Rappelez-vous de Jimmy Salmon interviewé ici au mois de mars, il est le co-fondateur du label La Dune lancé en 2016 avec son ami Jacques Torrance. Ils nous expliquent tous deux la création et l’avenir de ce collectif-label qui sortait il y a quelques jours son deuxième EP. Nous avons l’occasion de boire un café avec Jimmy à Genève tandis que nous skypons avec Jacques basé actuellement à Stuttgart…
Salut Jimmy ! Présente-nous pour ta part la naissance de La Dune…
La Dune c’est un petit collectif qui est devenu au fur et à mesure un label. On a lancé ce projet il y a à peine un an avec Jacques Torrance, un ami de longue date avec qui on écoutait pas mal de musique électronique avec les mêmes affinités. On s’est tous les deux mis à faire de la prod au même moment et au fur et à mesure qu’on apprivoisait les logiciels on s’est dit que ce serait sympa de publier nos sons à travers une page SoundCloud commune. Pour ce qui est du nom, La Dune c’est un peu le premier truc qui m’est venu en tête et on est parti pour ! (rires) Jacques Torrance et moi sommes donc les « founders » du label, on sélectionne des sons qu’on trouve ou qu’on nous envoie puis on les publie, c’est comme ça que ça marche.
Et toi Jacques depuis Stuttgart as-tu quelque chose à ajouter concernant la formation du collectif ?
À la base on voulait trouver une plateforme pour mieux diffuser notre musique parce que sinon, ça va pas très loin. On voulait que nos morceaux atteignent plus de gens que notre cercle d’amis proches. Lancer un collectif / label ca permet de créer une plateforme plus professionnelle pour faire de la musique et aussi créer des évènements. On a cherché d’autres gens pour nous aider, surtout des artistes pour nous rejoindre dans des releases comme ça on pouvait à la fois avoir de la visibilité et en même temps diffuser leurs sons. C’est une manière de s’entraider en tant que producteurs. Pour le moment ce qu’on fait c’est gratuit et on compte garder ça comme ça tant que c’est numérique.
Qui est présent sous le label ?
Jimmy Salmon: Les DJ du coin qu’on a trouvé surtout à travers SoundCloud. Dans la région, il y a un gars qui vient de Lausanne, ROLFEE, il vient d’avoir 18 ans – joyeux anniversaire à lui d’ailleurs – il est producteur avant tout mais il mixe également, avec une chouette sélection de morceaux deep house et techno des années 90. Sinon deux gars de Genève, DJ Rain et NK Home Grown avec qui on aura surement des projets, et on espère faire une soirée avec eux bientôt. Mais La Dune c’est surtout pleins de DJ’s de différents milieux, différents pays. Dans notre premier EP, un des gars vient de France, un autre qui vient des States, KUNDALINI, puis il y a aussi pas mal de gens d’Edimbourg / Glasgow que Jacques Torrance a pu rencontrer pendant ses études.
Jacques Torrance: À l’instant, il n’y a pas vraiment d’artistes fixes sur le label, à part Jimmy et moi. On a tendance à sélectionner plutôt par morceau que par artiste. Dans le 2e EP j’ai personnellement eu un petit coup de cœur pour le taff’ d’un super pote à moi qui s’appelle Sonter, de Glasgow. Il fait vraiment pleins de belles choses et je pense qu’il va rester un moment sur le label. On prévoit de travailler sur pas mal de projets ensemble.
Comment vous répartissez-vous les tâches au sein du label ?
J.T: Je m’occupe de tout ce qui touche à l’esthétique visuel du label, des réseaux sociaux, de l’organisation d’évènements aussi bien à Genève, à Stuttgart ou même à Lyon car on a bientôt prévu de faire une soirée là-bas. Après chacun de notre côté on cherche des artistes qui nous plaisent que ça soit nos amis ou sur internet, mais je dirais que Jimmy s’occupe surtout des artistes à Genève vu que moi je n’y suis pas très souvent. Les connaissances que j’ai en Écosse nous envoient pas mal de compos ou sinon je vais sur SoundCloud pour découvrir des artistes que j’aime bien, ça fonctionne pas mal…
Y a-t-il un style prédéfini et une esthétique à La Dune ?
