Elise Vonaesch : un dernier roman à la mode

©Elise Vonaesch

Après avoir publié Clandestines en 2019, Elise Vonaesch revient avec un deuxième roman, Comment volent les oiseaux blessés ?, sorti aux éditions 5 Sens. L’histoire d’une rencontre, celle de Manuela, journaliste solitaire et misanthrope, et Pranelle, une top model aussi fascinante qu’agaçante. Une histoire d’amour qui met à l’honneur des personnages féminins complexes et révèle les dessous d’une industrie bien huilée, où les paillettes permettent de cacher une réalité glaçante. Rencontre avec son auteure. 

Salut Elise, merci d’avoir accepté cet entretien. Est-ce que tu peux commencer par te présenter ?

J’ai 23 ans, je suis étudiante en Bachelor de lettres (français et russe) et je viens de publier mon deuxième livre Comment volent les oiseaux blessés ?

Quand est-ce que tu as commencé à écrire et quelle place occupe aujourd’hui l’écriture dans ta vie ?

J’ai commencé à écrire quand j’avais 13 ans. À la suite de la lecture du journal d’Anne Frank, j’ai rédigé des petits textes sur ma vie et j’ai bien aimé ce sentiment de pouvoir déverser mes sentiments sur le papier. J’ai ensuite écrit de courtes nouvelles d’une à deux pages, et au fur et à mesure du temps, mes histoires se sont allongées. À 16 ans, j’écrivais des nouvelles d’une dizaine de pages et pour mon travail de maturité, j’ai écrit mon premier roman. Mais avant d’écrire, j’ai surtout toujours aimé lire. Je suis une grande fan de littérature classique depuis le cycle. J’ai commencé par lire Marcel Pagnol puis Victor Hugo, Zola, Stendhal, et depuis quelques années, j’essaie de lire aussi des romans plus contemporains. 

Ton premier roman, Clandestines, est paru en 2019 aux éditions Olivétan. Est-ce tu peux nous parler de l’histoire de ce livre ?

Comme je l’ai dit, j’ai écrit ce roman dans le cadre de mon travail de maturité. Je comptais initialement écrire une nouvelle, mais finalement, le goût du défi m’a poussé à entreprendre un travail plus ambitieux. J’ai ensuite dû trouver une problématique pour justifier mon projet, je ne pouvais pas juste écrire un roman pour écrire un roman. J’ai ainsi décidé d’ajouté une perspective historique à mon travail. Le plus dur a été de choisir la période. J’hésitais à écrire sur la Seconde Guerre mondiale ou sur la guerre des Camisards. Ne parvenant pas à trancher, je me suis résolue à écrire sur les deux. L’histoire raconte le destin de deux femmes engagées, l’une qui prend part à la guerre des Camisards, la révolte protestante du XVIIIe siècle, et l’autre à la résistance française pendant la guerre de 39-45. J’ai terminé l’écriture du livre en novembre 2017 et il est finalement paru en mai 2019 aux éditions Olivétan.

Et l’histoire ne fait que commencer… Plus récemment, tu as sorti ton deuxième roman Comment volent les oiseaux blessés ? aux éditions 5 Sens cette fois-ci. Peux-tu te prêter au difficile exercice du résumé ?

C’est l’histoire de Manuela, une journaliste solitaire, haut potentiel et misanthrope, chargée d’interviewer une célèbre mannequin, Pranelle. Pranelle incarne l’idéal de la beauté, elle est envoûtante et prétentieuse, et Manuela va tomber sous le charme de ce top model. Oui mais voilà, l’histoire se passe dans les années 1990, époque où les relations homosexuelles doivent souvent se vivre cachées (c’est malheureusement encore parfois le cas). Manuela va se retrouver projetée dans le monde du faste et des paillettes, et tout en cherchant à préserver sa relation avec Pranelle, elle va mener l’enquête pour découvrir les secrets que cache sa compagne.  

Couverture de Comment volent les oiseaux blessés ? © Editions 5 Sens

Quels sont les thèmes abordés dans ce roman ?

