Les hôtes, poèmes du lac, par Anne-Sophie Subilia

couverture de la pive

Dans son regard personnel sur le Léman, Anne-Sophie Subilia laisse la place à ses lecteurs et lectrices de s’y glisser. Ses poèmes sont comme les chroniques d’une plage – la sienne, la nôtre.

Un dimanche matin, le dernier de septembre, les bains des Pâquis encore loin de leur effervescence : quelques baigneurs et baigneuses matinales qu’accueille le lac par de lentes ondulations, leur corps léché par les eaux, des petits déjeuners près des galets, des moineaux déjà voleurs et des livres, beaucoup de livres, tous réunis pour le festival Poésie en ville. C’est ce cadre-là qu’a choisi Anne-Sophie Subilia pour le vernissage de sa dernière pive (un petit livre pas plus grand qu’une main) Les hôtes parue chez Paulette Éditrice. Dans son recueil, l’autrice pose sa plume sur le lac Léman, alors aux images que dessinait sa voix, lors de sa lecture, se sont ajoutés tous les sons du lac – les navires de la CGN, les cris des enfants, les baigneurs refroidis, les éclaboussures.

Les hôtes, ceux qui sont reçus ou ceux qui reçoivent ou peut-être ceux qui vivent, séjournent le temps d’une saison ou plus encore sur les bords du lac. Si le titre questionne les personnages centraux de ses poèmes et le point de vue de ces derniers, c’est principalement la relation entre lac et baigneurs qui nourrit l’écriture d’Anne-Sophie Subilia ; relation faite de contacts – ces corps qui se changent, entrent, s’immergent, plongent, parfois effleurent – ou faite de simples regards échangés.

La force de ces poèmes c’est d’abord leur simplicité. Pour tous ceux qui ont un souvenir du Léman, se retrouver dans ces quatre-vingt-quatre pages est chose aisée, ne serait-ce que sur l’une d’entre elle. Mais en réalité l’étendue d’eau importe peu, parce que jamais l’autrice n’impose de lieu précis ; une place, une anse, des galets et des cailloux, des brins d’herbe. Que l’on se trouve à Lausanne, d’où elle vient, ou à Genève, mais sur les bords de n’importe quel lac, cette plage c’est celle de nos baignades, celles de nos étés et de nos hivers. Et puis, il y a le nous qui invite à entrer dans l’eau, à la sentir sur la peau transformant le corps, et le je qui, bien que personnel, appelle à se glisser dans ces souvenirs : ceux de l’enfance et des vagues, ceux de pique-nique en famille, des retrouvailles entre amants ou amis et ceux que l’on a pas vécus mais observés d’un œil inquiet ou curieux.

Cette pive est à emporter au bord de l’eau dans la poche d’un jeans et à lire « comme une rafale de bise à même la peau », « pendant que le lézard des murailles se repose contre la roche, nos orteils continuant aussi de toucher le lac comme s’il s’agissait du lien à ne surtout pas rompre». 

Pour se la procurer, rendez-vous à la Librairie du Boulevard ou sur le site internet de Paulette Éditrice.

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