At The End You Will Love Me ou l'(im)possible guérison

Crédit : Damien Guichard/Caroline Bernard

Jusqu’au 21 mai, le Théâtre Saint-Gervais nous invite à découvrir At The End You Will Love Me, un voyage décontenançant à travers différents médiums. Critique.

À la sortie de la pièce, il nous est difficile de définir la nouvelle production à l’affiche du Théâtre Saint-Gervais. Entre performance, seule en scène, projection et émission radio, At The End You Will Love Me propose une « (en)quête sur l'(i’m)possible guérison ». Le pitch : pour essayer de mieux cerner un ami rappeur, Valerio, diagnostiqué « schizophrène » ou « borderline », Caroline Bernard (conceptrice, auteure, actrice) part en quête de traitements alternatifs, pour montrer que « l’incurable n’est pas synonyme de fatalité ». Tout commence par une rencontre, celle entre les deux protagonistes. Les specateur·ice·s suivent leur relation, leurs moments de joie et leur incompréhension, et comment la maladie du Roumain jalonne (une partie de) leur histoire.

« Système carré dans une terre ronde »

At The End You Will Love Me propose une critique des traitements des maladies mentales. On entend les analyses de psychologues pendant le film mais également les arguments d’un psychologue lors de l’émission radio. Différents traitements alternatifs sont abordés, notamment le Dialogue ouvert, qui repose sur une philosophie du travail en équipe et qui ne recourt pas systématiquement à l’hospitalisation ou aux médicaments. À travers la vie de Valerio, on traverse donc le parcours d’une personne déclarée « malade », parfois avec humour et toujours avec émotion. À la fin de la pièce, un rap entre Valerio et Saïd Mezamigni (musicien et médiateur en santé mentale) nous parle d’un « système carré dans une terre ronde », métaphore d’un domaine rempli de dysfonctionnements.

Mais la grande force de At The End You Will Love Me, c’est cette invitation au voyage. Un voyage à travers les médiums tout d’abord. L’histoire nous est contée et interprété à travers un monologue, un film, une émission de radio et même des musiques. Loin de desservir le propos de l’œuvre, ces différents portes d’entrée vers le récit amènent beaucoup de rythme et font naviguer le spectateur de surprise en surprise. L’histoire racontée est également un voyage, à travers la France, la Roumanie et même la Russie, mais aussi à travers le parking d’un McDo, un espace clos inconnu ou une prison. Ce manque d’espace unique et de temporalité est déroutant, mais nous montre l’importance de préserver le contact avec ce qui nous échappe.

At The End You Will Love Me est à voir jusqu’au samedi 21 mai. Pour clore ces représentations, une journée spéciale « à la folie » est organisée. Au programme : enregistrement d’une émission par Le LABO et Espace 2 ainsi qu’une soirée festive à la Réplique.

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