J.S: On essaye de varier les styles un maximum. On prévoit pour les prochains EP de l’italo disco par exemple, aussi des edits de disco, de musique brésiliene, de l’afro-house… Si je peux faire une sorte de métaphore entre l’esthétique et le nom du label : quand tu penses à une dune c’est lisse, joli, comme sur notre logo rose et bleu. Moi j’y vois même une touche sexy qui ramène au feeling groovy de la house musique, quelque chose qui donne envie de bouger, de sensuel. Après chaque artiste a son propre style. Jacques Torrance par exemple est plus classic house, french touch (cf Quatre Claques). Moi je suis plutôt synthé, j’insiste plus sur les basses, parfois un peu lo-fi.
J.T: Au début on prenait un peu de tout, on avait pas vraiment de style mais là on commence à se définir petit à petit. Mais après l’essentiel c’est qu’on choisit de la musique qu’on aime personnellement et on ne cherche pas à viser un public particulier. Entre chaque EP nos morceaux comme ceux des autres risquent de changer. Niveau esthétique je m’occupe de tout ce qui est graphisme et visuel. Je fais les poster avec l’aide de Sonter qui avait collaboré sur l’affiche de Central Station cet été. Pour les EP j’ai bossé tout seul. À la base je voulais quelque chose de très propre, minimal, surtout avec le premier EP c’était facile à écouter donc je voulais que ça coïncide avec l’esthétique. Trouver un jeu de couleur adapté c’est aussi très important.
Le 2e EP vient de sortir, en quoi diffère-t-il du premier ?
J.S: Le premier EP, 001 est sorti il y a 4 mois. Le deuxième n’a pas vraiment de continuité, même si on essaye de suivre l’idée House, en tout cas dans nos « Various Artists ». On l’a intitulé Common Obsession. Le nom m’est venu – encore une fois c’est mon génie (rires), parce que concrètement faire de la musique et en faire un EP à plusieurs c’est partager notre obsession commune tout simplement. Les morceaux sont différents en termes de style mais on retrouve un noyau de groove et de sensualité qu’on essaye d’amener avec La Dune. Cet EP a un côté nostalgique car cette « obsession commune » elle part d’une nostalgie pour la house / deep house des 90’s mais aussi un brin futuriste car on n’essaye pas simplement de copier ce qui a déjà été fait par le passé, on y ajoute encore plus et toujours notre propre petite touche d’innovation, d’originalité. Et enfin je dirais qu’on ne fait pas que de la musique qui s’écoute mais aussi qui donne envie de danser donc pour moi cet EP c’est aussi beaucoup de « déhanché » bien-sûr.
J.T: Le premier EP était assez lo-fi pendant cette vibe qui commence à disparaitre maintenant. Aussi comme c’était nos premières prod avec Jimmy, lo-fi c’est à la base juste composer quelque chose en qualité saturée pour créer une esthétique, mais en réalité c’est aussi souvent plus facile de produire comme ça. Les gens acceptent quelque chose de moins bien mixé à travers cet esthétique vu que c’est plutôt censé être un délire que quelque chose de très sérieux, mais maintenant on est passé à autre chose. Je dirais que ce nouvel EP, Common Obsession, est plus adapté au dancefloor.
Vous êtes à la fois fondateurs du label et contributeurs sur les 2 EP à ce jour, comment gérez-vous ces deux aspects ?
J.S: Mille mercis à Jacques car il s’occupe de toute la communication et du design de nos EP. Bravo à lui de s’y mettre à fond depuis le début ! Moi je m’occupe plutôt de ce que je peux faire dans mon coin, avec une grosse envie de faire connaitre le label sur Genève. J’aimerais aussi rencontrer des artistes, organiser peut-être un nouveau style de soirée qu’on ne voit pas assez sur Genève, concentré sur les artistes moins connus. C’est vrai qu’ici il y a une préférence pour les gens qui sont déjà là, les gens qui se connaissent entre eux et qui font des soirées, des rave… Je trouve ça dommage que ce soit un peu trop exclusif parfois car ça peut négliger la reconnaissance du talent de certains. Je pense à ROLFEE qui a vraiment beaucoup de talent. Il faudrait le faire découvrir un peu plus. Je ne vois pas forcément une hiérarchie dans le rôle de fondateur ou de DJ, je me suis lancé dans ce projet pour vivre ma passion, faire de la musique et puis faire découvrir aux gens autour de moi les talents des producteurs underground ainsi que des chouettes soirées.
