[EPIC ESKIS N°13] Tisane Froide

Direction la lune et le monde de la poésie avec ce nouvel EPIC ESKIS. Un treizième volet réalisé par l’artiste Tisane Froide. Interview.

Salut Taïs, déjà merci pour ton illustration ! Est-ce que tu peux te présenter ?

Alors moi c’est Taïs (sans « h » parce que mes parents se sont dit que c’était pas assez original sinon). J’ai grandi en campagne et me suis installé·e à Lausanne il y a quelques années. J’ai 26 ans et suite à une mini-crise existentielle, je suis de retour aux études pour un master en sciences et pratiques de l’éducation. Et aussi je dessine sous le pseudonyme Tisane Froide. (Je cherchais un blaze avec mes initiales, ça sonnait bien, et c’était cool de dessiner des tasses. Finalement le nom a inspiré des créations plus que l’inverse !) 

Comment as-tu commencé l’illustration ? Tu peux nous expliquer ton parcours ?

J’ai toujours aimé dessiner enfant, j’ai été élevé·e dans un environnement artistiquement stimulant, avec plein de matériel à la maison. En toute logique j’ai choisi l’option « arts visuels » au gymnase, qui m’a en fait convaincu·e de ne surtout pas m’inscrire en école d’art. Je supportais mal la pression engendrée par le fait de devoir créer, et surtout de devoir tout justifier, expliquer.

Par contre, c’est aussi au gymnase que j’ai fait mes premiers dessins académiques (de nus), dans le cadre d’un cours facultatif. On m’a interdit d’utiliser une gomme, et ce fut un tournant dans ma manière d’appréhender le dessin. Malheureusement, ça ne m’a pas empêché·e d’arrêter presque complètement de dessiner pendant les années qui ont suivi (HEP et enseignement).

C’est finalement en 2018 que je m’y suis remis pour de vrai, alors que je vivais au Royaume-Uni. J’y ai passé huit mois, le temps d’un contrat de travail. J’étais relativement seul·e et j’avais du temps, j’ai donc racheté un cahier, des stylos noirs et ai créé un compte Instagram pour me motiver à dessiner régulièrement. J’ai copié plein de bâtiments là-bas et ai également eu l’occasion de refaire du dessin académique. De retour en Suisse, j’ai continué et commencé à varier les sujets et les supports. À ma grande surprise, j’ai gagné le concours du Romandie pour la saison 2019-2020, ce qui m’a bien aidé·e à me sentir un peu légitime.

Tu fais aussi de la poterie, des pin’s… Comment as-tu commencé à t’essayer à ces autres supports ? Quelle est ta technique de prédilection ?

Alors je ne fais pas encore de la vraie poterie (mais ça ne saurait tarder), par contre j’ai dessiné sur de la vaisselle de seconde main que j’ai vendue au marché Bô Noël de Lausanne. J’aime aussi peindre, graver, découper, le crochet, j’ai de quoi broder, de l’argile… et je possède un iPad pour faire des illustrations digitales. Disons qu’au début j’ai cru que j’avais trouvé mon « truc » : dessiner directement au stylo noir (sans passer par le crayon), mais j’ai vite eu envie de tester plein d’autres choses. Je dessine un peu sur tout ce que je trouve, avec ce que j’ai sous la main à ce moment-là. 

Concernant les pin’s, ils sont nés d’une super collaboration avec Maison&Maison. C’est un dessin à quatre mains, commandité par l’unique GenderFuck.

Même si l’iPad est essentiel pour certains projets, je ne pourrais pas me passer du dessin à l’encre, en grande partie car j’aime la contrainte (ou plutôt la liberté ?) de ne pas pouvoir effacer. Et j’adore les cahiers, j’en ai plusieurs selon le style/la technique ! Mes préférés sont tout gondolés, remplis d’aquarelle.

Tu mélanges aussi souvent dessin/illustration avec du texte. Comment les deux s’imbriquent l’un/l’autre ?

Bonne question… Il y a de la place dans un coin alors je remplis avec du texte ? Je crois que j’aime bien occuper tout l’espace de mon support, quel qu’il soit. J’oscille entre messages de bienveillance envers soi-même et slogans militants. Quoique s’accepter soi-même peut être une forme de militantisme aussi.

Il y a souvent deux figures dans tes dessins qui sont la lune et un personnage. Qui sont-ils·elles ?

À vous de me le dire ! Comme déjà mentionné, je n’aime pas trop devoir m’expliquer…. Je crois que je dessine ces lunes à double face depuis que je suis enfant, et elles sont revenues tout naturellement. J’imagine qu’il y a quelque chose en lien avec la dualité. Quant à mon personnage, iel est tout le monde et personne, fluide, non-genré, plein d’incohérences et d’imperfections.

Il me semble avoir vu une prochaine collab’ avec le compte Instagram @Feministangst. Tu peux nous en dire plus ?

Je n’en reviens toujours pas. C’est sans doute un des premiers comptes militants que j’ai suivi sur Instagram et j’adore son travail. Quand il parlé d’un projet de ‘zine et a demandé des illustrateurices en story, j’ai simplement répondu que j’étais dispo. J’ai fait partie des dix-huit premières personnes à réagir et le projet s’est lancé. Il s’agira d’une collection de trois ‘zines, remplis de mini-récits de vie des abonéexs de Nanténé, minutieusement répertoriés puis illustrés avec amour par plein de gens. Ils devraient être prêts cet été… affaire à suivre sur mon compte pour la distribution en Suisse.

En dehors de cette collaboration, aimerais-tu en faire d’autres ? Si oui, avec quel·le·s artiste·s de la région ?

Je suis partant·e pour plein de projets variés, tant que ça correspond à mes valeurs ! J’ai par exemple gravé une plaque de lino pour la donner au duo Samourailles afin qu’ielles l’impriment sur des vêtements éthiques/bio/non-genrés.

Je n’ai pas encore prévu d’apprendre à tatouer mais du coup j’adorerais collaborer avec un·e tatoueureuse et proposer des flashs, même pourquoi pas les dessiner à deux.

Y a-t-il des endroits en Suisse romande où l’on peut déjà voir ton travail ?

Dans tout plein de toilettes de bar ! J’ai illustré (bénévolement) les affiches de prévention contre le GHB, c’est une façon pour moi de militer. D’ailleurs j’ai aussi participé au ‘zine Au moins, croyez-nous qui est disponible dans plusieurs villes. 

Mes cartes postales de Lausanne sont également en vente dans la boutique du Palais de Rumine.

Qu’as-tu voulu exprimer avec cette carte blanche ?

Alors du coup, je ne sais pas et je n’aime ne pas savoir. Je suis une personne plutôt rationnelle (♑︎) et insomniaque, qui réfléchit/analyse énormément tout, tout le temps. Du coup je compense avec la télé-réalité et Netflix l’art, qui est vraiment l’unique truc dans ma vie que je n’intellectualise pas. Mais si vous voulez l’analyser c’est avec plaisir, j’adorerais savoir ce que vous y voyez.

Quels sont tes projets ?

Finir mon semestre et déménager… Mais cet été je vais enfin pouvoir recommencer à créer plus souvent, j’ai hâte. Et puis j’aurai un stand à la Cité des Créateurs le 28 août, avec ma maman qui fait des bijoux ! Pour l’occasion je pense pimper un max de vaisselle et mettre des plantes dedans, et j’aurai plein d’autres trucs en vente.

Retrouvez le travail de Tisane Froide sur son compte Instagram !

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