EPIC-Magazine l’a rencontré à Livresse autour d’un verre, pour discuter de l’après roman, « Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique » sorti en 2017. De fil en aiguille, la discussion a mené à des sujets tels que la mode, les influences, les définitions de la littérature ou encore le rap…
Enfant, Jon Monnard adore déjà les encyclopédies, le Club des 5 ou Harry Potter. Devenu libraire quelques années plus tard, le fribourgeois découvre les grands classiques, mais n’y trouve pas forcément son bonheur. Puis vient la rencontre avec Charles Bukowski, Jack Kerouac, et les auteurs de la beat generation. C’est là que naît l’envie d’en connaître plus à propos des références des écrivains: « J’ai découvert que la littérature pouvait ne pas être ennuyante en découvrant ces auteurs », explique Jon, « je lisais quelque chose qui me faisait écho », poursuit-il. Ayant reconnu quelque chose de brut et de puissant chez Bukowski, Jon Monnard poursuit ses lectures avec Hemingway, puis, se passionne pour Fitzgerald et la lost generation des années 1920.
Influences multiples et réinvention
Ce que Jon tire de ces auteurs, c’est l’envie d’exploiter un renouveau qui contredit la sacralisation de la littérature à travers certains romans ou certains auteurs. Prôner un style d’écriture et des thèmes qui vont avec leur temps, tel est l’enjeu d’un écrivain, à l’aube de 2020. Par exemple, Jon n’hésite pas à glisser des références contemporaines dans ses écrits, comme c’est le cas dans son premier roman. Il cite Orelsan, Booba, ou encore PNL, des rappeurs façonnant la littérature contemporaine en utilisant la langue française.
Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique est alors une ode à la vie moderne, à l’ère des anglicismes et d’une jeunesse qui se veut stylée. L’auteur utilise ainsi le monde de la mode comme decorum, pour exploiter ce thème qui l’a toujours passionné. Mêlant ainsi littérature et mode autour d’une fiction, l’auteur présente un jeune protagoniste propulsé dans un monde bling-bling, porté par des rencontres aussi excitantes que répulsives. “Le protagoniste se retrouve atteint d’un sentiment d’angoisse et de malaise dans un monde qui ne lui correspond pas. On y explore les notions de rejet et d’intoxication », explique l’écrivain.
Révélateur d’une fascination pour l’ascension et la chute, Jon Monnard ne cache pas son amour pour l’auteur Francis Scott Fitzgerald, auteur entre autres de Gatsby le magnifique. Son nouveau projet porte d’ailleurs sur un roman basé sur cet auteur, et son passage en Suisse dans les années 1930. Lauréat d’une bourse d’encouragement à la création littéraire, Jon Monnard entreprend alors un voyage aux États-Unis pour agrémenter ses sources. Aujourd’hui il boucle les dernières lignes de son roman ici, en Suisse.
Une griffe sur les yeux
En attendant la publication de son prochain roman, le jeune auteur se passionne de théâtre, en affectionnant Vidy où il se rend régulièrement pour apprécier des pièces politiques et engagées, ou présente ses chroniques « Du côté de chez Oim » sur Couleur 3 sur fond de société et littérature. Plus récemment, Jon Monnard a entrepris une résidence à la Villa Noailles de Hyères accompagné de Mathias Forbach a.k.a FICHTRE. Ensemble, l’envie est venue d’allier écriture et illustration dans un recueil intitulé Une griffe sur les yeux : « Nous voulions représenter notre séjour dans le sud de la France en utilisant les symboles que nous évoquait la villa », explique l’auteur.
Ainsi, entre soleil et mer, dessins minimalistes et phrases poétiques, le projet retrace un été de bohème et de création artistique. En plus de cela, les deux amis ont souhaité ancrer leur projet en exploitant le prêt-à-porter: un tee-shirt possédant une poche assez grande pour contenir le recueil, produit par la marque Avnier. Réellement pensé en synergie, l’objet unique sera verni à Konbini à Vevey ce 8 mai dès 18h. L’occasion de découvrir un projet unique en son genre, tout autant que l’univers de l’auteur.