Top départ des EPIC OPUS 2023, avec Gioski, de NOUT AGENCY. Deux ans seulement après sa première date comme DJ, on a pu la voir sur la scène du Zoo ou de l’Exil. Gioski revient sur sa rapide ascension et nous présente le podcast qu’elle a préparé pour EPIC, un mix hard techno groovy percutant.
Hello Gioski, merci pour cet OPUS ! Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours ?
La musique en général, et électronique plus particulièrement, a toujours fait partie de ma vie. J’ai commencé à m’y intéresser très tôt surtout grâce à ma sœur aînée. Plus tard, quand je me suis mise à sortir, à m’intéresser plus aux types de musiques électroniques et à en acheter moi-même, j’ai vraiment commencé à écouter de la techno. J’ai toujours aimé découvrir des artistes, m’intéresser à toutes les facettes de la musique, collectionner des disques. Et au-delà de la musique, je me suis aussi beaucoup intéressée au milieu, que ce soit la techno côté rave ou le côté club culture. Les valeurs me parlaient, notamment l’inclusivité, le non-jugement. Avec tout ça je me suis retrouvée avec une grosse collection de disques, que j’avais envie de mixer. En 2020 j’ai décidé de me lancer.
Et tu avais déjà mixé avant ?
Non du tout, j’ai commencé un peu toute seule puis j’ai décidé de prendre des cours. Pour la technique mais aussi pour rencontrer des personnes qui étaient intéressées par ce style musical, ce qui me manquait un peu dans mon entourage. J’ai appris avec Volta, qui avaient un gros passif dans le monde du Djing, un connaisseur incroyable de techno. C’était important pour moi d’apprendre à mixer sur vinyles, et avec quelqu’un qui mixait le même style que moi car la manière de mixer dépend beaucoup du style. Grâce à lui j’ai rencontré d’autres personnes du milieu sur Lausanne, et commencé à me faire un réseau, jusqu’à ma première date en public, qui a été très stressante ! Disons que c’est là que je me suis rendu compte que c’était très différent de mixer chez soi que de mixer devant un public !
Cette adaptation a été difficile pour toi ?
Je ne savais pas à quoi m’attendre, et je ne savais pas si j’allais apprécier parce que oui j’aimais sortir en club, et oui j’aimais la musique, mais étant une personne timide je n’étais pas sûre d’aimer être aussi exposée. Et au final c’est vraiment un partage avec le public, moi qui socialement peux avoir du mal à m’exprimer quand je mixe, je sens un partage avec les personnes qui dansent sans avoir besoin de leur parler ; il y a une vraie communication.
Et comment as-tu intégré NOUT ?
Après ma première date, j’ai rencontré Alina, qui était en train de monter NOUT Agency, et une partie de l’équipe ; on avait des affinités musicales évidentes. Quand le projet s’est concrétisé, elle m’a proposé de les rejoindre. Et les membres du collectif ont vraiment commencé à faire partie de mon entourage. J’ai rejoint NOUT en avril dernier et ça a réellement été un plus pour me lancer.
Est-ce que tu peux nous décrire le podcast que tu as fait pour EPIC ?
Au niveau de mon style j’ai développé une techno plus hard et assez rapide, avec des sonorités assez dures, mas j’aime bien garder ce côté aussi un peu groove, parce que finalement le groove, les percussions c’est ce qui fait danser, et c’est ce que je cherche. Typiquement dans ce podcast je suis un peu sortie de ma zone de confort, surtout dans la première partie où on retrouve des tracks plus linéaires, assez percussives et riches en termes de composition mais plutôt répétitives en essayant de garder le côté dansant quand même.
Musicalement, de qui te sens-tu proche dans la scène suisse ?
Dans NOUT, je dirais CTO avec qui j’ai fait un B2B au Zbeul, et dernièrement un B2B à la Makhno. Nos styles passent très bien ensemble. Après, il y a aussi mon copain Distorted Orchestra, qui a un style beaucoup plus indus. C’est super de pouvoir partager ça avec lui : on s’inspire beaucoup l’un l’autre au niveau des choix des morceaux, des façons de mixer et on fait aussi des B2B ensemble. Et sinon, sur la scène genevoise, ce que fait .wav_909 est assez proche de mon style également.
Est-ce que tu as l’impression que le fait de mixer de la techno, qui est très à la mode en ce moment et qui a déjà un public, t’a aidé à être bookée, à te faire un nom ?
C’est clair que c’est une musique qui est très à la mode, c’est un avantage mais personnellement justement j’essaie de faire aussi d’autres styles de soirées, où je dois un peu plus m’adapter. Ma date au Zoo typiquement, c’était une soirée groove, ça ne tape pas aussi fort que ce que je fais normalement. Mais je pense que dans la musique, comme dans chaque forme d’art, il y a toujours un effet de mode et il faut toujours y être attentif parce que ça peut être un inconvénient. On peut suivre les tendances pour que la musique qu’on passe plaise, mais il faut rester fidèle à ce que tu fais, sinon tu te perds là-dedans, tu finis par jouer le top Spotify et ça tout le monde peut le faire.
Tu es ingénieure civile dans la vie, comment est-ce que tu vis le décalage entre les deux milieux, celui nocturne de la techno, et celui de ton travail ?
En fait c’est étonnant mais je vois pas mal de similarités entre les deux. Dans les deux cas je me retrouve dans des milieux très masculins, dans lesquels beaucoup de mécanismes sont similaires. Mais justement il y a une majorité masculine donc il y aussi cet effet de discrimination positive que l’on retrouve dans les deux mondes. Mais, en tout cas en ce qui concerne la techno, c’est en train de changer il y a de plus en plus de filles, ce qui est super. C’est aussi ce que j’aime dans l’agence NOUT, qui essaie d’être paritaire dans les DJ de l’agence ou dans ses line-up. Parce qu’au final, des femmes DJ, il y en a beaucoup, c’est juste qu’elles ne sont pas mises en avant. Je pense aussi que certaines n’ont pas osé faire le pas, quand c’est plus facile de te lancer dans le milieu quand tu es un homme. Je généralise un peu, mais ce sont quand même des mécanismes que j’observe, surtout en termes de légitimité. Personnellement, j’ai mis un moment avant de me sentir légitime, mais mon entourage et NOUT m’ont beaucoup aidée à dépasser ça.
Tu te vois continuer à long terme ?
Alors tant que ça marche oui. Je ne m’attendais pas à cette évolution, je ne pensais pas que ça prendrait une telle ampleur quand j’ai commencé à mixer. J’ai toujours du mal à croire que j’ai pu me produire au Zoo ou à l’Exil. En fait, jusque-là, je ne m’étais même jamais posé la question de la possibilité d’en vivre. Alors évidemment comme ça je dirais que si j’en avais la possibilité oui je le ferais, mais il y a aussi les côtés négatifs : il y a une grosse pression, un côté très sociable qu’il faut avoir, une image que tu exposes aux gens et ce n’est pas toujours évident à gérer.
Pour voir Gioski mixer, rendez-vous le 27.01 à Central Station pour la release party de e-garbage.