Confinés lors de la première vague de coronavirus au sein d’une colocation, Allan, Arnaud et Vinh ont profité de ce moment en suspens pour laisser libre cours à leur esprit créatif. Résultat : la naissance du groupe Flatmates et la production d’une dizaine de morceaux. Il était donc grand temps pour un entretien avec les trois complices…
Avant de vous retrouver en coloc’ en mars 2020, je crois savoir que vous étiez au collège Voltaire ensemble. C’est là-bas que vous vous êtes rencontrés ?
Vinh : Nous étions en effet au même moment à Voltaire, mais Arnaud était deux volées au-dessus d’Allan et moi. Au collège, Allan et moi jouions déjà ensemble dans le cadre de l’option musique et on sortait souvent notre guitare à la pause pour jammer à deux. C’est là qu’Arnaud nous a un jour rejoints.
Allan : C’est là qu’on s’est effectivement rencontré, mais nous n’avons pas poussé plus loin la collaboration à cette époque. Quelques années passèrent, et Arnaud est venu pour nous proposer de rejoindre son projet Red Alibi. C’est là qu’on a vraiment pu se découvrir musicalement, c’est-à-dire observer quelle était l’approche musicale de chacun, que cela soit dans le live ou dans la production.
Arnaud : Pour le projet Red Alibi, nous étions à la base deux : Lara et moi. Et en voulant faire un live riche, on a sollicité notre réseau de connaissances musicales. C’est comme ça que Vinh et Allan ont rejoint le projet, ont fait des concerts, ont participé aux productions, etc.
Comment êtes-vous passés de Red Alibi à Flatmates ?
Arnaud : Lors du confinement de mars 2020, on arrivait sur la fin du projet Red Alibi. On vivait alors en coloc avec Allan, et Vinh a été une sorte de « coloc auxiliaire » qui était là pendant ce confinement. On avait pas mal peur que cela soit le lockdown complet, alors on a ramené le matériel du studio à la coloc et on s’est mis à produire des sons ensemble.
Comment s’est passé musicalement ce confinement pour vous ?
Arnaud : On a rapidement mis un processus en place : vu qu’on touche les trois aux logiciels de musique, on a décidé que chacun allait proposer un morceau ou un bout de morceau et qu’on allait le faire tourner entre nous. On voulait que chacun initie une production, ajoute des éléments sur une autre, étoffe l’arrangement sur encore une autre, etc. C’est un processus super cool car on travaille tous ensemble sur les mêmes projets sans toujours être les trois simultanément sur le même. C’est juste à la fin qu’on se retrouve pour affiner le tout.
Allan : Au cours de ce processus, on ne va jamais mettre de côté une idée uniquement parce qu’on ne l’aime pas, on va plutôt le travailler ensemble de manière constructive. Ce que je trouve intéressant, c’est que sur chaque morceau, on peut avoir une nouvelle place : Arnaud ne fait pas le lead à chaque fois, moi je ne fais pas que les claviers, etc. Cela donne un projet riche en créativité.
Arnaud : Et lorsqu’on fait des collaborations avec d’autres musicien-ne-s, c’est la même chose : si on avance sur un morceau et on se dit « on verrait bien une section de corde sur ce morceau », alors on présente le morceau à une de nos connaissances qui joue de cet instrument et on la laisse libre de faire ses ajouts. Puis on reprend à nous trois le morceau pour le continuer.
N’est-ce pas trop compliqué d’adopter ce processus de création itératif ? Il faut tout de même avoir plus ou moins les mêmes goûts musicaux pour que ça donne quelque chose de bien non ?
Allan : Cela marche bien car nous sommes très proches et nous avons chacun une personnalité qui laisse place aux autres. Selon les musicien·ne·s avec lesquels tu travailles, cela peut être assez difficile de réaliser un projet en commun, ou alors si tu as trop de personnes ou de points de vue qui se côtoient, ça peut vite devenir le bordel. Avec Flatmates, on est juste la bonne taille.
Vinh : Et il faut savoir qu’en arrière-plan de Flatmates, il y a la vie de la coloc’ : on prépare à manger ensemble, on mange ensemble, on fait des jeux de société ensemble. Bref, on a beaucoup d’activités communes en plus de la musique.
Combien de temps cela prend de produire un morceau de cette manière ?
Vinh : En soi, la communication était assez intuitive, on savait qui tenait le flambeau et qui travaillait en parallèle sur quel morceau.
Arnaud : Cette manière de faire nous permet d’être efficaces dans la création, car on peut travailler de manière individuelle. Très vite après avoir commencé une prod’, on lâche le bébé pour le laisser grandir avec les autres membres du projet. Le projet va ensuite murir pour obtenir une couleur qu’on va tous comprendre, et finalement adopter.
Dans quels genres musicaux se classe votre musique et quelles sont vos inspirations ?
Vinh : On va dire qu’on fait dans le hip hop, la neo-soul et la house. On s’inspire de producteur tels que le Blue Lab Beats ou Tom Misch.
Arnaud : Le lien à travers nos morceaux c’est le groove, c’est-à-dire le côté laid back des basses et des batteries.
Combien de morceaux avez-vous à votre actif ?
Arnaud : On a actuellement sorti cinq morceaux. On a fait une sortie par semaine avec à chaque fois un visuel original pour accompagner. Là on en a sept en préparation, dont cinq en collaboration, notamment avec des chanteurs. On aimerait continuer à sortir les prochains morceaux sous forme de singles, puis faire un album avec les derniers qu’on a.
Quels sont vos objectifs avec Flatmates ?
Arnaud : Sur le court terme, on aimerait continuer les collaborations, afin de partager l’aventure Flatmates avec d’autres musicien·ne·s, notamment avec des chanteur·euse·s ou des rappeur·euse·s. Et on aimerait bien inviter un·e artiste à participer à plusieurs morceaux et pas seulement un.
Allan : Le but est en tout cas de continuer dans cette démarche de création, mais peut-être d’évoluer avec du matériel plus professionnel.
Arnaud : Après, sur le long terme, on aimerait être affilié à un label pour mettre une nouvelle perspective au projet et sortir un album avec les morceaux que nous avons en stock.
Pour finir, vous vous entendez encore bien après avoir passé autant de temps ensemble dans votre coloc’ ?
Arnaud : Oui, ce qui est génial, c’est que notre entente n’a absolument pas changé avec le confinement et le projet Flatmates, ça se passe toujours super bien entre nous !
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