J.T: Au début c’était facile on s’y prenait doucement mais maintenant on a de plus en plus de gens qui nous envoient des sons donc c’est plus compliqué à gérer. On essaye d’organiser un maximum d’évènements donc ça prend du travail et de la patience. Après c’est par période, quand on prépare la sortie d’un EP on a beaucoup de choses à faire mais après il y a une période plus relax. Mais bon, même si c’est parfois difficile, c’est un travail que j’aime vraiment beaucoup et qui me permet de rencontrer plein de gens cool.
Jacques Torrance parle-nous un peu des deux sons que tu as produit à la fois dans le 1er et dans le 2ème EP…
Ça fait peu de temps que je produis, du coup j’essaye toujours un peu de nouvelles choses. C’est pour ça que ça change énormément entre mes deux sorties sur La Dune. Pour le premier son j’écoutais pas mal Dj Swagger à ce moment-là, il produit de la house avec des influences très hip-hop/trap. Du coup ça m’a inspiré à prendre le sample de Migos – Bad and Boujee. Maintenant et surtout pendant la prod de “Quatre Claques” j’écoutais beaucoup de house française, surtout le label D.KO qui m’a beaucoup influencé. C’est une track plus rapide que le premier morceau donc ça bouge forcément plus.
Des collaborations à venir ?
J.S. Pour en citer une, nous allons bientôt collaborer avec un label qui s’appelle UnderGroove Records pour une soirée à Lyon. Ils nous ont proposé de faire une soirée sur leur péniche ! C’est un petit label à 300 likes sur Facebook comme nous mais franchement ils ont sorti des sons assez prometteurs. Après en faisant tourner un peu le truc et en faisant des soirées je pense qu’on rencontrera d’autres gens, que ça se fasse assez spontanément, qu’on ait pas besoin d’envoyer la masse de mails aux différents lieux/collectifs. On prévoit de faire une soirée chez Foound le 23 décembre et sinon on est en contact avec les gars du Central Station pour une future soirée. Après je me suis lancé dans un projet un peu moins officiel au Nadir, l’espace autogéré de l’UNIGE : on organise des petites soirées où tout le monde peut venir poser du son entre 19h et environ minuit … c’est une bonne manière de rencontrer de bons DJ et découvrir les belles sélections de certains !
Quel avenir pour La Dune ?
J.S: On essaye de rester sur un rythme de publication d’EP tous les 1 ou 2 mois car on a énormément de démos. On aimerait aussi se lancer dans les EP solo avec des artistes qui ont déjà 3 ou 4 tracks en stock. On cherche toujours activement des gens, faut pas hésiter à nous envoyer vos démos ici.
J.T: Le plan maintenant c’est de concrétiser un peu le label, le rendre vivant. On ne veut pas être qu’une simple page SoundCloud, on veut que les gens interagissent. Du coup on essaye d’organiser un maximum d’évènements: d’ici janvier il y en aura 2 à Stuttgart, 2 ou 3 à Genève et 1 à Lyon. On aimerait aussi sortir des disques sur vinyles d’ici un certain temps. Également faire quelques t-shirts en petite quantité pour que ceux qui sont intéressés puissent s’en procurer, et puis après on verra comment les gens réagissent à ça !
Page SoundCloud: https://soundcloud.com/ladunerecords
Page Facebook: https://www.facebook.com/ladunerecords/
Bandcamp (téléchargement de “001” et “common obsession” en prix libre): https://ladune.bandcamp.com/
Contact: ladunerecords@gmail.com
Dates à venir:
La Dune w/ Jacques Torrance & friends – 11 Novembre à YART (Stuttgart)
La Dune x UnderGroove Records – 16 Décembre à Loupika (Lyon)
La Dune Label Showcase – (date à confirmer) à Central Station (Genève)
La Dune Label Showcase – 23 Décembre au Foound (Genève)
La Dune x Midnight Service – (date à confirmer) à Dresden Bar (Stuttgart)