Des jeunes auteur·trice·x·s au Salon des petits éditeurs

Cette année encore, et après une édition manquée, le Salon des petits éditeurs reprend ses quartiers à Chêne-Bougeries. Samedi prochain, le 13 novembre de 9h à 18h, la littérature romande, ses éditeur·trice·x·s et ses auteur·trice·x·s seront à l’honneur. À cette occasion, EPIC-Magazine vous propose une sélection d’ouvrages écrits par de jeunes auteur·trice·s de la région.

Meliké Oymak, On n’abandonne pas ceux qu’on aime

Son nom vous dit peut-être quelque chose, Meliké Oymak n’en est pas à son premier essai. Il y a trois ans, elle sortait son premier roman Maman, je veux retourner dans tes entrailles aux Éditions des Sables, à l’âge de 18 ans. Après un travail sur les troubles alimentaires et la toxicomanie, la jeune autrice revient avec un roman sur la maladie d’Alzheimer et la démence publié cette fois-ci aux Éditions Cousu Mouche.

Meliké Omyak, On n’abandonne pas ceux qu’on aime, aux Éditions Cousu Mouche

En dehors de ces thèmes intimes et engagés, Meliké Oymak c’est aussi une écriture coup de poing, qui regarde avec empathie celles et ceux que l’on considère peu. Une écriture qui s’est précisée entre liberté et minutie. Dans ce deuxième roman, On n’abandonne pas ceux qu’on aime, on suit un couple, celui de Madame B. et Monsieur B., dont la maladie frappe le mari. Lui perd mémoire et repères, elle son identité à n’être plus que celle qui se soucie, prend soin et subit. Dans un assemblage de narrations et de listes, les voix se rencontrent et se percutent, déroutent par instants mais surtout questionnent. Que se passe-t-il quand le quotidien devient trop pesant ? Quand la maladie de l’autre devient la sienne, à s’y perdre, surtout quand l’autre s’en va ? A-t-on le droit de fuir et tout quitter, jusqu’à brûler sa maison et partir rejoindre la forêt et le loup pour se retrouver ? Dans ce roman cru et brut, Madame B. s’engouffre, à la suite de l’hospitalisation de son mari, dans une quête identitaire à mêler réalité, démence et rêve.

« Madame B. s’est agenouillée par terre et elle a pleuré. Elle a pleuré comme une vieille femme pleure. Elle savait que c’était la fin, mais elle ne l’acceptait pas. Madame B. ne voulait pas perdre Monsieur B. Elle aurait voulu être la victime. Il lui avait promis le jour de leur mariage il y a 48 ans qu’ils mourraient ensemble. Il avait menti. »

Gilles d’Andrès, L’emprise du banian

Gilles d’Andrès, L’emprise de banian, aux éditions des Sables

Dans ce premier roman, Gilles d’Andrès transforme un voyage entre amis en un nébuleux amas de souvenirs. Trois expatriés vivant à Sydney, se connaissant depuis un an, décident de partir ensemble explorer les terres tropicales de Nouvelle-Calédonie. Peu de temps avant leur départ, une quatrième personne s’ajoute au voyage : Bernard, qu’ils connaissent peu. Et rapidement les vacances dérapent, les tensions s’éveillent et le groupe s’effrite. Bernard semble en être la cause. Trop présent, trop différent, il est le centre des discussions. Comment s’en débarrasser, c’est la question qui ne cesse de se poser, jusqu’à la proposition du plan.

Par une polyphonie qui prend corps dans le récit d’une enquêtrice de la police locale, Gilles d’Andrès tisse la toile des relations complexes et brumeuses qui lient les quatre protagonistes de son histoire. L’emprise du banian prend alors des allures de polar et frôle avec le fantastique. La forêt tropicale accueillant la narration joue le rôle de perturbatrice, par sa chaleur, son humidité, par ses arbres envahissants aux racines dévorantes. Ainsi méfiance et tension sont maîtres-mots de ce roman, tant dans les liens unissant les personnages, que dans les informations et récits le traversant, quitte à s’y perdre, comme se perdent Daniel, Yann et Étienne au cœur de la forêt.

« Ça a commencé par de petites choses. Dès la descente de l’avion, Bernard a paru différent. Ses postures, ses gestes n’étaient plus ceux que nous connaissions. Alors que nous nous amusions, excités de découvrir l’île, lui se tenait raide sous les palmiers et s’épongeait le front pendant des heures, sans un mot. »

L’Épître, Vol. VII

Depuis 2014, la revue littéraire fribourgeoise L’Épître, alors présente exclusivement sur le web, s’est associée aux éditions PLF pour publier une série de textes inédits. Engagée dans le soutien des littératures romandes, elle ne se limite à aucun genre et traverse les âges, mêlant auteur·trice·x·s émergement·e·x·s et confirmé·e·x·s à les faire se dialoguer, tant sur son site internet toujours actif que dans son format papier, maintenant publié chaque année. À la fois tremplin et laboratoire, L’Épître propose ateliers et résidences, créations originales et travail de relecture.

L’Épitre Vol. VII, aux édition PLF

Dans son septième volume sorti en janvier de cette année, dix-sept auteur·trice·x·s se rencontrent avec poèmes et nouvelles. On y retrouve le poète jurassien Pierre Voélin ou Olivier Pitteloud publié aux Éditions L’Âge d’Homme, mais aussi Ed Wige du Collectif Particules, ou encore le Fribourgeois Bastien Roubaty. De quoi découvrir dix-sept plumes dans des textes courts, allant d’une marche à penser le paradis en direction d’un EMS, d’un jeune père portugais attendant avec empressement l’arrivée de sa femme et son fils, à une réécriture libre de La Ménagerie de verre de Tennessee Williams. Dix-sept textes sélectionnés avec soin et accompagnés vers la publication. Car mots d’ordre à L’Épître : qualité et réécriture. Ainsi ces dix-sept univers aussi différents que singuliers vous feront voyager dans la matière même des mots et des phrases.

« Alors ce jour-là tu as entouré sur ton calendrier la date et l’heure auxquelles ils arriveront. Je suis sûre que tu as regardé matin et soir le cercle rouge sur ce bout de papier, en te disant : « c’est bientôt là ». Le frère aîné de Maman qui habite le village d’à-côté ira les chercher à l’Aéroport de Genève. Puisque toi, tu seras encore au travail. Tu n’as pas osé demander ton après-midi de congé à ton chef. Tu doutes qu’il te l’aurait donné. L’évoquer aurait suffi à le contrarier. Dans le domaine de la construction, on n’est pas vraiment conciliant. » Septembre huitante-quatre, Charly Rodrigues

Ces trois ouvrages sont à retrouver ce samedi 13 novembre à la salle communale Jean-Jacques Gautier, à Chêne-Bougeries de 9h à 18h, sur les stands des éditeurs. Matthieu Corpataux, directeur des éditions PLF, sera aussi présent au débat Le choix d’un manuscrit : au cœur de l’édition de 10h45 à 11h45 pour vous faire découvrir les dessous d’un livre.

À noter que le certificat COVID est requis pour accéder au salon.

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