[EPIC OMOT N°5] Gilles Dandres et Valentin Decoppet, sombres rires

Pour sa carte blanche littéraire, EPIC-Magazine est allé frapper à la porte de Gilles Dandres et Valentin Decoppet étudiants en master à la Haute Ecole d’Art de Berne. Dans ce EPIC OMOT partagé, se rencontrent différentes voix pour différentes écritures et explorations, le tout dans un humour tendu et de sombres rires.

Qui êtes-vous et quel est votre parcours dans l’écriture ?

V : Je suis Valentin, (Bonjour Valentin), je dois avouer que j’écris depuis quelques années, une bonne dizaine en fait, mais qu’au début c’était plutôt médiocre, alors j’ai mis ça de côté. Et puis à travers mes études j’ai découvert la traduction, je suis devenu donc traducteur, et c’est à travers cette pratique littéraire que j’ai ensuite recommencé à écrire moi-même.

G : Je suis Gilles, (Bonjours Gilles), je viens de la presse écrite, j’ai toujours préféré les articles où la liberté d’écriture était plus grande, et naturellement j’ai eu de plus en plus envie d’écrire d’autres formes de texte, surtout de la fiction. Et comme je fais de la musique depuis mon adolescence, c’est tout naturellement que j’écris des textes de chanson française.

V : Et on s’est rencontrés au master en écriture littéraire à Berne.

G : Enfin toi t’as commencé avec de la traduction.

V : Oui, enfin bon, la traduction, c’est aussi de l’écriture ! Et toi tu as commencé avec des chansons…

G : …et j’écris maintenant un roman.

On vous a vu à la Fureur de lire, en novembre passé, pour une performance avec le collectif Craduction, pouvez-vous nous en dire deux mots ?

Valentin Decoppet, auteur et lecteur de Nouvelle notification : tous les enfants ont brûlé et Le Tapis, pour EPIC OMOT

V : La craduction c’est la life.

G : Si c’est pas la life, c’est très fun.

V : Oui c’est très fun, parce qu’on craduit des textes qui sont écrits dans des langues qu’on ne parle pas.

G : On joue avec la sonorité et les répétitions du texte, c’est la matérialité des mots qui nous renvoie à notre propre langue, à notre propre vocabulaire et aux autres langues que nous parlons. Du coup il faut faire travailler son imagination.

V : Et puis après on peut dire aussi qu’on a craduit des grands auteurs ! À Fureur de lire, on s’est par exemple attaqué à un poème de Pouchkine.

G : Mais dans le respect du texte original, s’il vous plaît !

V : Et avec une certaine liberté dans notre acte de traduction.

Les différentes formes d’écriture semblent vous intéresser (fiction, traduction, chanson), comment explorez-vous ces univers différents ?

Gilles Dandres, auteur compositeur interprète et lecteur d‘Amok et des chansons Milude en crash et Alignés debout, pour EPIC OMOT

G : Pour moi c’est surtout la fiction et la chanson, j’avance en parallèle dans les deux, quand je bloque dans l’un je peux continuer dans l’autre. Mais même mieux, ça s’influence mutuellement et chacune des facettes de mon écriture se nourrit de l’autre. Ça me permet aussi de me lancer dans des projets interdisciplinaires entre sons et mots.

V : J’ai aussi une pratique d’écriture parallèle qui se complémente bien. Je traduis de l’allemand, et j’écris en français. Ce qui réunit les deux c’est la recherche du mot juste, la découverte d’un nouveau vocabulaire. Que ce soit en traduction ou en écriture, j’ai souvent quatre, cinq voire dix-huit versions différentes d’un texte.

Y a-t-il des lectures genevoises ou romandes qui ont inspiré vos écrits ?

G : Je ne sais pas s’il y a des lectures genevoises qui m’ont vraiment inspiré. Jean-Luc Benoziglio? Mais il est Valaisan, donc c’est plutôt une lecture romande.

V : En tout cas pas Rousseau ! En littérature romande il y aurait Ramuz et Agota Kristof, mais je crois que je suis plutôt influencé par des auteurs suisse-allemands, Dürrenmatt, Walser ou Hohl par exemple.

Votre EPIC OMOT, il raconte quoi ?

V : Vous l’avez pas écouté ?

G : Vous avez sans doute remarqué que c’est assez sombre mais on essaie de conserver une bonne dose de légèreté. Est-ce que c’est de l’humour noir ?

V : Je sais pas si c’est de l’humour noir, il ne faut en tout cas pas tout prendre au sérieux non plus. Je crois que l’idée c’est surtout de parler de choses qui ne font pas plaisir sans pour autant non plus…

G : être trop critique, faire dans la critique sérieuse.

V : Oui, et puis c’est déprimant aussi sinon.

G : On pourrait penser d’abord que c’est déprimant, mais on veut surtout s’amuser avec des thèmes pas drôles, pas forcément faits pour ça, à priori.

V : C’est pour ça que je parle de l’incendie d’une école et de la folie.

G : Et moi d’un crash aérien et de l’appropriation culturelle ou coloniale.

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