Du 15 au 27 novembre se tiendra la dix-huitième édition des Créatives, festival incontournable de Genève visant à établir une réflexion autour de problématiques féministes à travers notamment la mise en avant de projets artistiques. Kzern, Motel Campo et Gravière : cette année, Les Créatives s’associent aux clubs pour proposer une quinzaine de soirées mettant en avant des artiste·x·s femmes et de minorités de genre. Décryptage et sélection des nuits à ne pas rater.
Les Créatives 18e du nom, ce sont des conférences avec des invité·e·x·s de renom, Gloria Steinem ou Reni Eddo-Lodge. Des forums autour des violences sexuelles, des mouvements sociaux ou de l’adelphité. Ou encore des projections engagées. Mais on le sait, le militantisme, l’engagement peuvent fatiguer et sont parfois lourds à porter. Alors pour relâcher la pression, les Créatives ont pensé à tout en proposant les soirées Ultraviolet, pour aller danser de manière féministe et engagée.
Une fête plus safe et diversifiée
Le concept Ultraviolet est simple : s’associer à des célèbres de Genève pour proposer des soirées plus inclusives. Cette année, le Motel Campo, la Gravière et Kzern ont répondu à l’appel en permettant aux Créatives de proposer une line-up exclusivement composée d’artiste·x·s femmes et de minorités de genre, et cela pour quinze soirées. À l’origine de ce projet, un constat évident : les discriminations sexistes et de genres présentes dans la société ne s’effacent pas une fois les portes des clubs passées. Alors pour amorcer une réflexion autour de ce sujet, une table ronde organisée à Kzern et modérée par la journaliste Anne Flament lancera Ultraviolet le 17 novembre. Au programme, un état des lieux des violences et discriminations effectives que l’on peut retrouver dans le milieu de la nuit, le tout dans une perspective intersectionnelle. Ainsi violences psychiques et psychologiques seront discutées du point de vue du sexisme, du genre mais aussi dans une perspective anti-raciste et body inclusive. Pour proposer des pistes et solutions de réappropriation du monde de la fête, Les Créatives convient autour de la table Habibitch, artiste queer et anti-raciste fervente militante de la décolonisation du dancefloor et conceptrice de conférences dansées pour montrer que le clubbing peut être politique. À ses côtés, la DJ et poétesse Hawa Sarita, qui utilise la musique et l’écriture pour porter ses réflexions sur l’accessibilité des espaces publics, et notamment celui du monde de la nuit. Enfin, représentante de We Can Dance It, Zabou Elisabeth Jaquet portera les valeurs du collectif, à savoir la promotion de l’égalité, la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles dans le monde de la nuit, le milieu culturel et l’espace public en général. Modérée par la journaliste Anne Flament, cette table ronde sera l’occasion d’une réflexion collective sur la possibilité d’offrir des espaces festifs sûrs et bienveillants.
Une fois ces bases théoriques posées, place aux principaux·ale·x·s intéréssé·e·x·s en laissant des DJxs et collectifs de femmes et de minorités de genre créer des soirées et espaces qui leur ressemblent. Présentation de nos events coups de coeur.
La sélection d’EPIC-Magazine
Après la table ronde Autour du club : le monde de la nuit porte conseil, place à la pratique, direction La Gravière. Pour cette première soirée Ultraviolet, le 17.11 donc, le collectif Manta prend les rênes du traditionnel Noctambar du jeudi. Les cinq Genevoises Mat, Nouxi, Laurita, Ninux et Gigi amorceront les hostilités des soirées Les Créatives avec une nuit dédiée à la techno et la house. Le lendemain, si besoin se fait sentir d’un after après les concerts de Roxane ou Big Joanie, Your Ex Wife, direction Kzern. L’occasion d’écouter des sets que l’on a moins la chance d’entendre à Genève avec Oscura Resistencia et son style oscillant entre downtempo, cosmic-disco, synthpop et post-punk. S’ensuivra une session indie house/techno dispensée par Princesse P., disquaire zurichoise. Le 19.11, c’est Lolsnake, Audrey Danza et NDH qui enflammeront le Motel. Si vous cherchez à continuer à danser après l’anniversaire d’EPIC, c’est là-bas qu’il faudra vous rendre. Lolsnake, DJ irako-américaine basée à Berlin mettra toute son énergie au service d’une nuit sous le signe de la techno et trance euphorique. Avec elle pour déchaîner la main room, on retrouvera Audrey Danza, résidente du Motel Campo. Côté Kiss Room, c’est NDH et ses rythmiques afro/hip-hop qui viendra représenter le collectif Zagaza.
Autre jeudi, autre Noctambar à La Gravière. Al Dente et LSN lanceront les hostilités de ce second week-end de soirées Ultraviolet. Hard ou acid, cette nuit sera techno. Impossible de passer à côté quand on sait que Al Dente est l’une des résidentes de Helvetika Owl. Aux côtés de cette expérimentée des nuits genevoises, LSN qui s’est lancée l’année dernière viendra entraîner ses skills acidcore et hardtrance. Le vendredi 25, Kzern et Les Créatives laissent la curation à Mânaa moitié du binôme Vous êtes Reus ? qui proposera quatre artiste·x·s qui s’affranchissent des codes musicaux. Carte blanche à Hoellypop, Renoiterrible, EXCSS et Klaire-Alice entre féminité extrême, sets militants et surtout rythmes endiablés. Enfin, pour le dernier soir Ultraviolet, line-up 100% locale au Motel Campo. Agent Lapin et Godsilah (collectif DESIR) prendront les commandes de la main room. Main room également, on retrouvera Anita Kirppis et son univers underground, décomplexé, hybride et décolonial qui préparera le terrain pour Nastychong (reggaeton, UK funky, trap, dancehall). La Kiss Room ne sera pas en reste avec Segenttarius, qu’on a régulièrement vu se produire à Genève cet été entre DJ sets et concerts.
Au-delà des soirées Ultraviolet, Les Créatives proposent un programme complet d’évènements, concerts, discussions, projections et ateliers dont le programme est à retrouver ici.
