COLLECTION CREATION ET ENGAGEMENT #1 – Léo Makes Stuff : broderie, douceur et badasserie

En cette fin d’hiver, EPIC te propose trois portraits de créateur·rice·x·s alliant art et engagement. Toutes les deux semaines, découvre l’univers de l’un·e·x d’entre eux·elle·x·s et ses créations aussi hautes en couleur qu’en militantisme. Cette semaine, EPIC te présente Léo Makes Stuff, brodeuse féministe.

Poétiquement correct, Patriarchatte, Matriarcat mon amour : punchlines féministes brodées pastel, les douces et percutantes créations de Léo Makes Stuff sont facilement identifiables. Léonore nous présente son parcours et le processus derrière ses broderies.

Hello Léo, est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis née un premier janvier du siècle dernier et aussi loin que je me rappelle j’ai toujours beaucoup aimé bricoler. À 8-10 ans j’adorais faire des origamis et des petits animaux en perles. Ado, je customisais absolument toutes mes affaires (sacs, habits…) et je cousais à la main des petites peluches pour mes nièces ou pour moi. Je suis aussi passionnée par le street art et j’ai maintes fois orné les murs de Genève et d’ailleurs de mes stickers et affiches sérigraphiques.

Comment est-ce que tu en es arrivée à la broderie ?

C’est en découvrant sur Instagram des brodeur·euse·x·s comme Brode Pute que j’ai eu envie de m’y mettre. Avant de me lancer vraiment j’ai acheté un petit kit pour voir si j’accrochais. Et ça m’a plu direct ! Après ça je me suis constitué un petit stock de matériel et j’ai réalisé mes premières broderies pour faire des cadeaux à mes proches. C’était le printemps 2020, on avait pas mal de temps libre à cette période et c’était l’idéal pour commencer cette activité qui m’attirait depuis un moment !

© Léo Makes Stuff

Comment est né Léo Makes Stuff ? Où peut-on retrouver tes créations ?

Quelques mois après avoir lancé mon compte Insta, j’ai vu que Les Amazones cherchaient des créateur·rice·x. Je me suis dit que ça serait le rêve de pouvoir en faire partie, et j’ai eu le bonheur d’être exaucée ! Depuis, je vends régulièrement dans cette boutique et à The Gallery Nyon, et j’ai également des commandes via Instagram. C’est encore loin d’être rentable, mais j’ai du plaisir à le faire et on verra si cela devient un jour une vraie source de revenus. En attendant, j’ai un job qui me permets de vivre et qui me laisse assez de temps libre pour avoir cette activité à côté.

Quelles sont tes inspirations ? D’où viennent tes idées ?

J’ai toujours beaucoup aimé tout ce qui touche au détournement, au « décalage ». Je brode principalement des phrases, de préférence des punchlines bien badass ou des jeux de mots, des détournements. Je m’inspire de slogans militants, de paroles de chanson, de jurons ou d’expression d’argot, de répliques de films ou de séries, de memes…  

J’aime bien faire passer des messages ou mettre en avant des valeurs qui me tiennent à cœur à travers quelque chose d’à la fois créatif et décalé. Ce que je préfère, c’est voir les gens sourire quand ils découvrent mes broderies. Et si ça enclenche une petite réflexion sur ces sujets, c’est l’ultime accomplissement pour moi.

J’ai parfois des idées qui sortent un peu de nulle part… Par exemple « Matriarcat mon amour » sonne comme Hiroshima mon amour, mais je suis incapable de dire comment le glissement s’est fait. Ce jour-là je cogitais pour trouver un slogan vraiment doux et bienveillant, un peu sur un autre ton que ce que j’avais fait jusque-là. J’avais le mot « amour » qui tournait dans ma tête et d’un coup c’est venu. Après ça, j’ai cherché si quelqu’un·e l’avait déjà « inventé »,  si j’avais pu le lire quelque part sans m’en souvenir, mais d’après Google et Insta je suis la première à l’utiliser (et je n’en suis pas peu fière !).  

Autre exemple avec Patriarchatte : on faisait un apéro avec des copines militantes et on a commencé à faire la liste des détournements de « Patriarcat » : patriacrâme, patriarcaca, etc. À un moment j’ai isolé le « cat » (de patriarcat), qui donnait donc le mot « chat » en anglais, et le Patriarchatte est né. Récemment, je voulais le retraduire en anglais et j’ai pensé à Pussyarchy (que je n’ai pas encre brodé !). Les deux expressions existaient déjà, donc c’est très possible que je les aies vues et gardées inconsciemment en mémoire.

© Léo Makes Stuff

Concrètement, quels sont les procédés que tu utilises pour broder ?

J’aime bien la technique du point de croix car elle permet de visualiser ce que l’on va broder. Je dessine le motif à la main dans des cahiers à carreaux et je suis simplement le schéma. Je fais aussi parfois de la broderie « traditionnelle » (donc pas de point de croix) et de la broderie de perles, ainsi que de la couture, du DIY et plein d’autres choses !

Si on va dans le détail, il y a en fait une multitude d’étapes pour arriver au résultat final : dessiner le motif, calculer la taille du rendu, réaliser la broderie elle-même, l’encadrer… Qui comportent elles-mêmes plein de micro-étapes. C’est un travail au final assez conséquent derrière chacune des broderies. Le temps de réalisation est hyper variable, selon la taille, la typo, les éventuels ornements… Pour les plus basiques il faut compter minimum une heure pour avoir le produit final.

Pour le matériel, je me fournis à différents endroits. J’ai acheté mon premier stock de fils sur une boutique en ligne, et je rachète ceux que je termine au fur et à mesure dans les merceries proches de chez moi. J’ai trouvé sur Etsy des boutiques qui vendent du tissu-canevas à bon prix, et qui ont aussi des variétés spéciales à paillettes ou à motifs, j’adore. Et finalement je dévalise régulièrement les brocantes et boutiques de seconde main pour trouver des cadres originaux et pas trop chers, pour garder mes prix les plus accessibles possibles.

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