Un cœur vide rempli d’émotions, voilà ce que dessine la plume du rappeur Empty7. Le Genevois offre un projet succinct mais redoutablement efficace. Auto-Tune, piano voix, bangers, drill, mélodies, un combo explosif qui laisse néanmoins place à une sincérité peu commune. Bienvenue dans la « 2ON ».
Maudit à chaque sortie de projet, Empty7 (à prononcer à l’italienne, à la française, à l’anglaise, comme vous le souhaitez) est à l’image de son passé et de la société actuelle : trouble et froid.
Un premier album sorti le jour du confinement, puis un second projet, ZON, annoncé le jour du re-confinement fin 2020 : deux signaux qu’il interprète comme un destin hostile à ses tentatives musicales. Après deux années de galère mais à tête lucide, Empty7 annonce une suite 2ON, quelques heures avant que Poutine décide de déclarer la guerre. Rien n’est évident dans ce parcours artistique parfois chaotique mais dont la vague d’auditeur·trice·s s’amplifie, bien au-delà de ses frontières genevoises. Une peine et un désespoir mélancoliquement orchestrés sur des notes infernales, qui rappellent à tout un chacun que le bien et le mal résultent d’un équilibre si fragile.
Le rap en guise d’exutoire
Une dichotomie entre le bien et le mal qui se dissout complètement quand on se plonge dans 2ON. À l’instar de Batman qui doit sauver Gotham, Empty7, lui, trouve refuge dans sa ZON, une matrice artistique profondément sombre, mettant en exergue les côtés moins glamours de la Genève internationale. En adoptant des postures de super-héros, tout en réinventant une esthétique proche des comics, le rappeur de Bellevue se métamorphose lorsqu’il enfile sa cagoule et pose ses rimes les plus sincères derrière le micro.
Remets l’Auto-Tune, j’veux pas qu’on entende mes larmes… Bien sûr que j’fais des fausses notes.
J/J
Du haut des immeubles, face au vide, il nous plonge dans un vécu romancé et proclame sa légitimité dans le rap genevois. Adepte des paradoxes, l’artiste de 24 ans oscille entre devenir le héros ou le vilain de sa propre vie ainsi que de sa propre ville, à mi-chemin entre Batman et le Joker. Aussi à l’aise dans l’ego trip que dans les couplets plus introspectifs (on pense aux morceaux Fini ou J/J), il n’hésite pas à approfondir les thématiques liées à la santé mentale, le tout saupoudré d’un somptueux spleen baudelairien.
J’compte plus les fois où j’ai goûté le parterre, c’est dur quand tu deviens le méchant de l’histoire.
Fini
Genève, Ville Lumière
Fini le temps de la naïveté et de la fête, pour raconter la suite de ZON, Empty7 ne se sentait plus l’envie de faire des tubes ensoleillés, faciles d’accès mais à la durée de vie limitée. Finis les chewing-gums et place à la gastronomie, en produisant de véritables bangers comme le moderne Nike Complet, l’angoissant Woe ou le renversant 2ON.
Pour parachever son œuvre, il invite trois rappeurs installés dans le paysage genevois : Rounhaa, Gio Dallas et DeWolph. Avec de tels featurings, c’est l’identité de la ville qui est mise en lumière. D’une certaine manière, ce projet suisse se veut comme une piqûre de rappel, revendiquant Genève comme partie intégrante d’un rap francophone dominé par Paris, Marseille et Bruxelles.
Quelques jours après être monté sur la magnifique scène de l’Alhambra, dans sa ville natale, Empty7 donnera un concert à Paris le 28 mars à la Boule Noire pour célébrer la sortie de 2ON. Loin du Jet d’Eau mais toujours près du cœur. Ce fameux cœur vide rempli d’émotions.
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