Je ne sais pas si c’est un thème, mais je dirais la complexité des relations. Alors que mon premier livre était tourné sur l’action, j’ai cherché dans celui-là à approfondir la psychologie des personnages. La narration se concentre beaucoup sur les réflexions de Manuela. Je ne pense pas faire de la littérature engagée, mais j’ai également cherché à démystifier l’univers de la mode. En me renseignant sur ce milieu, j’ai découvert des choses terribles que j’ai voulu inclure dans mon roman pour rompre avec une vision parfois trop romantisée de cet univers. J’ai aussi voulu changer le système hétéronormé en mettant à l’honneur deux femmes qui s’aiment. D’autant que raconter l’histoire d’amour entre deux femmes, ça m’a permis d’écrire un long roman, là où l’histoire entre un homme et une femme aurait tenu sur quelques dizaines de pages. J’ai conté l’histoire d’un personnage aigri et renfermé qui va s’ouvrir au contact de Pranelle et découvrir un monde avec beaucoup d’illusions.

Pourquoi avoir choisi l’univers de la mode comme cadre pour ton histoire ?

C’est un milieu qui m’intrigue pas mal. J’ai l’impression qu’on ne le connait jamais vraiment. On peut s’intéresser à la mode, apprécier l’esthétique des créations, les défilés, mais il y a une vraie zone grise qui nous échappe et qui est pourtant perceptible ; on devine le côté malsain derrière le beau. En lisant des livres et en regardant des reportages, c’est devenu beaucoup plus évident. Ça m’a inspiré un personnage de livre, et petit à petit, l’histoire s’est créée autour.

Est-ce qu’il y a des ponts avec Clandestines, une colonne vertébrale qui anime ton œuvre ?

Je ne pense pas, non. Le seul point commun, c’est cette volonté de mettre des femmes à l’honneur. C’est d’ailleurs sûrement une question d’identification. Si j’avais été un homme, j’aurais écrit sur des hommes. Dans Clandestines, il y avait un fort engagement spirituel, et pour Comment volent les oiseaux blessés ?, j’ai cherché à écrire complètement autre chose. J’ai juste gardé ces personnages féminins. 

J’ai vu que tu t’étais également essayée à la littérature jeunesse. Un roman à quatre mains avec ta maman pour sensibiliser les plus jeunes aux luttes climatiques. Comment c’est d’écrire pour les enfants ? 

C’est très différent. J’ai cherché au maximum la simplicité. Pour Comment volent les oiseaux blessés ?, j’ai essayé d’utiliser un vocabulaire riche et de construire des réflexions complexes, tandis que pour ce livre, le message a dû être délivré de la manière la plus simple et directe ; il ne devait pas se noyer parmi des phrases inutiles. C’était intéressant… pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Le tout, c’est de faire passer l’émotion. Ma mère créait les illustrations et moi j’écrivais par-dessus. 

Une bibliographie déjà importante à 23 ans, quels sont tes futurs projets et qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ?

J’ai un troisième roman en attente. Il est presque terminé, mais je ne l’ai plus touché depuis longtemps, il faut que je m’y remette. Il parle de téléréalité… c’est encore autre chose. Après la guerre des Camizards au XVIIIe siècle, la Seconde Guerre mondiale, mon dernier roman qui se passe à la fin du XXe siècle, j’arrive doucement vers le présent. Je cherche à régler roman après roman les détails qui ne fonctionnent pas ou qui ne plaisent pas. Pour Clandestines, on m’avait reproché l’excès de spiritualité. Pour Comment volent les oiseaux blessés ?, je ne parlais plus de religion, mais certain·e·x·s lecteur·ice·x·s considéraient qu’il y avait trop de longueurs. Pour ce dernier roman, j’ai ainsi cherché à aller davantage à l’essentiel. Voilà, je cherche à m’améliorer petit à petit. Ce qu’on peut me souhaiter maintenant, c’est de trouver l’inspiration pour terminer mon roman. 

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