énergie pour le faire avancer. C’est le premier des quatre artistes de cette volée 2023-2024 Proxima qui se produira sur la scène des Docks, c’est prévu pour le 14 décembre.

Cela fait maintenant sept ans que Proxima existe, quel bilan tirez-vous ?

Si je regarde depuis 2019 et mon arrivée en tant que chargé de projet du Pôle Suisse aux Docks, je trouve que le bilan est très positif. Les artistes sont très heureux·euses d’y participer et ressortent grandi·e·s. Les liens créés dans le cadre de Proxima perdurent après la fin du soutien par les Docks. C’est le cas par exemple de Nnavy, qui a continué de travailler avec l’artiste Raphaël Noir bien après l’avoir rencontré lors d’une résidence organisée dans le cadre du dispositif Proxima. Le duo Sainte-Aube, de la volée 2022-2023, a quant à lui signé des contrats avec des agences et se produit désormais au Canada et en Belgique.

Quels sont vos conseils aux groupes de musique qui souhaiteraient se professionnaliser ?

Il faut simplement y croire et mettre ses tripes dans son projet. De plus, il ne faut pas se fixer sur un seul schéma ou se dire « je dois passer par les Docks pour y arriver » : une carrière musicale peut se développer de plein de manières différentes ! N’essaie pas nécessairement de suivre les chemins que les autres ont pris…

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