[EPIC OPUS N°34] VVVANI

© VVVANI

Pour le dernier OPUS de l’année avant notre pause hivernale, carte blanche à vvvani. Habitué·e·x de la Makhno, vous avez peut-être déjà assisté à ses sets qui nous renvoient directement dans les années 2000. Présentation d’un·e·x DJ qui a mis la fluidité au centre de sa musique, et qui nous partage ses réflexions sur la scène queer genevoise.

Hello vvvani, merci pour cet EPIC OPUS ! Peux-tu te présenter et nous en dire plus sur ton parcours ?

Alors mon nom de scène, c’est vvvani. Les trois « v » sont là pour signifier vitesse, volupté et vénus, qui sont les énergies que je cherche à amener dans chacun de mes sets. Je fais de la musique depuis 10 ans, mais ça fait 7 ans que je mixe, avant je faisais du rock psyché. J’ai commencé à toucher au DJing à 12 ans, je me suis lancé·e·x avec les sons de l’époque. Et depuis que j’ai commencé, j’ai un faible pour les remix. A côté de la musique je fais des études de sociologie, qui sont d’ailleurs très utiles dans le milieu culturel. Et je m’intéresse aussi beaucoup à tout ce qui est spiritualité, astrologie et tarot. Récemment j’ai commencé à me faire des tirages avant mes sets.

Et au niveau de ton style ?

À mes débuts, j’avais plutôt un style entre pop et électronica. J’ai pas mal évolué par la suite en passant par de la house, disco, de la techno, du downtempo et breakbeat, puis plus récemment la Hyperpop et electro-punk. Au final, comme j’ai commencé à mixer jeune, j’ai fait très vite le tour des styles. Donc maintenant je ne veux plus mixer un seul genre musical en particulier. Dans ma vie en général, je réfléchis beaucoup au concept de fluidité, sur le fait de ne pas être que dans une seule case. C’est ce que je cherche à exprimer dans mes mix, en mélangeant tous les styles que j’aime. À Genève, dans le monde musical, il y a encore une certaine peur du ridicule si on sort des codes de ce qui se fait. Il peut y avoir un certain manque d’ouverture entre les différentes cultures musicales et les gens qui en font partie. C’est assez clivé et difficile à décloisonner. En mélangeant les styles, et les cultures qui y sont rattachées, en jouant sur cette fluidité, j’essaie de sortir un peu de ça.

Et actuellement, comment qualifierais-tu ton style ? Qu’est-ce que l’on retrouve dans le mix fait pour EPIC ?

Actuellement je suis plutôt en retrait par rapport à ce qui se fait de nouveau. Je suis plutôt sur un retour à la rave et trance des années 90, DJ Mantis par exemple ou le label argentin Oíd Mortales, que j’apprécie beaucoup pour le côté très versatile et très wild. “Ibiza 2013” ça définit plutôt bien le mood que j’essaye de transmettre dans mon mix, un esprit nostalgique mêlant insouciance et amour pour le moment présent mais à la fois un ton mélancolique quant à l’avenir.

Comment tu prépares tes sets et tes mix ?

Je fonctionne vraiment avec ce qui me plaît, si j’entends quelque chose que j’apprécie j’ai envie de le mettre dans le set. J’aime beaucoup les sonorités qui sortent de l’ordinaire donc je n’arrive jamais à faire un set qui va dans une seule direction. Je suis aussi beaucoup dans l’écoute du public. Ce qui est pratique quand tu touches à beaucoup de styles différents, que tu as un gros répertoire c’est que c’est facile de changer pour coller à la vibe du public que tu as devant toi. Et généralement je mixe des sets de toutes les périodes, jamais que de la nouveauté. J’ai quand même un gros faible pour les années 90, pour les tendances électro punk dans le style de ce que faisait Mutsumi, une artiste londonienne et japonaise des années 90-2000. Plus récemment je me suis aussi découvert une passion pour le dernier album de Daniel Avery.

Tu as l’impression que ce mélange de styles que tu proposes est bien reçu ?

C’est bien reçu surtout dans le milieu queer, qui est le milieu dans lequel je me sens de toute manière le plus à l’aise. En général je me permets plus de libertés dans ce que je mixe dans les espaces queer, le public est souvent un peu plus ouvert, c’est plus facile pour moi. J’ai mixé en Genevegas donc c’est aussi une ambiance que je connais. Ce qui me motive d’ailleurs à bosser sur la scène genevoise, qui manque encore d’espaces de vie et de fête qui soient à la fois queer et safe.

Selon toi, dans l’idéal, quel type de lieux faudrait-il à Genève pour combler ce manque ?

Si je devais imaginer un lieu utopique dans le paysage culturel genevois ce serait un espace queer en autogestion, avec une programmation qui ne serait pas faite par un white cis man, avec une volonté de remise en question, et surtout beaucoup de bienveillance. Mais je pense que la communauté queer manque encore de visibilité, de temps et d’argent pour avoir le temps de se pencher sur le projet d’un lieu de ce genre.

Sur la scène genevoise, il y a des DJx dont tu te sens particulièrement proche ? Ou un lieu que tu affectionnes plus que d’autres ?

A Genève je suis particulièrement attaché·e·x à la Makhno, c’est l’un des derniers endroits vraiment auto-gérés de Genève, qui se revendique ouvertement antifa, anti-discrimination de toutes sortes. Et j’aime beaucoup le côté intimiste de l’endroit, on est toujours en petit comité, avec beaucoup de monde qu’on connaît. J’ai de toute manière commencé à mixer dans des soirées auto-gérées, avec des vibes très familiales et c’est vers ça que j’ai envie de retourner. Au niveau des DJx dont je me sens proche, que ce soit en tant que personne ou au niveau du style je citerais évidemment Athena, qui est mon binôme de B2B, on se retrouve notamment sur notre amour de la trance, pré 2000 pour moi et post 2000 pour elle. Dans le coin j’aime aussi beaucoup ce que font Ven3mo, Brutal P0ny, Iconyx, Stranacorpus, Marara Kelly et Owelle. Et je trouve le projet d’Elie très chouette, c’est de la trance anti-patriarcat, elle a récemment fait un mix pour Cringecore que je conseille pour bien se défouler.

Et quels sont tes projets ? Tes prochaines dates ?

Pour le moment je n’ai pas de dates ou de projets précis. Pour moi, la musique doit rester un plaisir, j’essaie de ne pas me prendre trop la tête, donc on verra pour la suite. J’ai beaucoup bossé pour la scène queer ces derniers temps, ce qui m’a demandé pas mal d’énergie donc j’essaie de prendre un peu de recul. S’investir dans le milieu culturel c’est quelque chose que l’on doit faire par passion. Depuis le COVID je pense que l’on s’est rendu compte que ce n’était pas si simple, que c’était précaire, et que, bien qu’essentielle, la culture reste un milieu qui permet difficilement d’en vivre vraiment sans s’épuiser. Donc pour me préserver un peu je me dis juste que je veux continuer à être passionné∙e∙x par ce que je fais et continuer à découvrir de nouvelles choses.

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