La sélection d’EPIC : l’alléchante 25e édition du GIFF

Afin de fêter dignement son quart de siècle d’existence, le Geneva International Film Festival, qui se déroulera du 1er au 10 novembre, s’est offert une programmation des plus prestigieuses, avec notamment Xavier Dolan en tête d’affiche. Au-delà de la promotion d’artistes reconnus, le GIFF tient aussi à conserver son essence : mettre sur le devant de la scène les oeuvres d’artistes indépendant.e.s aux procédés novateurs et aux expérimentations audacieuses. EPIC se livre à une sélection des pépites réalisées par des talents émergents suisses ou genevois qui seront projetées lors du festival.

Si le GIFF est un événement attendu avec impatience chaque année par tous les cinéphiles genevois.e.s, c’est bien pour l’originalité et la diversité de sa programmation. En effet, le festival propose tant des performances et des films expérimentaux décapants que des réalisations davantage cadrées, offrant durant dix jours des oeuvres répondant à tous les goûts. Pour cette 25e édition, difficile une fois encore de ne pas se laisser séduire par la variété du choix des films proposés !

Comédie romantique et web série humoristique au programme

Au rang des réalisations à ne manquer sous aucun prétexte, Ballsdu cinéaste genevois Yann Toderi, risque de marquer plus d’un festivalier. Le cinéaste tire la trame de son film de son histoire personnelle, nous contant la vie d’un homme solitaire habitant à Londres et atteint du syndrome de Gilles de La Tourette. Animé d’une véritable force, il se mettra à chanter pour conjurer son mal-être et rencontrera une charmante musicienne qui lui proposera son aide. Avec ce scénario alléchant, le film se profile comme une comédie romantique et musicale des plus réussies. Yann Toderi constitue ainsi un talent local à suivre ces prochaines années. Au vu de cette première réalisation de qualité, il risque de se faire rapidement une place de choix parmi les réalisateurs.trices suisses romand.e.s de renom.

De par son goût pour l’innovation et les nouvelles technologies, le GIFF s’inscrit indéniablement dans son siècle et sait habillement s’adresser à toutes les générations et notamment aux jeunes, privilégiant une offre faisant la part belle à la création digitale et aux arts du numérique. En relation avec ce thème, le GIFF programme de nombreuses séances dédiées à la mini-série d’animation Paléofutur, co-production franco-suisse qui propose de revenir en dix épisodes de quatre minutes sur l’histoire du numérique et son implication sur nos modes de vie. Cette série web déconstruit avec malice et humour les mythes entourant les nouvelles technologies et nous invite à réfléchir sur notre façon parfois trop dramatique d’envisager l’avenir. Par les temps qui courent, cette comédie documentaire constitue une respiration bienvenue.

Des oeuvres immersives qui défient les frontières entre fiction et réalité

Le festival décide de ne pas seulement se restreindre au cinéma dans sa forme telle qu’on la connaît, mais de convier également des oeuvres qui tentent d’explorer de nouvelles manières d’inclure le spectateur. Créée en 1957 par le cinéaste Morton Heilig, la réalité virtuelle ne cesse de se perfectionner, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour le septième art. Le but est de plonger le spectateur dans un univers précis, de jouer avec ses sens pour réduire au maximum la frontière entre fiction et réalité.

Les artistes Robert Müller et Christophe Merkle vous transportent dans les montagnes suisses avec le film Nachtspiel réalisé à 360°. En tant que spectateur, vous assisterez l’espace de 10 minutes à une explosion de couleurs, de mouvements et d’expériences sonores et ce, en étant au sommet de terres enneigées. L’oeuvre crée ainsi un espace visuel et auditif qui garantie une expérience à la fois déconcertante et ravissante.

Se découvrir, se redécouvrir, c’est ce que Maria Guta, diplômée en direction artistique et photographie à l’ECAL, propose avec son oeuvre expérimentale Interlooped réalisée en collaboration avec la start-up Imverse. Grâce à la prise de vue volumétrique, “des segments de vous-mêmes sont incorporés dans plusieurs boucles de vidéo” permettant ainsi de vous retrouver au coeur du projet. Grâce à cette technologie, vous pourrez vous rencontrer et vous observer sous de multiples facettes en effectuant un bond dans le temps. L’artiste questionne ainsi l’identité dans son ensemble et la façon dont nous pouvons changer, évoluer, nous modifier au travers des réseaux sociaux et sur internet de manière générale.

Finalement, on vous recommande aussi vivement d’expérimenter le projet Be Arielle F. de Simon Senn qui se trouve dans la section Futur is yours, catégorie qui vise à se rappeler “que c’est aujourd’hui que se construit la société de demain”. Artiste qui se concentre sur le comportement humain et ses interactions, il décide cette fois-ci d’associer les technologies à l’être humain. Pour résumer, il a acheté pour la somme de 12$ le corps d’une femme numérisée sur internet. Proposition bouleversante, dans cette expérience immersive, le spectateur prend possession du corps de cette femme, l’observe et en oublie le sien. Simon Senn, artiste basé à Genève, souhaite avec son projet nous faire réfléchir face aux avancées technologiques qui se multiplient et demeurent encore peu encadrées par les lois.

Le GIFF ne se contente pas de nous promettre un festival riche en originalité et rencontres. Il choisit aussi délibérément de marquer son intérêt pour les nouveaux formats actuels en proposant des oeuvres variées qui questionnent le rôle du spectateur. La réalité virtuelle et les oeuvres immersives semblent bouleverser les codes du cinéma en tentant de mobiliser davantage nos sens pour se placer ainsi au service de notre imaginaire.

Pour consulter la programmation du GIFF, rendez-vous sur: https://2019.giff.ch

Tags sur cette publication
, , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.